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26.09.2018, 09:37 | |
1962.08.08
(Le disciple lit à Mère un passage de son manuscrit:) C'est très bien. C'est tout à fait très bien. Oh! c'est terne, c'est mou... Qu'est-ce qui te donne cette impression? Tu n'as pas un de ces criticizer en toi? Sri Aurobindo dit qu'on promène toujours avec soi quelqu'un qui critique tout ce que l’on fait. Il classe ce monsieur justement parmi les forces adverses, avec une forme individuelle. Oui, tu dis toujours que ça ne va pas, que c'est mauvais... Parce que, pour moi, les choses devraient être dites avec une autre force. Ça m'a l’air de phrases qu'on pourrait mettre d'une façon ou d'une autre, tu comprends, ce n'est pas inévitable du tout... Je pourrais dire cela, mais je pourrais aussi le dire autrement. Mon petit, je te l’ai dit vingt fois, je te le répète, si c'était «inévitable», personne ne pourrait comprendre! Je ne sais pas; pour moi ce n'est pas du tout une façon de s'exprimer. Oui-oui, je sais très bien, il y a la Révélation, mais le monde n'est pas prêt pour la Révélation – ça viendra plus tard, dans dix ans. Dix ans? Oui, dix ans. (long silence) Je fais des découvertes intéressantes. Ce ne sont pas des découvertes mais maintenant toutes ces choses ne sont pas théoriques, ne sont pas du tout mentales (le mental, il est confortablement tranquille): elles sont essentiellement pratiques. Et ça prend des formes curieuses... l’autre jour, comme je me promenais, tout d'un coup est venue une vieille formation, quelque chose qui avait déjà essayé de se matérialiser (c'était du temps de Sri Aurobindo, et Sri Aurobindo l’avait empêchée de se matérialiser), c'était l’une des innombrables possibilités qui essayait de se manifester dans l’existence de ce corps – je ne dirai pas ce que c'est. C'était l’une des choses les plus tristes au point de vue manifestation physique, associée à une vie spirituelle. C'était venu et ça essayait de descendre. Je n'en avais rien dit, absolument rien, mais Sri Aurobindo l’a su (quoiqu'il ne m'en ait jamais rien dit, mais il l’avait vu), et il a simplement... (Mère balaye d'un geste) fait ce qu'il fallait, brushed aside, mis de côté. Je n'y avais plus pensé depuis plus de dix ans, n'est-ce pas: avec son geste, ça avait disparu. C'est revenu. Je me suis demandé: «Tiens, pourquoi est-ce que ça revient?» Et alors j'ai vu que ce corps, instinctivement, de la façon dont il a été bâti, construit, ATTIRE les épreuves, ordeals, les expériences douloureuses. Et toujours, en présence de ces formations, il est comme ça, passif, consentant, acceptant, avec une confiance si totale en ce qui est au bout, une si grande certitude que même au moment de la plus grande difficulté il sera aidé et sauvé, et que, derrière tout ça, il y a cette volonté d'aller vite, de gagner du temps, d'épuiser toutes les possibilités, je ne peux pas dire mauvaises mais qui empêchent – qui embarrassent, qui arrêtent, qui semblent nier le but –, afin que ce soient encore des choses poussées dans le passé et qui n'empêchent pas l’avance. J'ai vu ça, alors c'est parti. C'était venu seulement pour me montrer ça. Et le corps, de nouveau, a dit son éternel assentiment – n'est-ce pas, quoi qu'on lui mette sur le dos, il sera toujours prêt à le recevoir et à le supporter. Je ne pensais pas du tout que ça aurait des conséquences, mais il y a eu une conséquence! – il y avait quelque chose qui, probablement, avait besoin d'être épuisé. Alors hier a été au point de vue physique une assez mauvaise journée – oh! tout à fait extérieurement, mais enfin très clairement consciente, profondément heureuse, joyeuse (le corps, n'est-ce pas), au point que toute souffrance devient négligeable – ça n'occupe pas – et que ça a été l’occasion vraiment d'un progrès pour l’entourage. Ça aide. Vu à un point de vue superficiel, on pourrait appeler ça [cette particularité du corps, qui attire les épreuves] une sorte de karma, mais ce n'est pas ça. C'est vraiment comme un des pivots – pas un pivot central, mais un des pivots de l’action invisible du corps, de sa conscience. Et ça se traduit par un appel aux circonstances. Et alors tout-tout un ensemble de choses, du corps physique, est devenu très clair, très précis – c'est pour ça qu'il a été bâti: afin de brûler les étapes. Je ne crois pas du tout, au point de vue intellectuel, à l’idée de prendre sur soi les malheurs des autres – tout ça, c'est des enfantillages. Mais il y a certaines vibrations dans le monde, qui doivent être acceptées, épuisées, transformées. Au point de vue intérieur, c'est un travail qui a été fait toute la vie, d'une façon consciente, glorieuse; mais maintenant, c'est au point de vue purement physique, indépendamment de toutes les réalités des autres mondes – corporel, n'est-ce pas. Et ça a donné une clef, une des clefs nécessaires au Travail. Peut-être, une autre fois, il y aura autre chose. Comme une porte qui s'est ouverte, ça a été très révélateur. Et toujours la même chose: cette Sollicitude qui dose – toujours ça, c'est toujours là. Et j'ai remarqué maintenant (n'est-ce pas, il y avait un temps où le corps était comme un petit enfant: il se plaint quand les choses ne vont pas comme il faut – il ne se révolte pas mais il gémit), et cette fois-ci, toute sa réaction était: «Pourquoi je ne suis pas transformé? Pourquoi je ne suis pas transformé? Je veux être transformé, je veux être transformé, je veux...» Pas avec des mots parce qu'il n'y avait rien de mental dans l’affaire, mais seulement comme ça, une sorte de tension – la tension qu'on a quand la porte de l’être psychique est fermée et qu'on pousse-pousse-pousse pour passer de l’autre côté. La même chose, la même tension: pousser-pousser-pousser... vers quoi? Sais pas. On l’appelle «la transformation» parce qu'on ne sait pas ce que c'est – si on savait ce que c'était, ce serait qu'on a déjà commencé à réaliser... Il y a une vague impression de ce qui pourrait être un état (mais c'est très-très, très vague). Et il y a cette impression de tension, de poussée – implorer et demander. Cette fois-ci, c'était la seule réaction; il n'y avait pas autre chose, il n'y avait plus du tout cette espèce de chagrin (dans le temps – il y a quelque chose comme cinquante ans –, c'était: «Mais enfin pourquoi est-ce que je le mérite?» et toutes ces imbécillités-là; ça, il y a plus de cinquante ans que c'est parti), mais longtemps après, il y avait un chagrin (quelque chose qui est en désordre, qui n'est pas harmonieux, qui est vilain), ça aussi, c'est parti. Mais c'est récent, c'est depuis la dernière expérience du 13 avril – ce n'est plus là. Maintenant: transformation-transformation-transformation; il n'y a plus que cette idée-là, plus que cette volonté-là. (silence) Tous ces jours-ci, avant cet incident, quelque chose d'autre était venu, une sorte de vision imaginatrice et créatrice des possibilités physiques les plus matérielles, futures. C'est un grand pouvoir de formation que j'avais toujours eu depuis ma petite enfance, mais que j'avais canalisé et arrêté parce que je considérais que c'était inutile. Mais c'est revenu ces temps derniers, alors avec la marque sûre d'où ça venait – de tout en haut: «C'est comme ça, ce sera comme ça.» Mais c'est encore pour plus tard. Pour la raison extérieure, ce sont des choses qui paraissent tout à fait irréalisables, mais qui seront réalisables... peut-être dans quelques centaines d'années, je ne sais pas – ça prépare l’avenir. Avec une formidable puissance, justement de création, de réalisation. Et toujours dans le physique (tout le reste est très tranquille), toujours dans le physique. Mais ça a créé une sorte de mouvement de la conscience physique très rapide (pour la partie la plus matérielle, la substance la plus matérielle) et ça a fait une dislocation; et alors avant-hier, il y a eu cette ancienne formation, qui est tout d'un coup revenue et qui m'a fait comprendre une partie de la nature, une partie de la CONSTRUCTION du corps physique, et l’utilité de cette construction. Alors maintenant, ça va; c'est encore quelque chose qui s'ajoute. Mais quand tu reçois ces vibrations mauvaises qui dérangent ton corps, est-ce qu'elles sont épuisées du fait que tu les acceptes? Ce n'est pas que je «reçois» des vibrations mauvaises, c'est la substance physique tout entière qui n'est pas... (comment dire?) dans le mouvement, ou dans le rythme où elle doit être. Par exemple, entre la vision de cette vieille formation dont je t'ai parlé, et puis ce... (je ne peux pas appeler ça un mal de dents, mais enfin quelque chose est allé de travers), il n'y a pour ainsi dire pas de connexion visible; ce n'est pas une certaine vibration qui a produit ça, c'est plutôt... comme si une chose ou une autre était l’occasion d'absorber une certaine quantité, ou un certain genre (c'est plus une quantité qu'un genre – c'est probablement les deux), un MODE vibratoire, pour le mettre en rapport avec LE mode vibratoire, divin. Mais je comprends ta question. Tu veux dire si ça agit sur tous les modes vibratoires identiques dans le monde?... En principe, oui. Mais on ne peut pas dire que les effets seraient imédiatement visibles; d'abord on n'a pas de champ d'observation – n'est-ce pas, matériellement, qu'est-ce que nous savons? seulement ce qui nous entoure imédiatement: ce n'est rien. Mais par exemple, j'ai eu, en 1920 je crois (oui, c'était en 1920), une expérience comme cela, qui s'est traduite par une action symbolique mais terrestre. C'était une vision (je ne me souviens plus des détails d'une façon assez précise pour que ce soit intéressant) où toutes les nations étaient représentées par une entité symbolique, et il y avait un certain genre d'horreur – d'épouvante plutôt. Dans cette assemblée de toutes les nations, il y avait une volonté d'épouvante qui voulait se manifester. Et j'assistais à ça. Je me souviens que c'était une chose très consciente, suffisamment longue et détaillée, avec une réalité plus intense que les choses physiques (c'était dans le physique subtil). Et après, quand ça a été fini, que j'ai eu fait ce qu'il fallait (je ne le raconte pas parce que je ne me souviens plus de tous les détails, et sans exactitude ça perd sa valeur), mais quand je suis sortie de là, j'ai pu dire avec une conviction TOTALE: «l’épouvante a été surmontée dans le monde» – ce n'est pas exact, n'est-ce pas, il y a encore des tas de gens qui ont de l’épouvante, mais un certain genre d'épouvante était comme SAPÉ à sa base. Ce qui était déjà manifesté continuait et s'épuise petit à petit, mais cette épouvante, qui voulait être croissante et dominer la vie des nations, a été arrêtée net. J'ai eu d'autres expériences analogues, par exemple quand Sri Aurobindo était là, le jour de Dourga (tu sais que c'est le jour où elle maîtrise un asoura: elle ne le tue pas, elle le maîtrise), eh bien, chaque fois, chaque année, il y avait un genre de choses qui était sapé (et mes expériences n'ont jamais été mentales: c'était une expérience qui me venait tout d'un coup, et APRÈS je m'apercevais que c'était justement le jour de Dourga), et chaque fois je disais à Sri Aurobindo: «Tiens, aujourd'hui, ça (ou ça), c'est coupé à sa racine.» Pour les forces adverses, c'est comme cela – oui, c'est comme quelque chose qui est déraciné du monde. Ce qui s'est déjà répandu continue et suit son karma, mais la SOURCE productrice est tarie. C'est ce qui s'est passé aussi (c'était en 1904 je crois), quand cet Asoura de la Conscience et de l’Obscurité a fait sa soumission – il s'est converti, il m'a dit: «Il y a des milliards d'êtres qui sont mes émanations et qui continueront leur vie, mais la racine, la source est tarie.» Combien de temps ça prend pour épuiser tout? – On ne peut pas dire, mais la source est tarie; et ça, c'est une chose extrêmement importante. Cette épouvante de 1920, c'était quelque chose qui essayait de se répandre sur le monde et de devenir vraiment catastrophique, et je me suis aperçue alors, dans la vision intérieure, qu'il y a tout un mouvement qui est tari à sa source. C'est-à-dire que le karma s'épuise petit à petit, petit à petit, petit à petit... Pour ces petits mouvements physiques, c'est la même chose. C'est comme s'il n'y avait plus d'«initiation» des choses, c'est-à-dire qu'elles ne s'engendrent plus; mais tout ce qui est déjà là, dans le monde, doit s'épuiser. Je vois des moyens plus rapides, mais ils appartiennent essentiellement au monde supramental. Pour changer les karma, pour arrêter les karma, pour retirer de la circulation, si l’on peut dire, un certain nombre de vibrations, c'est encore un autre mouvement, c'est un autre mouvement – le Pouvoir n'est pas encore là. C'est ça qui donnera des résultats visibles, tangibles. l’autre a des résultats très tangibles, très concrets, mais pas visibles (pas pour l’observation humaine qui est beaucoup trop limitée, beaucoup trop superficielle). Mais ça a des résultats, c'est tout à fait évident. Cette vision d'épouvante a changé très clairement la courbe dans laquelle les nations étaient poussées. Mais c'est visible seulement pour celui qui a une vision intérieure. (silence) Il est onze heures? Bon, alors continue ton livre. C'est bien, c'est beaucoup mieux que tu ne crois! (geste de dénégation du disciple) Oui-oui, les choses définitives, c'est comme mes transformations définitives! Il faut savoir attendre. Ça viendra, plus tard. Il faudrait quelque chose comme un mantra. Je comprends! Mais je comprends très bien. Mais il faut savoir attendre. Si tu écrivais maintenant de cette façon-là, ce serait tout à fait inutile au point de vue du public, il ne comprendrait rien. Ça, c'est très bien – très bien, très utile. Au revoir, mon petit.
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