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13.06.2019, 08:13 | |
1963.05.03 (1) 1963.05.03 (2)
X ne t'a pas parlé des événements généraux, la guerre? Il a dit ce qu'il dit toujours, qu'il y aurait la guerre. Que c'était sûr. Elle est toujours là, la guerre! Il y a des choses nouvelles sur ce plan? Tu sais, du jour au lendemain je vis. Seulement l’impression que «ça» marche très vite. Ce que je veux dire par «ça», c'est tout un ensemble de choses. Au fond, c'est très difficile à dire. C'est plus la perception d'un mouvement terrestre qu'autre chose. Alors les détails en eux-mêmes n'ont pas d'importance, mais ils sont symptomatiques du tout. C'est-à-dire que les difficultés, les obstacles, les batailles, les victoires, les progrès ne sont rien en eux-mêmes, que des indications d'un mouvement général: il y a des moments où la résistance et l’opposition sont formidables; il y a des moments avec des avances ou des progrès fantastiques, qui paraissent miraculeux; et vu le tout ensemble, on sent, on sent comme une poussée – une poussée globale – dans laquelle la petite concentration cellulaire est vraiment une chose qui paraît sans beaucoup d'importance en tant que concentration cellulaire; son importance diminue avec son manque de résistance, en ce sens que plus il laisse l’Œuvre s'accomplir sans enrayer le mouvement ou sans le déformer – sans l’enrayer, sans le compliquer –, dans cette mesure le sentiment de son importance diminue de plus en plus. C'est-à-dire qu'il ne paraît avoir d'importance que dans la mesure où il est gênant. Il y a évidemment un mouvement qui est double: d'un côté, quelque chose qui essaye d'attirer de moins en moins l’attention et la concentration des autres, c'est-à-dire de diminuer le sens d'intermédiaire nécessaire pour que les forces et les pensées se répandent (de plus en plus on essaye de défaire ça), et en même temps, il y a une croissance – qui à certains moments devient prodigieuse, vertigineuse – de pouvoir. De temps en temps (très peu, et je dois dire que je n'essaie pas d'augmenter cela du tout), mais de temps en temps vient une minute – même pas: quelques secondes – le sentiment d'un Pouvoir absolu; et puis tout de suite, c'est recouvert, voilé. l’effet à distance devient de plus en plus grand, mais ne correspond pas à une volonté consciente – je veux dire qu'il n'y a pas essai d'avoir plus de pouvoir, pas du tout. De temps en temps, c'est une constatation (une constatation qui, quelquefois, est tout à fait amusante): il y a des moments où le Pouvoir (mais c'est un effet de secondes), le Pouvoir est absolu, et puis ça recommence à être le méli-mélo habituel. l’effet sur les autres augmente considérablement, mais aussi, cela ne correspond pas à une tentative pour qu'il en soit ainsi, pas du tout: ces choses-là sont automatiques. Et pourtant, comme je l’ai dit, à certaines secondes s'élève quelque chose... quelque chose qui veut. Mais pas qui «veut» de la manière ordinaire: quelque chose... c'est entre sait, voir et veut; c'est un petit quelque chose qui tient des trois, qui est... c'est dur comme un diamant, c'est... (oh! comment dire? – je ne sais pas, il n'y a pas de mots pour ça), ça tient de la vibration émotive, mais ce n'est pas cela; ça n'a rien à voir avec tout ce qui est intellectuel, rien du tout; ce n'est pas une vision intellectuelle ou une connaissance supramentale, ce n'est pas cela, c'est quelque chose d'autre. C'est... c'est comme un diamant qui serait force vive – vive, vivante. Et ça, c'est tout-puissant. Mais c'est extrêmement fugitif, c'est tout de suite recouvert d'un tas de choses, comme justement les visions, la vision supramentale, la compréhension, le discernement – tout cela est devenu une masse constante, n'est-ce pas. Au point de vue de la sensibilité ou de la sensation (je ne sais pas comment appeler ça), quand le corps se repose et qu'il entre dans cet état statique de l’Existence pure... Avant, c'était (ou ça avait) l’impression d'une immobilité totale – pas une chose qui ne bouge pas: un «non-mouvement», je ne sais pas; pas l’opposition entre une chose qui ne bouge pas et une chose qui bouge, ce n'était pas ça – c'était l’absence de possibilité de mouvement. Et maintenant, il se trouve qu'il a l’impression non seulement d'un mouvement terrestre, mais d'un mouvement universel qui est d'une rapidité si formidable qu'elle est imperceptible, elle dépasse la perception. C'est comme si, par-delà l’Être et le Non-Être, il y avait un «quelque chose» qui est à la fois... n'est-ce pas, qui ne se meut pas DANS un espace, mais qui est à la fois par-delà l’immobilité et par-delà le mouvement, en ce sens que c'est d'une rapidité qui est absolument imperceptible pour tous-tous les sens (je ne parle pas même des sens physiques), tous les sens dans tous les mondes. Ça, c'est une chose nouvelle. Quand je m'étends, je passe de l’un à l’autre avec une rapidité extraordinaire. Et j'ai remarqué (c'est seulement une chose qui commence, alors je ne sais pas beaucoup), mais j'ai remarqué que dans cet état-là, le Mouvement dépasse la force ou le pouvoir qui concentre les cellules pour en faire une forme individuelle. Et c'est un état qui semble être tout-puissant, quoiqu'il n'y ait pas de volonté ou de vision conscientes (pour le moment). C'est un état... (comment dire?) dont les attributions dépassent la puissance qui concentre les cellules pour en faire un corps individuel. Et l’effet est automatique (pas voulu): dès qu'il y a quelque chose qui se traduit par une douleur physique, ça disparaît INSTANTANÉMENT. Mais alors là, c'est très intéressant, parce que dès que le corps revient dans un certain état – son état ordinaire, qui n'est pas l’état ordinaire humain, ce n'est pas cela, mais son état ordinaire habituel –, il rattrape le SOUVENIR de ce qui était, et avec ce souvenir la possibilité de le rétablir si un certain nombre de conditions ne sont pas automatiquement remplies. Je ne sais pas si je dis quelque chose qui ait un sens, mais l’expérience est comme cela... Ce doit être le passage de la chose vraie à la chose qui ne l’est plus – ce n'est pas le Mensonge tel qu'on l’entend ici sur la terre (c'est encore tout autre chose), mais c'est déjà un changement par rapport à la Vibration pure. Ça donne l’impression d'un mauvais pli, il ne reste plus qu'une question de mauvaise habitude. Ce n'est pas le principe déformé qui est là: c'est la mauvaise habitude de l’effet d'un AUTRE principe. Et là, il y a quelque chose à trouver pour arrêter – arrêter, supprimer, empêcher cet effet de se reproduire automatiquement. Et ça, c'est constamment. C'est une chose constante: passer de ceci à cela, ceci à cela, ceci à cela, et au point – c'est si fort – qu'il y a une seconde ou une minute, ou enfin un espace quelconque (je ne sais pas) où on n'est ni ça ni ça; alors on a l’impression qu'il n'y a plus rien. C'est presque instantané; si ça durait, probablement ça se traduirait par un évanouissement, ou je ne sais quoi, je ne peux pas dire quoi. Mais c'est constant: ça, ça (geste d'oscillation). Et entre ça et ça, il y a un passage. La vie apparente (ce que les gens voient, ce avec quoi ils sont en contact) est certainement une sorte de mélange des deux (mixture), comme quelque chose qui se passe derrière l’écran, et sur l’écran, ce qu'on voit est comme une combinaison des deux – ça ne se combine pas, mais ça donne un effet visuel bizarre (pour Mère). Je dis «visuel», pas seulement pour les yeux mais pour la conscience extérieure. C'est une drôle de vie, qui n'est ni ça ni ça, qui n'est pas le mélange des deux, qui n'est pas la juxtaposition, qui est comme si les deux fonctionnaient l’un à travers l’autre. Ce doit être intercellulaire: quelque chose qui fait comme ça (Mère passe les doigts de sa main droite entre les doigts de sa main gauche, dans un mouvement d'interpénétration continu), c'est-à-dire que le mélange doit être très microscopique, de surface. (Mère reste absorbée à «regarder» l’expérience) Mais au point de vue beaucoup plus extérieur, la nuit qui a suivi votre arrivée là-bas a été une nuit effroyable, en ce sens que la conscience était en rapport avec toutes les choses les plus négatives, destructives: comme tout un monde, oui, de démenti, de refus aussi, d'opposition, de bataille, de mauvaise volonté – l’apparence visuelle était crayeuse, tu sais, comme cette craie d'un blanc qui n'a pas d'âme, et tout était comme ça, même le noir était crayeux (!) C'était absolument quelque chose dont toute la vie d'âme était enlevée. C'était horrible. Je ne sais pas, il faudrait que je remonte à des années et des années et des années pour dire que j'ai vu une chose pareille. Et j'étais là-dedans, et c'était forcé sur moi; c'était comme si quelqu'un me tenait là et qu'il fallait que je voie. J'ai oublié: j'ai tout nettoyé tout de suite. Je ne sais plus ce que c'était, sauf ce que je viens de dire – je ne sais plus ce que c'était parce que je ne VOULAIS PAS que ça existe. Mais c'était horrible. Et le lendemain matin, il y avait une impression tellement douloureuse! Alors je me suis dit que ça n'allait pas là-bas, et quand j'ai reçu ta lettre, j'ai compris. Mais ce n'est pas limité à une personne ou une autre, à un endroit ou un autre endroit: c'est comme si cela évoquait une manière d'être universelle, et c'est ça qui m'ennuie. C'était comme si toute une manière d'être, que je repousse depuis... depuis presque, enfin plus de 70 ans, que je tiens à distance pour que cela n'existe plus d'une façon réelle, comme si tout ça était poussé sur moi. Comme quelque chose qui appartient à un passé qui n'a plus le droit d'être. Après, ça a été mieux; c'était la pire nuit. Alors, dans la méditation du matin, je ne comprenais plus... C'est peut-être le clinging to the past [ce qui s'accroche au passé], le symbole de ça? C'est possible. Mais enfin il y a beaucoup de gens comme cela dans le monde, qui s'accrochent au passé, beaucoup... (silence) J'ai eu le lendemain matin, pendant une heure, une expérience... Tout se passe toujours comme si c'était dans le corps (mais ce corps est devenu une espèce d'objet représentatif, symbolique), ça se passe toujours comme cela, depuis le sentiment qu'on va mourir, jusqu'au sentiment d'une immortalité parfaite; tout ça, c'est tout le temps dans le corps – c'est le champ de bataille, c'est le champ de victoire, c'est la Défaite, c'est le Triomphe, c'est tout. Alors j'ai noté l’expérience (Mère tend un feuillet au disciple): «Le Seigneur est la résignation paisible, «Il est l’acceptation joyeuse «Le mouvement perpétuel Ce n'est pas une réflexion intellectuelle: c'est la notation de l’expérience. N'est-ce pas, ce double mouvement constant, d'acceptation totale de tout ce qui est comme une condition absolue pour pouvoir participer à tout ce qui sera, et en même temps, l’effort perpétuel vers une perfection plus grande. Et c'était l’expérience de toutes les cellules. l’expérience a duré plus d'une heure: les deux conditions. Et ça, c'est ce qui a divisé beaucoup toute la pensée spirituelle de l’humanité ou la volonté spirituelle de l’humanité. Ça paraît ne pas avoir été compris. Les uns ont déclaré, comme le Bouddha et tous ceux-là, que ce monde est incorrigible, qu'il n'y a qu'une chose à faire, c'est d'en sortir, que ça ne peut pas être autrement que c'est – ça change, mais ça change pour être la même chose. Et cela détermine une certaine attitude d'acceptation parfaite. Alors, pour eux, c'est pour en sortir – n'est-ce pas, échapper: laisser tel que c'est, échapper. Et puis les autres, qui pressentent qu'il y a une perfection vers laquelle on tend indéfiniment et qui se réalise progressivement. Et je vois de plus en plus que ce sont deux mouvements qui se complètent, et non seulement qui se complètent mais qui sont comme indispensables l’un à l’autre. C'est-à-dire que le changement qui proviendrait d'un refus d'accepter le monde tel qu'il est n'a pas de force, n'a pas de pouvoir: il faut l’acceptation non seulement totale mais comprehensive, joyeuse – connaître la joie suprême dans ce qui est pour avoir (je ne parle pas de droit ni de pouvoir), mais pour qu'il soit possible que ça change. Ce qui reviendrait à dire qu'il faut devenir le Suprême pour pouvoir aider à Son action, au changement du monde; il faut la Vibration suprême pour avoir la possibilité de participer à ce Mouvement, que maintenant je commence à sentir dans les cellules du corps – ce Mouvement qui est une sorte de Vibration éternelle, qui n'a ni commencement ni fin. Qui n'a pas commencé (la terre a commencé, alors c'est facile; avec le commencement de la terre, on a le commencement de l’histoire de la terre), mais ce n'est pas ça: ça n'a pas de commencement, c'est... c'est quelque chose qui est de toute éternité, pour toute éternité; et il n'y a pas de division de temps, c'est seulement quand c'est projeté sur un écran que ça commence à prendre la division du temps. Mais on ne peut pas dire une «seconde», on ne peut pas dire un «instant»... C'est très difficile à expliquer... On n'a même pas le temps de le percevoir qu'il n'est déjà plus: ce quelque chose qui n'a pas de limites, qui n'a pas de commencement, qui n'a pas de fin, et qui est un Mouvement tellement total – total et constant, constant – que pour une perception, ça donne le sentiment d'une immobilité parfaite. C'est absolument indescriptible. Mais c'est ça qui est l’Origine et le Support de toute l’évolution terrestre. Quand on parle des choses terrestres, c'est très facile, très facile. Alors ces mots-là (Mère montre la notation de son expérience), ça vient longtemps après que l’expérience est finie. C'est-à-dire qu'il y a une sorte de silence, d'immobilité, et c'est comme quelque chose qui se décante lentement-lentement; et alors quand c'est décanté, le résidu, c'est ça (Mère montre sa note en riant). | |
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