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05.03.2023, 18:52 | |
1966.04.16
(Mère donne à lire au disciple une note qu'elle a intitulée «Les échelons de l’Amour».) «D'abord, on aime seulement quand on est aimé... «Ensuite on aime spontanément... C'est déjà une humanité un peu plus développée. On sent l’amour tout d'un coup; on rencontre quelqu'un ou quelque chose – ah! – et ça vient. Seulement... «Mais on veut être aimé en échange... On tient beaucoup à être aimé en échange! «Puis on aime, même si l’on n'est pas aimé... «Mais on tient encore à ce que son amour soit accepté... Oui, c'est une expérience que j'ai eue personnellement. Il y a un moment où l’on est tout à fait capable d'aimer sans réponse, on est au-dessus de la nécessité d'être aimé, mais on a encore... pas positivement un besoin mais, au moins, que ce soit senti et efficace. Après, ça fait sourire. «Finalement, on aime purement et simplement sans autre besoin ni autre joie que ceux d'aimer.» Ça, vraiment pour moi, selon mon expérience personnelle, c'est la toute-puissance. C'est une puissance qui peut réaliser n'importe quoi – n'importe quoi. Il n'est rien qui lui soit impossible. Seulement, j'ai bien observé aussi que si «ça» se manifestait sans discernement, pourrait-on dire, si c'était quelque chose qui venait s'imposer dans l’atmosphère de la terre sans contrôle et sans discernement, ce serait... Tout ce qui nie ce Pouvoir (nie volontairement ou involontairement) serait comme annulé. Alors les conséquences extérieures, apparentes, seraient... trop formidables. C'est ce que Sri Aurobindo avait écrit; il avait dit qu'il fallait que la Connaissance vienne d'abord. Il faut que la Vérité règne d'abord avant que l’Amour puisse se manifester massivement: a wholesale manifestation [une manifestation en grand]. Maintenant, c'est comme filtré. C'est encore filtré. Mais la qualité vibratoire de «ça» est quelque chose vraiment qui dépasse toute imagination. Les maladies, les difficultés, les... ça n'a pas de réalité. Constamment, le corps demandait (ce n'est ni un signe, ni une assurance, ni une preuve: c'est tout cela à la fois), il demandait une espèce de sensation (sensation, si l’on peut appeler cela «sentir») que ce soit «le Seigneur qui gouverne» (je le dis en mots enfantins parce que ce sont les plus vrais), que ce soit le Seigneur qui gouverne. Il demandait «ça» tout le temps, comme un enfant peut demander: «ça» dans tous les innombrables riens que l’on fait tout le temps, qui sont l’étoffe même de l’existence du corps. Cela devenait si intense... Tout ce qui est perçu comme séparé de «ça» devient inerte: de la cendre – inerte sans même la puissance de l’inertie: l’inertie de la poussière. Je veux dire que le roc a une puissance dans son existence, une puissance de cohésion, de durée – même pas cela: de la poussière. Et alors, il y avait constamment-constamment cette prière dans le corps. Et c'est cela qui m'a amenée à l’expérience. Quand «ça», c'est là, c'est comme si tout se gonflait d'une Puissance dorée, lumineuse, rayonnante: ça a un volume d'intensité!... Si ce n'est pas là, tout est poussière. Alors, naturellement, il y a constamment dans toutes les cellules, l’aspiration, la volonté intense qu'il n'y ait plus que Ça. Et tout ce qui dément Cela ou le contrecarre, l’affaiblit, l’atténue, devient douloureux. Oui, douloureux – pas douloureux d'une souffrance morale ou psychologique ou matérielle... c'est une chose curieuse, ce n'est pas une douleur physique: c'est une douleur plus matérielle que physique, c'est... une sorte de suffocation. Le corps a maintenant, vraiment, l’impression (c'est une impression, ce n'est pas une connaissance – ce n'est pas une pensée, ce n'est pas une connaissance: c'est une impression, mais une forte impression) que c'est cela qui tue, cela qui fait mourir, cette espèce de refus de la Vibration – même pas toujours un refus volontaire parce que cela n'a même pas la conscience de la volonté (ça arrive, mais alors c'est la bataille), mais c'est dans la Matière. On se demande s'il n'y a pas un résidu – un résidu de poussière – qui est inapte à toute réceptivité? Je ne sais pas. Je ne sais pas. Mais en tout cas, il y a un certain état, qui me paraît être l’état ordinaire dans lequel les êtres humains vivent, c'est suffocant.
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