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19.12.2017, 18:46 | |
1962.02.03 (1) 1962.02.03 (2)
(Une visiteuse de passage a écrit une lettre à Mère, où elle parle de ses difficultés et se dit victime d'un «karma collectif»!) Ces histoires de karma... Je me suis demandé très souvent, très souvent, si cela aidait les gens, de savoir leur karma? – Je ne le crois pas. C'est-à-dire que s'ils trouvent eux-même quelles ont été les expériences de leur vie antérieure, alors cela fait partie de tout un éveil intérieur, psychique, qui, lui, est très utile. Mais qu'un gourou quelconque vienne vous dire: «Ah! ceci a été votre karma»... Je ne crois pas que ce soit utile (c'est une façon ATTÉNUÉE de dire ma pensée). Si vous trouvez vous-même la courbe de votre vie antérieure, c'est différent, cela fait partie d'un éveil psychique, intérieur, c'est très bien. Mais que quelqu'un qui voit quelque chose vienne vous dire: «Ah! vous savez, vous avez été ceci et cela, vous avez fait ceci et cela», je ne crois pas que ça aide. J'ai plutôt l’impression que ça augmente la difficulté – ça vous remet en contact avec des choses que vous étiez en train d'éliminer de vous. (silence) Cette femme-là, un «karma collectif»! Ce sont des blagues, ce sont des histoires. Cela peut exister pour certaines gens, pas pour elle. Si je ne l’avais pas vue, j'aurais pu dire: «Ah?» et puis essayer de savoir, mais... Un karma collectif – naturellement, c'est tout ce qui vous lie à tous les gens que vous avez connus dans des vies antérieures; de cette façon-là, oui, il y a un karma collectif! Mais, n'est-ce pas, on emploie de grands mots et de grandes idées pour des choses, au fond, qui sont tout à fait naturelles. Pourtant, cela m'a aidé de comprendre un peu (pour moi) ce qui s'était passé dans mes autres vies. Parce que tu étais ici. Parce que, avant qu'on ne te parle de karma, j'avais déjà vu certaines choses pour toi, et j'étais déjà en train d'essayer de te libérer de ça – pas de la chose elle-même, mais de ce qui restait dans la nature, c'est-à-dire de la tendance qui restait dans la nature. Ça, oui. Mais Sujata, par exemple, qui était tout à fait, TOUT À FAIT libre de toute la partie... (comment dire?) malencontreuse, on peut dire, de son karma, tout à fait libre, parce que je connais bien les gens qui m'entourent et ce qu'ils apportent avec eux, et il n'y avait rien – il n'y avait qu'une chose qui était restée, qui était la seule partie un peu constructive, et ça, je l’avais laissé tout à fait intact; eh bien, quand on lui a révélé les événements de sa vie passée, j'ai eu le plus grand soin de détruire la révélation à mesure qu'elle était donnée. Et ça, d'une façon extrêmement brutale. N'est-ce pas, c'était comme si on jetait un tombereau de boue sur quelqu'un qui était tout à fait pur de tout ça. Alors je ne l’ai pas laissé (c'est-à-dire que ce qui est entré par le cerveau physique, je n'ai pas pu l’empêcher, mais intérieurement... ça, je l’ai démoli d'une façon tout à fait catégorique). La seule chose que j'avais laissée, c'était la partie constructive du lien qui avait existé entre vous et que je n'ai pas touché, et qui a fait que quand elle t'a rencontré, elle... C'est tout. Ça, je l’avais laissé, parce que c'était bien, c'était pur, c'était joli – c'était bien. Mais tout le reste... D'ailleurs, tu as vu avec quelle force j'ai protesté quand on m'a dit qu'elle s'était suicidée. J'ai dit: «Non-non-non-non!» Même si quelqu'un qui sait parfaitement me le disait, je dis NON. Elle est pure de cela – pure – et je n'admettrai pas qu'on salisse quelqu'un qui est pur. Elle avait été suffisamment mon enfant pour que, après la mort, tout ça ait été bien nettoyé, arrangé, remis en place, organisé, purifié. Et quand elle est revenue, elle est revenue propre, pure. Alors je ne veux pas qu'on la salisse. Non, il y a une grâce qui agit et qui envoie promener ces karmas, quelquefois très loin – très loin – et il n'est pas bon de les rappeler. J'ai eu des tas d'exemples comme cela. J'ai eu l’exemple de mon travail qui a été absolument barboté. Je n'aime pas cela. Encore tout dernièrement, la sœur de K était arrivée ici parce qu'elle venait de perdre son fils – ça venait d'arriver, c'était tout frais, il était encore là (il n'était pas parti, il était encore là). Alors j'ai tout arrangé, j'ai vu comment était la mère et tout cela; j'avais tout bien arrangé, j'avais gardé le fils là, très soigneusement, et j'avais dit à la mère qu'il reviendrait rapidement dans quelqu'un de la «famille». Et tout était très bien arrangé. Mais naturellement, c'était contraire aux «règles» – tout ce que je fais est contraire aux règles, c'est mon habitude, autrement ce ne serait pas la peine que je sois ici, il n'y aurait qu'à laisser les règles continuer! Et alors ils sont allés voir X. Ils n'auraient pas dû parler et ils ont parlé. Et puis voilà, et puis on a dit toutes sortes de choses, et puis mon travail a été barboté. Alors maintenant ça suit la «règle» habituelle de ceci et cela, parce que c'est comme cela que ça «doit» se faire – je ne m'en occupe plus. Moi-même, j'ai appris des tas de règles que je ne savais pas, Dieu merci! La grâce divine m'avait sauvée de tout ce fatras – toutes sortes de règles sur: comment ça se passe et comment ça ne peut pas se passer, et comment ça doit se passer, et comment... Oh! Seigneur Dieu!... Je voyais les choses très simplement, n'est-ce pas, sans règles dans mon cerveau, et puis je les faisais très simplement aussi, sans règles dans ma tête – ça marchait très bien. Très bien, je ne rencontrais aucune difficulté. Les choses se faisaient tout naturellement, très simplement. Et si on venait me dire: «Ça ne se peut pas», ah! je disais: «Je regrette, c'est comme ça que ça a été fait.» Ça ne se «peut pas»! – Il y a des cas où ça peut! (silence) D'ailleurs, si tu te souviens du commencement de Savitri (je ne l’ai lu que tout dernièrement, je ne le savais pas), dans le deuxième «canto», il parle de Savitri et il dit qu'elle est venue pour envoyer (il le dit poétiquement!) pour envoyer promener toutes les règles – toutes les interdictions, toutes les règles, toutes les lois rigides, toutes les portes fermées, toutes les impossibilités – et défaire tout ça. Et moi, c'était mieux: je ne savais pas les règles! Alors je n'avais même pas à me battre contre elles, je n'avais qu'à les ignorer – alors elles n'existaient pas, c'était mieux. Maintenant, il faut d'abord que je défasse, et puis que je refasse – tout à fait inutile, du temps perdu. Il y avait tout un monde, un monde de difficultés que je ne connaissais pas: c'était dans le mental inférieur. Vital, je connaissais parce que j'avais eu à me battre (mais ça, c'était bien!) Cette fois-ci, on m'a donné comme être vital un guerrier, figure-toi. Un guerrier insexué, magnifique – il est spendide. Ce n'est ni un homme ni une femme: c'est un guerrier – il est aussi grand que la chambre. La première fois que je l’ai vu, j'étais contente. J'ai dit: «Bon, ça vaut la peine!» Ça oui, là, il y a les batailles!... Ah! à ce propos, comment sont tes nuits, mon petit? Parce que justement je t'ai donné en charge à mon guerrier. Ça va mieux. Enfin c'est plus conscient. Ah! c'est bien. J'étais dans un état intérieur pas très fameux, alors je n'en ai pas bien profité, mais c'est plus conscient. C'est justement lui qui me fait souvenir. Je t'ai mis en sa charge. Je suis content. Je vois que la conscience est plus suivie. C'est très net, je sens qu'il y a quelque chose qui m'aide à être conscient... Là où je vais, ce n'est pas très intéressant, mais enfin ça viendra. Non, ce qu'il faut, c'est devenir conscient de ses activités et le maître de ce que l’on fait. Voilà. Alors, mon petit, tu as apporté quelque chose? Je suis d'une paresse! Tu as apporté une question? Je n'ai pas vraiment trouvé de question... (Le disciple lit l’Aphorisme suivant:) 71 – Une pensée est une flèche tirée sur la vérité: elle peut frapper en un point mais non couvrir la cible tout entière. Mais l’archer est trop satisfait de son succès pour en demander davantage. Mais c'est évident! C'est tellement évident (pour nous). Oui, mais qu'est-ce qu'il faut faire pour couvrir la cible tout entière? Ne plus être un archer! l’image est très jolie. C'est bon pour les gens qui sont justement dans cet état où ils s'imaginent avoir découvert la Vérité. C'est bon à dire pour ceux qui croient avoir trouvé la vérité... parce qu'ils ont touché un point. Mais nous avons tellement dit autre chose. On peut se demander ceci: du jour où on est capable d'embrasser toute la cible, c'est-à-dire de connaître tous les points de vue, l’utilité de chaque chose, dans quelle mesure peut-on agir dans ces conditions, puisque l’on voit que tout est utile, tout a sa place. Pour agir, on a besoin d'être en quelque sorte exclusif ou combatif? Tu sais, tant que ce sont des pensées qui s'opposent... Tu connais l’histoire de ce philosophe qui habitait le sud de la France? Je ne me souviens plus de son nom, un homme très connu qui était professeur à l’université de Montpellier et qui habitait dans les environs. Et il y avait plusieurs routes qui conduisaient chez lui. Cet homme sortait de son université et il arrivait au carrefour d'où partaient plusieurs routes qui toutes aboutissaient à sa maison – l’une de ce côté-ci, l’autre de ce côté-là, l’autre de ce côté. Et il racontait lui-même que tous les jours il s'arrêtait devant ce carrefour et il se demandait: «Laquelle vais-je prendre?» Chacune avait son avantage et son inconvénient. Alors tout ça passait dans sa tête, l’avantage et l’inconvénient, et ceci et cela, et puis il perdait une demi-heure à choisir la route qu'il allait prendre pour rentrer! Il donnait cela comme un exemple de l’incapacité de la pensée dans l’action: si on se met à penser, on ne peut plus agir. C'est très bon ici, tout en bas, sur ce plan-là. Mais ce n'est pas vrai là-haut – c'est tout le contraire! Justement, tant qu'on est l’archer et qu'on touche un point, c'est comme cela; toute l’intelligence en dessous est comme cela, elle voit toutes sortes de choses, et comme elle voit toutes sortes de choses, elle ne peut pas choisir pour agir. Mais pour voir toute la cible, pour voir la Vérité tout entière, il faut passer de l’autre côté. Et quand on passe de l’autre côté, ce n'est pas une addition de vérités multiples que l’on voit, ce n'est plus une quantité innombrable de vérités qui s'ajoutent l’une à l’autre et qu'on voit l’une après l’autre et on ne peut pas saisir le tout d'un seul coup; quand on passe en haut, c'est le tout que l’on voit d'abord, c'est le tout qui se présente D’UN SEUL COUP, tout entier, dans l’ensemble, sans division. Et alors ce n'est plus un choix que l’on a à faire: c'est une vision que l’on a – c'est ÇA qu'il faut faire. Ce n'est pas un choix entre ceci et cela, ou cela, ou cela, parce que ce n'est plus comme cela. Ce ne sont plus des choses successives que l’on voit l’une après l’autre: c'est une vision simultanée d'un ensemble qui existe comme une unité. Alors le choix est simplement une vision. Et tant qu'on n'est pas dans cet état-là, on ne peut pas voir le tout – on ne peut pas voir le tout d'une façon successive, on ne peut pas voir le tout en ajoutant une vérité à l’autre, c'est justement l’incapacité du mental. Le mental ne peut pas. Il verra toujours d'une façon successive, ce sera toujours une addition, mais ce n'est pas ÇA, quelque chose échappera – le sens même de la vérité échappera. Ce n'est que quand on a la perception globale, simultanée, du tout, dans une unité, qu'alors on peut avoir la vérité dans son ensemble. Et l’action n'est plus, justement, un choix sujet à erreur, à rectification, à discussion, mais la claire vision de ce qu'il faut faire, qui est infaillible. (silence) Non, cette question nous ramène ailleurs... Ça ne te suffit pas! (Mère rit) Si-si! * Je voudrais te demander quelque chose au sujet de mon japa... Est-ce que tu as l’impression que ça me conduit quelque part? Qu'est-ce que ça veut dire? C'était le sujet de mon étude ces deux derniers jours – pas toi en particulier, mais l’effet du japa, la raison du japa, l’organisation de la vie... Je ne peux pas dire que je fais des découvertes (c'étaient peut-être des découvertes pour moi, je ne sais pas), mais ce n'est pas là-haut, c'est ici que ça se passe, l’étude. Ce serait très long à raconter. Je peux résumer. Je ne veux pas faire une doctrine, et pour que ce soit vivant, c'est long. Depuis quelque temps, j'avais rencontré des difficultés dans mon japa, le matin. C'est compliqué... Enfin certaines choses semblaient vouloir interférer et m'empêcher d'aller jusqu'au bout, ou me plonger dans une sorte de transe qui arrêtait tout. Alors je me suis questionnée. J'ai voulu savoir pourquoi, ce que c'était. C'est une longue-longue courbe, mais le résultat de mon étude est le suivant (tout ça, au point de vue purement corporel; je veux dire que ça ne concerne pas l’être qui est conscient, vivant et indépendant, et qui serait identique sans corps; c'est-à-dire l’être dont la vie, la conscience et l’indépendance et l’action ne dépendent pas du corps, pour être exacte! Je parle de ce qui dépend du corps pour se manifester, parce que c'était seulement cela qui était en question). Il y a eu une sorte de perception d'une variété d'activités corporelles, toute une série d'activités, qui sont, du moins dans leur apparence, exclusivement occupées à l’entretien du corps. Certaines sont à la bordure, comme le sommeil, par exemple (il y a toute une partie qui est nécessaire au bon entretien du corps et toute une partie qui met le corps en rapport avec les autres parties et les autres activités de l’être), mais il y a une partie du sommeil qui est exclusivement pour le maintien de l’équilibre du corps. Et puis, nourriture, toilette, etc., tout un ensemble de choses. Et alors la vie spirituelle, d'après Sri Aurobindo, ne doit pas supprimer ces choses: tout ce qui est indispensable au bon entretien du corps doit être maintenu. Tout le reste des activités du corps, pour l’homme ordinaire, est utilisé pour son plaisir et son profit personnels; la différence avec l’homme spirituel, c'est qu'il a donné son corps au Divin comme un serviteur, pour que le Divin l’utilise pour Son travail et, peut-être, si on suit la ligne de Sri Aurobindo, pour Sa propre joie – mais ça, dans l’état où est la Matière et où est notre corps, ça me parait douteux, ou en tout cas, au mieux, très intermittent et très partiel parce que ce corps est plus un champ de misères qu'un champ de joie. (Tout cela est basé non sur des spéculations mais sur mon expérience personnelle – je raconte mon expérience personnelle). Mais travail, c'est différent: plein jeu. Ça, c'est la joie du corps, c'est son besoin – n'exister que pour Le servir. N'exister que pour servir. Et naturellement, réduire tout le côté entretien au strict minimum et en essayant d'y introduire une façon de faire participer le Divin aux possibilités – très réduites, très limitées, très maigres – de joie que peut donner cet entretien. Une association du Divin à ces mouvements et à toutes ces choses, comme la toilette, le bain, le sommeil (sommeil, c'est différent: là, ça devient déjà beaucoup plus intéressant), mais surtout la toilette, la nourriture et toutes les choses absolument indispensables: y associer la Présence divine pour que ce soit la joie divine qui s'exprime autant que possible. (Dans une certaine mesure, il y a réalisation.) Alors où se situe le japa dans cette affaire? Le japa, comme la méditation, est un procédé, qui paraît être le plus actif et le plus effectif, pour joindre autant que possible la Présence divine à la substance corporelle. C'est la magie du son, n'est-ce pas. Naturellement, si on y ajoute la conscience de l’idée, et que l’on fasse son japa comme une invocation CONSCIENTE très active, alors ça multiplie beaucoup son effet. Mais la base, c'est la magie du son. C'est une expérience faite et qui est vraie, tout à fait vraie: par exemple, le son OM amène des vibrations qui sont tout à fait particulières (il y a d'autres sons comme cela, mais celui-là naturellement est de tous le plus puissant). C'est un essai de diviniser la substance. D'un point de vue tout à fait voisin, ça remplit l’atmosphère physique de la Présence divine. Alors le temps que l’on passe au japa est un temps consacré à aider la substance matérielle à entrer plus intimement en rapport avec le Divin. Si on y ajoute un programme mantrique de développement personnel, comme je le fais, c'est-à-dire une sorte de prière ou d'invocation, de programme (pour ainsi dire) de développement personnel et, en même temps, d'aide collective, alors ça devient vraiment un travail actif. En plus de cela, il y a le travail que j'appelle «extérieur»: le contact avec les gens, les lettres lues et répondues, les gens vus et à qui on parle, et finalement toutes les activités concernant l’organisation et le fonctionnement de l’Ashram (dans la méditation, ça devient mondial, mais pour le moment, physiquement, matériellement, c'est limité à l’imédiat). Dans mon étude, j'ai vu aussi la position de X et des gens comme lui qui passent leur vie, pour ainsi dire, dans le japa (ils y ajoutent aussi la méditation et le poudjâ, les cérémonies – je ne parle que des gens sincères, pas de ceux qui prétendent): c'est leur façon de travailler pour le monde, de servir le Divin. Pour eux, ça leur paraît être la meilleure façon – peut-être même la seule, mais c'est une question de croyance mentale. En tout cas, il est évident que même un peu de... pas positivement de poudjâ mais une sorte de cérémonie QUE L’ON SE DONNE à soi-même, c'est-à-dire des gestes habituels qui sont symboliques et expressifs d'un certain état, cela peut être utile aussi et cela peut être une manière d'offrande et de relation, et par conséquent de service du Divin. Je considère que c'est important, vu de ce point de vue-là (pas avec la vision traditionnelle, je ne peux pas la supporter cette vision traditionnelle – je la comprends, mais elle me paraît un frein, un frein au vrai don de soi au Divin). Je parle du japa et des règles que l’on se donne (ou que l’on accepte si c'est quelqu'un qui vous a donné le japa: les règles que l’on accepte avec son cœur et auxquelles on adhère). Ces règles qu'on se donne, il faut les suivre comme un geste que l’on fait avec amour; que ce soit une façon de dire: «Je T'aime» au Divin. Tu vois? Comme d'arranger les fleurs d'une certaine façon, brûler de l’encens, des tas de petites choses comme cela, qui sont jolies à cause de ce que l’on met dedans – c'est une façon de se donner. Maintenant, je crois que si on fait le japa en y mettant une idée – une volonté et une idée – d'acquérir quelque chose par le japa, je crois qu'on l’abîme un peu. On l’abîme. Quand on vous dit: «Faites ça et puis vous obtiendrez ça», je n'aime pas beaucoup. C'est vrai – c'est vrai, mais c'est un petit peu comme un appât pour un poisson. Je n'aime pas beaucoup ça. Que ce soit votre manière de servir le Divin, d'être en rapport avec Lui, de l’aimer, de l’unir à votre vie physique, d'être tout proche de Lui et qu'il soit tout proche de vous – ça, de cette façon-là, c'est joli. Que chaque fois on dise le Mot comme une invocation, ou bien comme on répète un mot d'amour, alors c'est joli. Voilà comme je vois la chose. Et alors, suivant sa mission dans le monde, on doit trouver soi-même la proportion entre ces choses: la proportion entre le travail extérieur, le travail intellectuel, le travail d'organisation, et puis ce travail-là; et les nécessités du corps que l’on peut accomplir de la même façon en essayant que le Seigneur y puisse trouver Sa joie. J'ai vu ça pour des détails: par exemple, faire que le bain soit une chose agréable, que le soin que l’on prend de ses cheveux, ceci ou cela (naturellement il y a longtemps que ce ne sont plus les idées idiotes et cette espèce de petit plaisir personnel), mais que ce ne soit pas tout à fait une chose que l’on fait d'une façon indifférente et comme une habitude, comme une nécessité: que ce soit comme... un peu de beauté, un peu de charme, un peu d'agrément pour le Seigneur. C'est tout. Voilà. Mon petit... (Mère regarde longuement le disciple) Tu sais, le japa me fait l’effet du moment où toute la vie physique est EXCLUSIVEMENT pour le Divin. Un moment où toute autre chose que le Divin n'existe plus – toutes-toutes les cellules du corps, toutes les secondes, tout ça est EXCLUSIVEMENT pour le Divin, il ne reste plus rien que le Divin. De cette façon-là, si on réussit ça, c'est bien. Il ne faut pas que le japa soit exclusif au point qu'on y passe vingt-quatre heures sur vingt-quatre parce que, alors, ça devient l’équivalent de l’ascétisme – mais une bonne dose. C'est presque comme le luxe de la vie, c'est comme cela que je le sens! Le luxe: il n'y a plus que Ça, il n'y a plus que cette vibration divine autour de soi, en dedans de soi, partout, il n'y a plus que la vibration divine. Ça, c'est une sorte de luxe.
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