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01.03.2019, 09:48 | |
1963.01.12
C'est une orgie de travail, oh!... l’autre jour, tu as dit dans ton manuscrit que Sri Aurobindo travaillait quatorze heures par jour, et ils veulent que je fasse la même chose – pour le moment, je résiste. Oh! oui, tu as bien raison! C'est très mauvais. Il a perdu la vue, tu sais, comme cela; ses yeux étaient trop fatigués. Et je sais que c'est à cause de ça, parce que je l’ai entendu; un jour, on lui a apporté un paquet de livres à signer et de choses et il ne savait pas qu'on l’entendait, alors il s'est écrié: Oh! they want to make me blind! [oh! ils veulent me rendre aveugle.] Alors j'ai su que ses yeux étaient fatigués. Et en effet, il perdait la vue. À la fin, il ne voyait plus rien, il fallait qu'il regarde tout près. Alors je résiste. Oui!
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On verra lundi. C'est assez curieux, il y a des moments où c'est comme un torrent (c'est plus qu'un flot): les formes, les images, les expressions, les révélations, ça vient, ça coule, ça coule, ça coule – si je me mettais à écrire, j'écrirais sans arrêt. Il y a d'autres moments où c'est... une immobilité totale. Et si j'essaye de déranger «ça», alors on retombe dans la stupidité habituelle. On verra. C'est pour cela que je t'ai demandé de me lire: c'est parti là-haut. * (Plus tard, à propos de la précédente conversation où Mère disait que le corps ne vit que par son habitude de vivre:) J'ai eu une expérience (pas personnelle) très intéressante. Tu connaissais Benjamin?... Son être psychique l’avait quitté depuis assez longtemps, ce qui fait que, pour la conscience extérieure, il était un peu détraqué – il n'était pas détraqué: il était diminué. Et il vivait, justement, par habitude. Il y avait un minimum de vital et de mental enfermé dans la conscience physique et il vivait par habitude. Mais ce qui était remarquable, c'est que de temps en temps, il vivait admirablement, pendant quelques secondes, avec une pleine lumière, et à d'autres moments il était incapable même de contrôler ses mouvements. Puis il est parti tout à fait: toute l’énergie accumulée s'est dispersée petit à petit, petit à petit, et le reste a quitté son corps. C'était juste le jour de sa fête, le 30 décembre (la nuit du 30 au 31 décembre). Il est parti. Alors on a fait comme on fait toujours: on a nettoyé sa chambre, enlevé les meubles. Depuis ce moment-là, il n'y avait aucune manifestation de lui. Hier soir après le dîner (et c'était à peu près l’heure à laquelle il était parti, il y a douze jours), j'étais en train de me concentrer, de me reposer, lorsque tout d'un coup, voilà un très actif Benjamin qui arrive et qui me dit: «Mère! on a enlevé tous mes meubles de ma chambre! comment est-ce que je vais faire!?» Je lui ai dit gentiment: «Ne te tourmente pas, tu n'as plus besoin de rien.» Et puis je l’ai mis en repos et je l’ai envoyé rejoindre le reste de son être. Ce qui fait qu'il a fallu douze jours pour que tous ses éléments se reforment. N'est-ce pas, on a brûlé son corps (il était chrétien, mais la famille – sa femme vit encore et son frère – a jugé que c'était moins coûteux de nous laisser faire que de l’enterrer chrétiennement! alors ils l’ont laissé brûler), nous l’avons brûlé, mais j'avais exigé un certain temps de délai (bien que, pour lui, c'était vraiment un épuisement graduel, il ne restait pas grand-chose dans son corps); tout de même, la conscience de la forme est projetée violemment hors de ses cellules – ça a pris douze jours pour se reformer. Ce n'était pas son âme (elle était déjà partie): c'était l’esprit de son corps qui est venu me trouver, la conscience corporelle réunie en un Benjamin bien habillé, bien propre, bien coiffé; il était très soigné quand il est venu me trouver, comme il l’aurait fait dans sa vie: il voulait toujours être très bien, impeccable pour me voir, c'était comme cela. Ça a mis douze jours à se réunir parce que je ne m'en suis pas occupée (je peux le faire en quelques heures mais à condition que je m'en occupe), mais lui, son âme était au repos depuis longtemps, ça n'avait pas beaucoup d'importance. Alors en douze jours, ça s'est reformé, et quand il a été prêt (riant), il est venu pour réoccuper sa chambre!... Et puis il n'y avait plus de meubles, il n'y avait plus rien! J'ai trouvé ça très amusant. Et il avait vécu pendant plus d'une année, presque deux ans je crois, simplement par l’habitude de vivre. Nous avons ici aussi la sœur de ce vieux docteur corpulent, une sœur qui a (je crois) cinq ou six ans de plus que moi – elle est en train d'attraper les quatre-vingt-dix ans. Elle est en train de s'éteindre aussi, depuis plusieurs mois. Les docteurs (qui n'y entendent rien du tout) avaient annoncé sa mort pour dans quelques jours; je leur ai dit: «Vous allez voir, c'est une femme qui sait entrer dans le repos, qui a une conscience très paisible – ça va durer longtemps, ça peut durer des années.» Elle est couchée, elle ne peut plus beaucoup bouger, mais... elle vit. Elle vit aussi par habitude. Au fond, le corps doit pouvoir durer beaucoup plus longtemps que les êtres humains ne le croient. Ils bousculent tout ça: dès que quelqu'un n'est plus bien portant, ils le droguent ou on le bouscule, on lui enlève cette espèce de calme sérénité végétative qui fait que ça peut durer très longtemps. Comme les arbres mettent très longtemps à mourir. C'est intéressant. * Plus tard ...Évidemment, la difficulté, c'est ce mélange: avoir la responsabilité de tout ça, toute cette organisation tous ces gens qui sont accrochés (et naturellement qui donnent du travail même si on supprime tout ce qui est possible), et puis l’étude, ou la notation de ce qui se passe. Si je n'avais rien à faire et que je puisse noter mes nuits, il y aurait des choses si intéressantes! Par exemple, il y a deux-trois nuits (je ne me souviens plus), j'étais avec Sri Aurobindo, on faisait un certain travail (c'était dans une zone mentale mélangée à certaines réactions vitales), enfin un travail général. J'étais avec Sri Aurobindo et nous faisions le travail ensemble, puis il voulait m'expliquer comment certain mouvement se transforme en un mouvement déformé, et il était en train de m'expliquer cela (mais rien n'est mental, rien n'est intellectuel, ce n'est pas comme des théories), et alors, sans même (comment dire?) sans même que ce soit prévenu par une pensée ou une explication, un mouvement vrai est changé en un mouvement... pas faux mais déformé. Je m'adressais à Sri Aurobindo, il me répondait, puis je tourne la tête comme ça (pas physiquement: tout cela est une vie intérieure, n'est-ce pas), c'était comme si je me tournais pour voir l’effet (vibratoire), je me retourne et j'adresse à Sri Aurobindo le mouvement nécessaire pour continuer l’expérience; je reçois une réponse qui m'étonne à cause de la qualité de la vibration (c'était une réponse d'ignorance et de faiblesse), alors je tourne mon attention parce que ça ne pouvait pas venir de Sri Aurobindo, et en effet, à la place de Sri Aurobindo, j'ai vu le docteur. Et alors j'ai compris! Extérieurement, on dirait: «Ah! Sri Aurobindo et le docteur, c'est le même!» (Les gens qui verraient une chose comme cela auraient l’idée que c'est le même – évidemment tout-tout est le même! tout est un; c'est cette unité complète que les gens ne comprennent pas.) Naturellement, cela ne m'a pas étonnée la millième partie d'une seconde, il n'y a pas eu d'étonnement, mais... oh! j'ai compris: comme ça (Mère tourne sa main légèrement à gauche), c'est Sri Aurobindo, et comme ça (légèrement à droite), c'est le docteur. Comme ça, c'est le Seigneur, et comme ça, c'est un homme!! C'est très intéressant. Sur le moment, il y avait tous les petits détails de notation qui rendent l’expérience très concrète. Si j'écrivais tout ça, ce serait intéressant. Mais il y en a! Je passerais ma journée à écrire mes nuits! comment est-ce possible? Ça, c'est UN genre – il y a des quantités de genres. Aussi, pour le corps, il y a des quantités d'observations: par exemple, une vibration comme ça (geste), c'est la béatitude éternelle; un TOUT PETIT déplacement (ce qui semble un déplacement – est-ce un déplacement? est-ce... quoi? une déformation? est-ce une addition? est-ce... ce sont toutes sortes de choses différentes), et ça se change en une angoisse, un malaise épouvantable – EXACTEMENT LA MÊME CHOSE. Et ainsi de suite. Des tombereaux de choses que l’on pourrait écrire!7 Et si tout cela était noté clairement, distinctement, dans tout le détail, ce serait intéressant, mais alors voilà (Mère montre une pile de papiers autour d'Elle), partout du travail! Des lettres, des lettres! tous les jours trois, quatre, cinq, dix, vingt comme cela, sans compter toutes les décisions que j'ai à prendre instantanément et que j'écris imédiatement. Ce matin, j'ai écrit quatre mots «urgents», comme ça, quand Nolini était là, et tu as vu Pavitra. Et on ne peut pas dire que ce n'est pas important – c'est important en ce sens que tous ces gens dépendent de moi; je ne peux pas faire que du jour au lendemain ils soient capables de recevoir pleinement et clairement tout ce que je fais, sans expression extérieure. Je ne peux pas leur demander de se transformer miraculeusement, il faut que je les aide! Je rends mon approche difficile, je me tiens beaucoup en retrait. Le plus que je peux, je leur apprends à recevoir directement, mais il y a un minimum. Et alors c'est 1300, 1400 personnes, sans compter toutes les correspondances et tous les gens – c'est une moyenne de deux à trois mille personnes qui sont en rapport conscient (avec Mère). Et ça vient, ça vient. Beaucoup viennent même sans le savoir! Et j'y vais – j'y vais. La plupart du temps consciemment, mais très souvent aussi pas consciemment. Tiens, un exemple: quelqu'un est malade, quelqu'un qui m'aime vraiment, c'est Z, la femme de A; elle était malade, A m'a prévenue; alors je force la dose (tout le monde est dedans, je suis avec tout le monde, c'est entendu, mais quand quelque chose va mal, je force la dose), j'ai forcé la dose. Je m'attendais à ce qu'elle soit mieux, puis ce n'est pas arrivé. J'ai encore forcé la dose. Le lendemain, je reçois une lettre de A me disant que la nuit dernière, Z a eu une expérience intéressante. Elle a de l’asthme (les gens qui ont de l’asthme ont l’impression qu'ils sont en train de mourir, c'est très pénible et elle est très sensitive, très nerveuse – ça n'allait pas, et puis on la drogue, et puis...) et alors, dans une attaque d'asthme aiguë, elle s'était assise sur son lit les jambes pendantes, puis elle a commencé à sentir que ses pieds étaient froids et elle voulait ramasser ses pantouffles pour les mettre à ses pieds; elle s'est penchée, et au lieu de ses pantouffles, elle a senti quelque chose de doux, vivant. Alors, très étonnée, elle regarde: elle voit mes pieds. Mes pieds étaient là avec les sandales que je mettais pour sortir – mes pieds nus. Alors elle a touché mes pieds et elle a dit: «Ooh! Mère est là!» IMédiatement elle s'est remise sur son lit, endormie... et réveillée guérie. Et ce n'est pas elle qui a fabriqué ça: mes pieds ÉTAIENT LÀ. «Mes pieds», c'est-à-dire quelque chose de moi qui a pris cette forme justement pour lui être sensible. Tout ça, ça fait du travail. Et ce n'est pas seulement ici: c'est ici, c'est là, c'est partout, c'est dans le monde entier. Et ce n'est pas dans la tête que ça s'enregistre (ce serait impossible! on deviendrait fou), mais c'est dans la conscience (Mère fait un geste autour de sa tête) et il suffit que je .m'arrête, que je fasse attention: «Qu'est-ce que c'est?» (Mère attrape la vibration qui lui arrive)... Mais tu comprends, pour enregistrer ça par la parole ou par le mot, comment? Il faudrait pouvoir écrire cinquante lignes en même temps! Ce n'est pas possible. Mais c'est conscient. Et tout-tout-tout ce qui se passe là-haut avec la guerre, tous ces Chinois à qui l’on fait faire des choses qu'ils ne veulent pas faire... Et tout ça, tout ça, tout le temps, tout le temps, tout le temps, partout-partout-partout. Il ne vient à la conscience active que ce qui est indispensable pour une réponse active, mais c'est déjà trop. C'est-à-dire que vingt-quatre heures ne suffisent pas. Et je me rends compte... N'est-ce pas, j'ai besoin d'aides physiques pour alléger le corps de tout effort qui n'est pas absolument indispensable. Mais je ne peux pas leur donner (aux assistants) une existence qui en apparence serait tout à fait chaotique: il faut nécessairement qu'il y ait un horaire. Et s'il y a un horaire, ce sont de terribles limitations. On est obligé; on est obligé parce que, pour le moment, il ne suffit pas que la volonté s'exprime pour que la matière réponde. Quand ce sera comme ça, le temps ne comptera plus, mais – MAIS. Il ne faut pas s'impatienter.
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