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17.01.2020, 10:12 | |
1963.10.16
(Mère commence par lire deux vers de «Savitri» extraits du Colloque avec la Mort. Elle voudrait les mettre en exergue à la conversation du 7 septembre: le dialogue avec un matérialiste.) Écoute ça: Ô Mort, tu dis la Vérité, mais une Vérité qui tue, Je te réponds par la Vérité qui sauve. (x.iii.621) C'est beau! Alors le matérialiste... «Ô Mort, tu dis la Vérité»... Qu'est-ce qu'il a à dire? – C'est la Vérité! En anglais: O Death, thou speakest Truth but Truth that slays, I answer to thee with the Truth that saves.
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(après un silence) C'est vraiment la lutte maintenant avec toute cette formation terrestre... oui, avec l’ignorance et l’inconscience de la pensée primaire de la terre. C'est encore là, même chez les gens qui ont développé leur mental supérieur, qui sont capables de sortir de cette obscurité et de cette ignorance, c'est encore là – c'est encore là dans une sorte de subconscient mental ou subconscient vital. C'est si obscur! Tout à fait stupide, n'est-ce pas: ça peut avoir des centaines et des milliers de preuves, ça ne le touche pas – une sorte d'incapacité de comprendre. Et alors, constamment, ça vient à la surface, et constamment je suis obligée (geste d'offrande vers le Haut) de le «présenter»: «Ça, c'est encore là; ça, c'est encore là, ça...» Et je vois bien que la distinction entre ce qui se passe dans ce corps et son atmosphère, et ce qui se passe dans tous les autres corps... je ne sais pas si elle existe encore, mais elle est imperceptible. Et alors la conscience est consciente de tous ces mouvements comme de mouvements personnels à la personne physique. Mais la personne physique, ce n'est pas seulement ça (Mère touche son corps), ce n'est pas seulement ce corps – je ne suis pas encore sûre si la personne physique n'est pas toute la terre (pour certaines choses, c'est toute la terre), ou si la personne physique est l’ensemble de tous les corps des gens avec qui je suis en rapport... Dans les dernières heures de la nuit, c'est-à-dire entre deux et quatre, je vois des formes précises, mais ces formes précises sont elles-mêmes représentatives, en ce sens qu'il y a des TYPES et que ces types prennent l’image de quelqu'un avec qui j'ai un rapport ou j'ai eu un rapport personnel; mais ce sont pour moi des types: «Ah! c'est tel type» – et ce peut être des milliers de gens. Et l’action (c'est toujours pour une action), l’action sur le personnage-type a des répercussions sur tout ce qu'il représente. Et ça, c'est un labeur qui paraît... infini – sans fin en tout cas. Ça a des conséquences. N'est-ce pas, ce que je fais, c'est ceci: la chose vient, elle est prise, elle est présentée (geste vers le Haut) comme si elle était mienne: «Mais enfin, Tu vois comment je suis...» (mais c'est le «Je» – le grand Je), elle est présentée au Seigneur, très humblement, avec l’impression et le sentiment d'une impuissance totale – simplement, je demande: «Voilà, change-le.» l’impression qu'il n'y a que Lui qui puisse le faire, que tout ce qu'on a essayé, ça paraît partout des enfantillages – tout paraît être des enfantillages. La plus sublime intelligence me paraît un enfantillage. Tout ce que l’on essaye pour éclairer, organiser, instruire l’humanité, l’éveiller à une conscience plus haute, lui faire maîtriser la Nature et ses forces, tout ça – tout ça qui pour un regard humain quelquefois est tout à fait sublime –, ça paraît tout à fait des jeux d'enfants qui s'amusent dans une nursery. Et qui aiment les jeux dangereux, qui croient TERRIBLEMENT à ce qu'ils font (naturellement comme les enfants). Je n'ai jamais rencontré une justice plus grave et plus sévère que la justice des enfants dans leurs jeux, ils prennent vraiment la vie au sérieux. Eh bien, c'est ça, c'est ça l’effet que cela fait: c'est une humanité dans l’enfance qui prend furieusement au sérieux ce qu'elle fait. Et puis, qui n'en sortira jamais – n'en sortira jamais, il lui manque le petit quelque chose (qui n'est peut-être rien du tout, n'est-ce pas), un tout petit quelque chose qui fait que... ah! tout s'éclaire et s'organise – c'est toujours EN MARGE de la Vérité. Alors la seule chose que je puisse faire, c'est ça (geste de présentation): «Tiens Seigneur, Tu vois, nous ne savons rien, nous ne pouvons rien, nous sommes absolument imbéciles – à Toi de le changer.» Comment le changer? – On ne peut même pas l’imaginer, même pas. Et alors tout mon temps (même geste); pas de temps en temps: constamment, nuit et jour, sans arrêt, nuit et jour sans arrêt; si pendant l’espace d'une ou deux minutes ce n'est pas fait, imédiatement il y a quelque chose qui rattrape: «Oh! tout ce temps perdu!» Et si je regarde attentivement ce qui s'est passé, alors je vois: pendant ces quelques minutes, je vois que j'étais comme ça, béatifique dans le Seigneur; je me laissais vivre béatifiquement dans le Seigneur; alors je ne lui présentais pas les choses – ça arrive deux ou trois fois par jour. Un délassement, n'est-ce pas, on se laisse aller béatifiquement dans le Seigneur. Et c'est si naturel et si spontané que je ne le remarque même pas; je le remarque quand je reprends mon attitude... (geste vers le Haut) de tout reporter au Seigneur à chaque minute. (silence) Et toujours cette question d'âge... Chez tout le monde, tout le monde, sans même qu'ils s'en aperçoivent, il y a toujours à l’arrière-plan (à propos de n'importe quoi, à n'importe quelle occasion), toujours l’idée du vieil âge, de la dégringolade, la décrépitude. Et c'est mille fois par jour que ça vient! (Mère rit) Alors là aussi, je dis au Seigneur: «Écoute, est-ce que vraiment je suis en train de dégringoler?» Alors Il me montre une ou deux choses... dans un éblouissement de lumière. Ça m'arrive de temps en temps –- pas souvent – quand «l’avalanche» a été assez considérable; alors il y a un éblouissement de Lumière, de Pouvoir, quelquefois d'une Puissance si formidable qu'on a l’impression que si l’on s'en servait... qu'est-ce qui arriverait? Par exemple, simplement d'avoir été mise en contact avec une mauvaise volonté méchante (c'est rare), un besoin ou un désir de nuire; je fais ça (Mère pince la vibration entre ses doigts), je fais comme cela (mais ça correspond à quelque chose dedans: c'est une Puissance qui agit avec une Lumière blanche, absolument blanche, n'est-ce pas, qui ne tolère rien d'autre que le tout à fait blanc), et presque instantanément, dans la personne où le mouvement de mauvaise volonté s'est produit par une possession partielle du vital: une crise de nerfs ou (comment appelle-t-on cela?) a vital collapse, ou un nervous collapse [un écroulement nerveux], très tangible. Alors naturellement, on refrène tout mouvement, et on regarde tout à fait tranquille avec l’éternel Sourire. Mais c'est comme pour me montrer: voilà – voilà la potentialité (!) Seulement il n'y a pas l’Ordre de s'en servir, excepté de temps en temps «comme ça». (silence) Tiens, la nuit d'avant, dans la nuit, quelqu'un est venu me trouver (quelqu'un qui était bleu foncé, c'est-à-dire une formation mentale) avec un plan d'action, et qui me disait: «Tout est arrangé: à tel moment et tel jour (c'était pour l’année prochaine), vous avez à faire ce travail, il faut descendre, et voilà comment on arrangera tout pour votre descente – ceci, cela, cela...» Moi, je jouais le jeu très bien, je disais: «Ah! non, ça ne va pas, il faut arranger comme cela et comme cela...» Puis, quand tout a été bien fini, tout d'un coup quelque chose m'a fait rentrer (geste de retour à l’intérieur) et j'ai regardé, j'ai vu la personne, j'ai vu le plan, j'ai vu tout (j'étais en train d'agir) et j'ai dit: «Oui, tout ça est très bien, mais voilà... le malheur est que je ne descends pas!» Et d'un seul coup, brrt! parti.
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De plus en plus, les choses sont TELLES QU’ELLES SONT: exactes, sans complications. J'ai remarqué qu'avec les hommes, même les plus sincères, les plus droits, il y a toujours une espèce de revêtement, coating, un revêtement émotif (même les plus froids, les plus secs), quelque chose qui appartient au vital; un revêtement émotif qui rend flou, incertain, et permet un jeu qui leur donne l’impression de toutes sortes de «forces mystérieuses» qui jouent – les choses sont très claires, très simples, très, oh! très simples, et ça, ça vient donner une sorte de confusion. Ce n'est pas sentimental, ce ne sont pas des émotions non plus, c'est quelque chose... quelque chose qui AIMEl’incertitude, l’inconnu, l’inattendu – pas positivement le hasard (ce n'est pas si fort), mais qui aime vivre dans ça, dans... au fond c'est l’Ignorance! ne pas savoir ce qui va arriver. Même les choses les plus simples, même les choses les plus évidentes, c'est tout revêtu de ça. Tiens, par exemple, combien de gens, même les plus sérieux, aiment qu'on leur dise l’avenir: on lit dans la main, on lit dans l’écriture (je suis accablée de gens qui me demandent des choses comme cela), mais enfin même en dehors de toute idée spirituelle, cette espèce d'intérêt qu'ils ont à ce qu'on leur dise: «Voilà, votre ligne de vie va durer jusque là...» Les gens aiment ça! ils aiment, ils aiment rester dans leur incertitude. Ils aiment leur ignorance. Ils aiment cet inconnu – cet inconnu «plein de mystères». Ils aiment le prophète qui vient leur dire: «Tu feras ça... Il t'arrivera ça...» Ça paraît si enfantin! C'est le même goût que le goût du théâtre, c'est la même chose (pas l’auteur qui a écrit la pièce, mais le spectateur qui la voit sans savoir comment elle va finir), ou le même goût que pour lire des romans – le goût de «l’inconnu». Et alors c'est tout près du goût du merveilleux. Beaucoup de chemin à faire encore pour entrer dans la Connaissance – dans la conscience où l’on sait tranquillement, et où tout est si simple, si naturel, si évident. Et c'est ce revêtement qui donne les complications: ça se complique tout d'un coup dans l’atmosphère humaine. Je crois que les animaux (pas les animaux qui vivent avec les hommes), les animaux (il n'y en a plus beaucoup maintenant, ils sont tous infectés par l’homme!) les animaux naturels – les animaux dans leur état naturel ont une vie très simple. Tout est très évident, très simple, très naturel – c'est nous qui mettons les complications.
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