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10.09.2024, 11:57 | |
1967.05.03
Pavitra a classé des vieilles lettres, et alors... Je t'ai dit, n'est-ce pas, que depuis le 24 il y avait une insistance constante, de chaque minute, pour donner le plein appui à l’Harmonie et ne pas permettre au désordre, à la désharmonie, à la confusion, de se manifester: au point de vue physique, au point de vue vital, au point de vue mental. Comme cela, comme quelqu'un qui pilonne quelque chose, depuis le 24 (je t'ai dit l’autre jour, la Force qui est venue: depuis c'est comme cela). Et alors hier ou avant-hier, Pavitra qui classait a retrouvé quelque chose que j'ai écrit en anglais à quelqu'un: «Yes, the good-will hidden in all things reveals itself everywhere to that one who carries goodwill in his consciousness. This is a constructive way of feeling leading straight to the future.» Voilà mon français que j'ai fait spontanément hier: «En vérité, la bonne volonté cachée en toutes choses se révèle à celui qui porte la bonne volonté dans sa conscience. C'est une manière constructive de sentir qui conduit tout droit à l’avenir.» J'ai trouvé cela très intéressant (ça a été écrit il y a des années, en tout cas plus d'un an, et Pavitra m'a dit qu'il ne l’avait même pas trouvé dans une lettre: c'était comme cela, au milieu des dossiers), et alors, c'est comme si l’on me disait: «Tu vois, tu disais comme cela avant, déjà.» Parce que la «bonne volonté», c'est l’Harmonie (psychologique, n'est-ce pas), c'est vouloir que tout aille bien psychologiquement. J'ai trouvé cela assez intéressant. Mais c'est bien que ce soit revenu: une forme tout à fait à la portée de tous, qu'ils peuvent comprendre – on ne vous demande pas des choses extraordinaires: on vous demande de la bonne volonté. Quand j'ai retrouvé cela, j'ai souri, je me suis amusée, j'ai dit: «Tiens, j'aurais pu écrire la même chose à propos de la bonne humeur! J'aurais pu dire: soyez de bonne humeur et vous verrez la bonne humeur partout.» – On peut dire beaucoup de choses (Mère tourne lentement sa main comme si elle présentait diverses facettes): cela me fait toujours l’effet d'un kaléidoscope des arrangements de couleur pour exprimer quelque chose d'autre qui... se rapetisse, se diminue, se généralise, devient enfin à la portée de tous, dès que c'est exprimé. Mais il y a quelque chose: comme un conflit FORMIDABLE qui se passe au-dessus de la terre, en ce moment, et avec cette Grâce divine merveilleuse qui aide toujours, qui veut toujours pour le mieux, et qui fait une pression: «Mais soyez de bonne humeur, mais soyez de bonne volonté, mais ayez, oui, ayez cette Harmonie intérieure du contentement, de l’espoir, de la foi. N'acceptez pas les vibrations qui... décomposent – qui diminuent, qui dégradent, qui vont vers la destruction.» C'est partout-partout comme cela (geste de pression sur la terre). Alors, naturellement, les «hommes sages» dont parle Sri Aurobindo demandent: «Qu'est-ce que ça veut dire, 4.5.6.7? Qu'est-ce qui va se passer le 4.5.67? Pourquoi...» Cela vient de tous les côtés dans l’atmosphère. Alors j'ai dit à quelqu'un hier, quelqu'un qui a une grande foi et qui a assez d'autorité sur un grand nombre de gens (on lui pose toutes ces questions imbéciles; il ne me l’avait pas dit mais mentalement il l’a dit, c'est-à-dire que je l’ai reçu mentalement), je le voyais l’après-midi et je lui ai dit: «Ah! on vous a posé ces questions, eh bien vous allez leur dire très gravement (!): 4 veut dire Manifestation 5 veut dire Pouvoir 6 veut dire Nouvelle Création 7 veut dire Réalisation. Maintenant, qu'ils fassent tout ce qu'ils veulent avec ça! Pour les tenir tranquilles. Et il m'a dit en effet ce matin (j'ai dit: «Ce n'est pas la peine de me le dire, je le sais!»), il m'a dit: «Oh! moi, j'aime mieux attendre et voir.» J'ai répondu: «C'est la vraie attitude, il vaut mieux attendre et voir.» En tout cas... je ne sais pas – je ne sais rien et je ne veux rien savoir, je ne sais pas. Il n'arriverait rien que cela ne m'étonnerait pas, mais... Parce que, pour moi, c'est déjà arrivé. Le 24, c'est venu: je te l’ai dit, j'ai eu toutes sortes d'expériences (tu me l’as dit aussi, toi!), je n'avais jamais eu celle-là. La personnalité matérielle, le corps: absolument dissous. Il n'existait que... la Conscience Suprême. Et ça, ma foi, c'est resté. C'est resté dans le sens que... Je ne peux plus manger, je ne peux presque plus me reposer, je vois vraiment des centaines de gens et des choses et des papiers et... Ce pauvre corps pourrait dire ouf! Mais pas du tout. Et si la tension des autres à un moment donné produit un petit déséquilibre, le corps spontanément dit comme cela: «Oh! mais Toi, Tu es là» – tout est fini. IMédiatement tout est fini. Alors ça, c'est quelque chose. Nous verrons. (silence) Avec ce 4.5.67, il y a des choses tout à fait amusantes. Les gens qui ont l’esprit «redresseur de torts» (il y en a comme cela), qui choisissent leur propre exemple, le tort qu'on leur a fait qui doit être redressé, et qui disent: «Ça, ce sera le symbole de la Mère.» Un autre qui voudrait que les appareils photographiques soient assez délicats pour photographier la «présence invisible» à l’œil humain. Ça arrive aussi, ce sont des choses qui arrivent dans l’atmosphère (de Mère). Un autre (plusieurs autres, paraît-il) qui pense que cela va être la nouvelle année indienne qui commencera avec ce jour-là. D'autres... chacun a une imagination comme cela qui vient dans l’atmosphère. C'est amusant. Et je pense toujours à ce passage de Savitri où il dit: «Le Dieu va croître...» Croître dans la Matière, n'est-ce pas (alors on voit la Divinité qui croît dans la Matière; la Matière qui est faite de plus en plus apte à manifester la Divinité), et alors il dit: «Et les hommes sages parlent et dorment.» Et c'est tout à fait cela. Et c'est charmant. (silence) Sri Aurobindo m'avait dit que l’un des premiers résultats serait que les gouvernements viendraient sous l’influence supramentale (non pas que ce serait nous qui gouvernerions! mais que les gouvernements seraient sous l’influence). Et ces jours-ci, j'ai vu trois ministres et cinq députés! Et j'ai reçu une offrande du Premier Ministre [Mme Gandhi]. Alors ça va! C'est tout à fait amusant... Il y en a qui viennent exprès de Delhi juste pour un jour, pour me voir et s'en aller. Alors on espère – on espère – qu'ils deviendront un petit peu plus sages (!) ........................................................................................................................................................ C'est même amusant comme ça vient. On me lit une lettre... par exemple, quelqu'un me lit une lettre (X, Y ou Z); «moi», n'est-ce pas, il n'y a pas de moi, absolument absente, en train de s'occuper des choses que je fais: ranger, faire ceci, faire cela. Tout d'un coup (geste d'en haut): «Dis ça.» Ah! bon... Et puis ça vient. Et alors c'est amusant: ce sont des mots qui jouent, cela me fait toujours l’effet d'un chat qui joue avec quelque chose, comme cela, avec son œil malin, qui envoie la balle et puis qui la rattrape, qui fait comme cela d'une patte, puis la rattrape de l’autre; alors c'est exactement le même mouvement avec les mots. C'est quelqu'un qui s'amuse. Ce «quelqu'un», tu sais qui c'est (!) Parfois, c'est avec un sens de l’humour si extraordinaire! avec une telle finesse: il attrape juste le côté un peu ridicule de celui qui a écrit ou questionné, et puis avec un sérieux imperturbable, il répond. C'est admirable!
(Mère range sa table où est accumulée une invraisemblable masse d'objets hétéroclites. Elle tire un stylo neuf d'un coin:) Alors, qu'est-ce que tu as à me dire, toi? (silence) Tu as besoin d'un stylo?... Je ne sais pas ce qu'il vaut, il est tout neuf. On m'en apporte; il y a des gens qui m'en apportent cinq, six; d'autres qui m'en apportent quatre, cinq... Je suis inondée de choses. Garde-le, ce sont des outils de renfort. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à le dire, parce que ici, il y a de tout – excepté des lions! (Invisibles, il y en a.) Oh! un jour, c'était si amusant! je ne sais plus ce qui s'était passé, j'attendais quelqu'un, lorsque tout d'un coup, je vois un lion qui vient d'ici, je vois un lion qui vient de là, et puis je vois un lion qui vient de là (geste aux quatre coins de la chambre), et j'avais les yeux... (comment dire?) ni fermés ni ouverts: je regardais dedans, je regardais le travail. Et alors je leur ai dit: «Mais enfin, qu'est-ce que vous voulez?» – Ils ont souri comme des enfants!... C'était vraiment amusant. Alors peut-être que je leur fais tort en disant qu'il y a de tout ici, sauf des lions! Est-ce qu'un jour je verrai quelque choe? Mon petit, il y a... (tu vas t'amuser), il y a la vision mentale: quand on est concentré, on voit des choses ici (geste autour de la tête), mais pas le même genre de vision que les yeux ouverts, mais on les voit. On voit des images, on voit des pensées, on voit... Il y a une vision vitale, alors il suffit de fermer les yeux, on voit toutes sortes de choses. Ce n'est pas toujours joli. C'est le genre de rêves que tu as. Tu as eu des rêves comme cela qui n'étaient pas très plaisants. Et alors, pendant (combien?) vingt ans, trente ans (j'ai commencé à voir toute petite – je ne savais pas ce que c'était), mais quand j'ai commencé à savoir ce que c'était, je me plaignais beaucoup de ne pas avoir des visions tout à fait objectives (Mère fait un geste devant ses yeux ouverts): pas celles que l’on voit ici autour de la tête; pas celles que l’on voit quand on est dans le vital; mais celles que l’on voit comme cela, les yeux ouverts. Et quand je rencontrais des petits médiums, des gens qui voyaient les yeux ouverts, je disais: «Ces gens-là sont épatants!» Quand j'ai rencontré Sri Aurobindo, je le lui ai dit. Il s'est fichu de moi naturellement – il avait raison. Et alors, je ne m'en suis plus occupée. Et puis, tout dernièrement, quand je commençais à faire le yoga dans les cellules, voilà qu'elles se sont mises à voir! Et alors!... quel caravansérail! Et puis ça allait et ça venait et ça voyait et ça voyait, tout le temps, tout le temps. J'ouvrais les yeux: au lieu de voir les choses matérielles, je voyais les choses physiques qui sont derrière. Oh! alors j'ai dit: «Je comprends!... C'était l’aspiration de l’Ignorance, maintenant je comprends: on est béni quand on ne voit pas!» Parce que je me disais toujours: «Mes visions ne sont pas concrètes, ce sont des visions subjectives puisque ce sont des visions internes; ce sont des visions subjectives, ce ne sont pas des visions concrètes – je veux voir des visions concrètes, je veux voir le monde matériel tel qu'il est; pas selon son apparence trompeuse: TEL QU'IL EST.» Quand j'ai commencé à voir, j'ai dit: «Non merci! nous sommes bénis de ne pas voir.» Mais ce n'est pas cela que je demande. Non, je sais bien. Je veux voir la Lumière. Oui, tu veux voir la Lumière. Mais tu la vois! Mais non! Ah! mon petit, je le sais parce que dès la première fois que tu m'as dit: «Je veux voir», je t'assure en toute honnêteté, j'ai dit: «Mais pourquoi ne voit-il pas? Il devrait voir.» Et alors, la première fois que j'ai rencontré Sri Aurobindo (c'est-à-dire imédiatement), je lui ai dit: «Satprem veut voir.» Il m'a répondu: «Il voit. Mais il ne le sait pas. Mais il voit.» Alors j'ai pensé qu'il y a peut-être... Tu sais, il y a quelquefois un tout petit gap (on a des couches de conscience qui s'interpénétrent comme cela, beaucoup), il suffit d'un «gap» [trou, lacune], d'un manque, d'un vide entre deux, pour ne pas savoir. C'est ce que Théon m'avait expliqué: «Vous avez tous vos états d'être l’un dans l’autre en quatrième dimension; il vous manque un tout petit échelon.» – Rien, n'est-ce pas, on ne s'en aperçoit pas dans sa conscience, mais dans sa construction il y a quelque chose qui n'est pas développé, et alors ce qui est de l’autre côté ne passe pas; c'est perdu entre ça et ça. C'est perdu. Alors je lui ai demandé: «Comment faire?» Il m'a dit: «Il faut le développer.» Et j'avais fait l’expérience (il me l’a dit, je l’ai fait). Et en effet, j'avais un «sous-degré nerveux» (lui, appelait cela le «nerveux» au lieu du «vital»), un sous-degré nerveux qui n'était pas développé, qui n'était pas suffisamment conscient. Et pendant un an, jour après jour, jour après jour, concentration pour développer cela: mettre la conscience, mettre la conscience... – Absolument aucun résultat. Pendant au moins – au moins – six mois sans arrêt, une concentration tous les jours; je prenais une heure pour cela – absolument sans résultat. Seulement, je ne doutais pas. Simplement je pensais: «Il faut que je sois très bête. Je ne sais pas le faire...» Je vivais à Paris; arrive l’Été; je pars en vacances, je vais au bord de la mer chez des amis, dans une propriété. Il y avait un petit bois, de grandes prairies, c'était joli. Et après le déjeuner, je vais me coucher sur l’herbe... et puis tout d'un coup, tout – de l’air, de la terre, de l’eau, de tout –, tout vient. Ce que je voulais avoir, tout-tout vient comme cela. Tout d'un coup. Comme cela, sans effort. Résultat de six mois de travail. Mais je ressens très souvent le manque de la Nature ici. Tu sens. Oui, beaucoup. Cela me manque beaucoup. Oui. J'ai l’impression... (parce que j'ai beaucoup regardé ton problème – j'ai l’air de m'en ficher, mais ce n'est pas vrai! –, j'ai beaucoup regardé ton problème!), j'ai l’impression que dans ton mental supérieur, il y a, développée – extrêmement développée –, la faculté d'expression, et alors dès que la Lumière touche, elle se traduit en idées, en mots, en conceptions, là, comme cela. Et elle n'a pas le temps d'être visualisée. Ce n'est pas extérieurement, c'est tout en haut que (comment dire?) c'est particulièrement et exceptionnellement actif et expressif (quelque chose qui est très rare, parce que là-haut, généralement, c'est nébuleux pour tout le monde). Et alors, parce que c'est développé comme cela (ce qui est une condition supérieure), la condition primaire qui est la vision, le choc de la Lumière, ça, tu l’as manqué. Et alors il n'y a qu'une solution. Il y a, pour moi, une solution: c'est le contact soudain avec une lumière supérieure dans le Supramental. Sri Aurobindo a dit qu'il y a plusieurs (c'est évident, c'est toujours comme cela), il y a plusieurs layers, dit-il (mettons «couches»; ce n'est pas comme des couches, mais enfin cela ne fait rien), couches de lumière supramentale. La première (celle qui s'est manifestée), celle-là, imédiatement tu l’as traduite en conceptions, en idées et en mots. C'est-à-dire quelque chose qu'un grand nombre d'intellectuels prient, supplient d'avoir – tu l’as eu, mettons spontanément. Alors le premier contact qui est le contact de l’éblouissement de la Lumière, tu ne l’as pas eu. Mais quand une lumière plus haute viendra, tu l’auras. J'attends ce moment-là. Je ne sais pas si ton mental est critique ou si... Je veux dire, pour m'exprimer clairement, si ton mental critique ou ta foi, lequel des deux est le plus fort – j'espère que c'est la foi. Et alors, à la foi (pas au mental critique, je ne lui parle pas), à la foi, je dis que depuis le 23, on travaille dur. Et j'ai beaucoup demandé que, demain, tu sois mis en contact avec cette lumière supérieure et que tu aies cet éblouissement de la vision de la Lumière. Si tu as la foi, tu l’auras. Si le mental critique est le plus fort, ce sera un petit peu retardé, peut-être. Voilà, maintenant je t'ai fait ma confession! C'est une lumière supramentale pas encore manifestée – le premier choc du contact, alors tu verras. Tu comprends, je ne veux pas dire quoi que ce soit qui encourage la vanité de l’ego, s'il y en a. Mais tu as un contact avec la Lumière qui est unusual [inhabituel]; c'est pour toi devenu une chose tout à fait naturelle. Mais en vérité, c'est exceptionnel. Et alors tu vois des gens qui n'ont pas du tout cette réalisation et qui, eux, jouissent du contact de la Lumière, parce que justement c'est pour eux quelque chose de merveilleux, de nouveau... Et alors, tu es deprived (c'est Sri Aurobindo qui me parle), deprived [privé] des plaisirs que, eux, ont. Mais tu devrais savoir que c'est parce qu'il t'a été donné une réalisation très supérieure. Seulement, avec l’aspiration, avec l’ouverture, avec le don de soi, tu peux toucher quelque chose de vraiment nouveau. Alors là, tu auras le choc du nouveau. Ça, c'est sa réponse. Seulement, pour cela, il faut que le mental se tienne tranquille. Pour toutes ces expériences des cellules, combien de fois toute cette soi-disant sagesse qui est dans la conscience matérielle, qui vient du frottement avec la vie, de la soi-disant expérience – sagesse qui vient de l’expérience –, combien de fois cela a commencé à s'exprimer, et Sri Aurobindo a dit, mais mercilessly [impitoyablement]: «Shut up, you are foolish!» [tais-toi, tu es un imbécile.] Cela a appris sa leçon. Ça a appris sa leçon, mais très récemment. On se croit sage, on se croit intelligent... Voilà. (Mère prend les mains du disciple) Je veux que ce soit pour toi, vraiment, demain, une nouvelle naissance – mais pas une nouvelle naissance à un être intérieur: une ouverture à quelque chose qui ne s'est pas encore manifesté dans le monde. That's what you are destined for.
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