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05.05.2018, 10:24 | |
1962.06.02
(Mère fait allusion à la conversation précédente où Elle cherchait les raisons du passage d'une chambre à l’autre, de la chambre douloureuse à la vraie chambre: «Je ne peux pas arriver à attraper ce qui le fait faire. Qu'est-ce qui arrive? qu'est-ce qui se passe??») J'ai eu une expérience, hier après-midi, qui pourrait peut-être mettre sur le chemin. C'était une expérience très intéressante, certainement intéressante pour certaines personnes parce que je me suis aperçue de certaines réincarnations. J'étais dans un état qu'on pourrait appeler un «état de connaissance», où je savais les choses d'une façon certaine, sans aucun doute. Mais ce qui me frappe avec ce que je te disais l’autre jour, c'est que j'allais voir des gens qui étaient de l’autre côté d'une rivière. l’eau de cette rivière, d'ordinaire, n'était pas propre et il fallait un bateau ou quelque chose pour traverser, mais hier, j'étais dans un état particulier où je me suis assise sur l’eau et j'ai dit: «Je vais là», et alors, tout naturellement, un courant d'eau pure, cristalline, claire, m'a tout simplement conduite là où je voulais aller. Et c'était une sensation très agréable: j'étais assise sur l’eau, toute souriante et... prrt! j'étais conduite de l’autre côté. Je me suis dit: «Ah! ça, c'est bien! Est-ce que ça continue?» Et alors, de nouveau, j'ai dit: «Je vais là», c'est-à-dire revenir, et... prrt! je suis revenue. Puis quelqu'un est arrivé... Il y a, dans ces «rêves», des gens symboliques; ils semblent être construits avec la partie de l’être de ceux qui m'entourent et qui sont liés à une certaine relation avec moi et à une certaine aide apportée dans le Travail. Ce sont des personnages symboliques et qui sont toujours les mêmes: il y en a un grand maigre, il y en a des petits, il y a des jeunes, des vieux... Je ne peux pas dire «c'est celui-ci» ou «c'est celui-là», mais DANS celui-ci ou DANS celui-là, il y a quelque chose qui est représenté là. Et il y a quelqu'un qui est comme un «grand-frère», qui aide dans les circonstances; par exemple, s'il y avait un bateau, c'est le grand-frère qui conduirait le bateau. Alors il est arrivé et il m'a dit: «Oui, je connais le moyen», et il a commencé à essayer; j'ai dit: «Non! malheureux! tu vas tout abîmer; il faut que je dise: JE VEUX ALLER LÀ, pour que ça marche.» Quand il se mettait à vouloir me faire passer sur l’eau par ses moyens, l’eau redevenait trouble, et je commençais à m'enfoncer dedans! Alors je protestais, je lui ai dit: «Non-non-non, pas ça, ce n'est pas ça du tout! il faut que ÇA (c'est-à-dire le sens d'une certaine Volonté supérieure – mais je ne m'expliquais pas), il faut que ÇA dise: je veux aller là, et alors ça marche.» Après cela, l’expérience a changé, il y a eu d'autres choses. Mais certainement, ce que je viens de raconter fait partie de l’expérience de l’autre jour [les deux chambres l’une dans l’autre], parce que les deux étaient ensemble. Et l’eau était si réelle! l’expérience était si réelle que je sentais la fraîcheur de l’eau. Et la sensation agréable d'être assise sur quelque chose de très doux, très rapide et très frais, qui m'emportait. Ça doit faire partie des mêmes expériences. Et j'étais dans un état de connaissance, parce que, par exemple, des gens que je connais depuis longtemps-longtemps-longtemps, j'ai su tout d'un coup de qui ils étaient la réincarnation (je ne m'en étais jamais occupée et c'est venu); je les ai pour ainsi dire appelés par leur autre nom... Dans un état spécial, oui un état de connaissance, mais pas la connaissance spirituelle: une connaissance par rapport au monde matériel. l’eau, dans ces visions-là, représente toujours le vital. Quand tout est harmonieux avec l’eau, c'est que le vital est harmonieux. Et c'était très amusant (ça se passait à une heure et demie de l’après-midi environ): comme assise sur une chaise, assise sur l’eau! Et l’eau était claire-claire, transparente, avec des toutes petites ondulations, et elle avait des profondeurs bleu sombre; mais le dessus était tout à fait clair et transparent, comme incolore. Et alors, quand le «grand-frère» est venu, qui se vantait de savoir aussi passer et qu'il me ferait passer, ça commençait à devenir trouble, comme l’est toujours l’eau des rivières, pas propre, jaunâtre ou grisâtre. Ce doit être la continuation de l’expérience de l’autre jour. Je commençais à trouver la clef. Mais qu'est-ce que représente ce «grand-frère»? Je crois que c'est la connaissance matérielle, c'est-à-dire l’usage supérieur du mental physique, qui empêche d'entrer dans la vraie chambre. Parce que moi, je disais simplement: «Il faut que je dise: je veux aller là (c'est-à-dire que c'était une volonté cristalline, claire, imperative, et qui venait de tout là-haut), il faut que je dise: je veux aller – pas ça, pas tes moyens!» (Mère rit)
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(Puis Mère se réfère à un passage de la précédente conversation où Elle disait: «Je ne veux pas trouver pour moi seule... chaque fois que je suis dans l’état, je le répands.») Quand je suis là, tout de suite – tout de suite –, il y a cette volonté que ça se répande autant que possible, que tous ceux qui sont proches de moi d'une façon quelconque, depuis le matériel jusqu'au spirituel, bénéficient de cet état. Et c'est comme cela, le premier mouvement est comme cela. Et probablement, c'est comme cela aussi que j'attrape la contagion de la mauvaise chambre! Très probable. Mais enfin c'est nécessaire. Mais est-ce qu'on est un peu réceptif à ton travail? J'ai eu l’exemple de gens qui avaient des expériences tout à fait inattendues, disproportionnées avec leur état de conscience habituel, et très évidemment leurs expériences sont le résultat de ça. Des gens que je ne nommerai pas parce que ce ne serait pas gracieux (vraiment, on ne s'attendrait pas à ce qu'ils aient ces expériences!). C'est certainement cela. Oui, ça a un effet – très loin, proche. Les plus-proches... les plus proches ne semblent pas être les plus réceptifs; mais là, c'est une action beaucoup plus complexe et SOLIDE, c'est-à-dire qu'au lieu d'une expérience subite qui est presque disproportionnée comme je le disais à leur condition, on BàTIT quelque chose de plus en plus... Tout le temps, tout le temps, je suis dans des constructions, d'immenses constructions qui se font. Cette nuit, c'était comme ça; j'étais obligée de barboter dans le ciment – dans la pâte si l’on peut dire. Et alors je rencontre toutes sortes de gens qui sont plus ou moins symboliques aussi, mais ils ont de temps en temps les traits de quelqu'un. Et c'est un MONDE de circonstances, les moindres détails symboliques – je me souviens de tout, mais enfin ce serait un monde à raconter, et apparemment pas intéressant (c'est-à-dire extérieurement pas intéressant), mais qui me donne la clef de la situation telle qu'elle est, à tous les points de vue, du monde qui s'élabore. Cette nuit, j'ai passé presque tout mon temps dans un bâtiment comme cela. Et il y a le symbole de tous les gens qui aident; mais c'est toujours matériellement: les gens qui aident matériellement, soit par un travail, soit par de l’argent, soit... Je me souviens, j'ai été frappée cette nuit par un personnage (il y avait beaucoup, beaucoup d'embêtements encore), mais quand j'arrivais, il y avait quelque chose ou quelqu'un et ça s'arrangeait – c'était tout le contraire des rêves dont je parlais l’autre jour: à chaque difficulté, quand j'arrivais, ça s'arrangeait. Et alors je suis arrivée à un endroit qui était assez difficile à traverser (on barbotait dans des échafaudages glissants) et il s'est trouvé tout à coup, en face de moi, un homme (ce n'était pas un homme, n'est-ce pas, c'était un symbole probablement, mais ce pourrait être quelqu'un) qui était chef-maçon (j'ai pensé ce matin en me réveillant à la franc-maçonnerie et à leur symbole; je me suis dit que, peut-être, il faut le regarder avec ce symbole-là?) et c'était l’un des ouvriers. Il y avait aussi, à côté de moi, des gens qui venaient pour surveiller, observer, diriger, qui se croyaient très supérieurs... mais ce n'étaient jamais eux qui aidaient à sortir de la difficulté! – Ils en créaient plutôt qu'ils n'aidaient! Mais ce chef-maçon avait l’apparence d'un homme de cinquante ans à peu près – une belle figure; la figure d'un travailleur, mais belle figure, concentrée. Et il a vraiment arrangé une situation (c'était un endroit à traverser), vraiment bien, avec beaucoup de soin et d'une façon très efficace. Puis, quand ça a été fini et que je pouvais continuer mon chemin, il y a eu comme un grand élan d'amour, sans geste ni mot, qui allait vers lui, et qu'il a reçu – il l’a senti, il l’a reçu. Sa figure s'est illuminée et il m'a dit (je ne sais pas dans quel langage parce que ce ne sont pas des mots que j'ai reçus), mais il m'a dit avec une humilité merveilleuse, il m'a suppliée: «Faites que je n'oublie jamais cette minute qui est pour moi la plus belle de ma vie» (je traduis en français, c'était ce qu'il disait, mais en quelle langue? je n'en sais rien). Et c'était une expérience si intense! Son humilité, sa réceptivité, sa réponse étaient si belles, si pures, que ça m'a laissé une impression absolument charmante à mon réveil, enfin quand je suis sortie de l’expérience. Il se peut qu'il y ait quelqu'un ici qui manifeste une partie de cela – une belle figure... Un homme d'une cinquantaine d'années peut-être. C'est peut-être symbolique... quelquefois, ces personnages sont faits avec les traits de plusieurs autres mis ensemble, pour bien indiquer qu'il s'agit d'un état de conscience et pas d'une individualité. C'est rarement une individualité: c'est un état de conscience. Mais cette expérience m'a laissée vraiment une satisfaction, un sentiment de plénitude – son travail avait été parfait et sa réponse à la Force divine qui venait vers lui, à la Grâce qui venait vers lui, était magnifique... C'est peut-être tout un ensemble, c'est peut-être quelqu'un – je ne sais pas. Cette nuit même. C'était très intéressant parce que je t'avais raconté, n'est-ce pas, toutes les difficultés dans les autres visions de la nuit – c'était tout le contraire: j'étais dans un endroit qui était très compliqué et plein d'obstacles et de difficultés, mais chaque fois que j'arrivais, il y avait quelqu'un ou quelque chose, tout s'arrangeait, et alors je continuais à passer. Ça s'arrangeait automatiquement. l’impression d'une puissance qui met tout en ordre. Et je me souviens, quand je me suis trouvée devant cette assez grosse difficulté et que ce maçon est arrivé, il y avait quelqu'un à ma droite (qui avait d'ailleurs un manteau foncé et qui était très «officiel») qui a pensé (c'était plutôt des rapports par pensée que des mots), il a pensé: «Oh! elle prend toujours l’aide des ouvriers au lieu de...» Et j'ai répondu: «Les ouvriers sont plus efficaces et leur bonne volonté... (tu sais, ces histoires de «caste» ou de «société», de «position sociale»), j'ai dit: Les ouvriers ont un coeur simple et ils sont efficaces dans leur travail et ils ont plus de bonne volonté que les gens qui croient savoir»! C'était amusant. Ce qui fait qu'hier, j'ai eu à la suite deux expériences amusantes. l’expérience de l’après-midi était très amusante, parce que j'étais en train de m'occuper du travail (j'avais tout organisé pour l’un des départements, je ne me souviens plus lequel), et alors j'ai dit à la personne à qui je parlais: «Ah! maintenant, je vais chez mes cousins.»... Quand j'étais toute jeune, il y avait un frère de mon père qui avait une grande famille, comme il est rare en France, un grand nombre d'enfants, et j'avais un grand cousin qui était l’aîné. Il était ingénieur, je ne sais plus de quoi, peut-être des Ponts-et-Chaussées, ou ingénieur mécanicien (c'était un chimiste remarquable). Et ce garçon était très attiré par moi. Il était parti pour la guerre comme officier et il y a contracté une maladie, je ne sais plus laquelle, et il est mort vers 1915 à peu près, quand je suis rentrée en France. Eh bien, dans mon expérience d'hier après-midi, ma sensation à l’égard d'une famille ici était exactement, absolument celle que j'avais quand j'étais jeune à l’égard de ces gens. Et surtout pour le cousin (les autres, c'était plus vague, comme un background, comme le fond de tableau de cette expérience). J'ai dit: «Je vais dans leur propriété» – ils ont une belle propriété ici, comme dans le temps ils avaient une belle propriété là-bas (ils avaient le château de Madame de Sévigné, à Sucy, près de Paris, c'était un bel endroit). Mais c'était si concret! (ça ne passe pas par la tête, il n'y avait pas une pensée: c'était une sensation). J'ai dit: «Maintenant, il faut que j'aille le voir.» Et sur le moment, pendant que j'avais ma vision, je me disais: «Mais enfin, je déménage! est-ce que vraiment ils sont ici, à Pondichéry?» cet oncle avec qui je n'avais que des relations assez éloignées et ce cousin que je n'ai pas vu beaucoup, mais que je savais très fidèle et très gentil. Je me disais: «Mais enfin, ils sont ici??»... C'était une sensation très curieuse (la tête ne marchait pas du tout: c'était la sensation). Je suis donc allée voir ce «cousin», et c'est en allant le voir que je devais traverser l’eau et que cette expérience m'est arrivée. Et c'est en revenant de là, après avoir eu cette discussion avec le «frère spirituel», que j'ai rembarré (je lui ai dit: «Va-t-en! je n'ai pas besoin de toi»), c'est après cela, quand je me suis retrouvée sur la côte, que j'ai commencé à rassembler ma conscience et à me dire: «Voyons-voyons! il faut voir clair.» Et alors j'ai vu que c'était ce cousin qui s'était réincarné dans quelqu'un ici. Ah! j'ai dit tiens! c'est curieux... Ce cousin qui était mort prématurément pendant la guerre. Ça coïncidait. Mais cet état-là est un état particulier: il n'y a aucune intervention mentale, on vit les choses d'une façon positive, comme on les vit physiquement, comme ceci est une table au point de vue physique (Mère frappe la table à côté d'elle), c'est ce genre de perception, c'est positif. Positivement, j'ai dit: «Je vais chez mes cousins», et la vibration de la relation était absolument positive – ce n'était pas pensé, du tout; ce n'était pas «se souvenir» non plus: on ne se «souvient» de rien et c'est vivant, là. C'est un curieux état. J'ai eu plusieurs fois cet état-là, et quand je l’ai, je sais que ce doit être l’état où se trouvent les gens quand ils savent ce qui se passe et qu'ils font des prédictions – mais là, il n'y a pas de possibilité de doute. Aucune intervention de la pensée, aucune-aucune-aucune. Absolument rien d'intellectuel: des vibrations vitalo-physiques, simplement, et puis on sait. Et puis on ne se demande même pas comment on sait, ce n'est pas ça: c'est une chose évidente. Et c'est dans cet état-là que j'ai vu la réincarnation de ce cousin, je suis donc tout à fait sûre. Et Dieu sait! (Mère rit) quand je suis sortie de là et que j'ai commencé à tout regarder avec la conscience habituelle, je me suis dit: «Eh bien, par exemple! si jamais j'avais pensé ça!!» C'était à des millions de lieues de ma pensée. Je ne pensais jamais, d'ailleurs, à ce cousin; c'était un très brave garçon mais je ne m'occupais pas de lui, il n'occupait aucune place dans ma conscience active. C'est amusant. Voilà, mon petit. Si tu pouvais avoir des nuits comme cela, c'est si amusant! Il doit y avoir un trou. Il y en a, je sais. C'est tout simplement un vide entre deux parties de ta conscience, alors quand ta conscience passe là, elle perd tout ce qui était de l’autre côté... C'est comme si on tombait dans un trou, et puis, ah! Pour bâtir, ça prend très longtemps. Mais il doit y avoir un moyen d'établir un chemin – c'est ce que je suis en train de chercher. Mais il n'y a pas de méthode pratique? Méthode pratique, oui. C'est d'abord, au point de vue le plus matériel, de ne JAMAIS BOUGER en se réveillant. Il faut apprendre à son corps... Tu sais, même pas faire ça avec sa tête (Mère tourne la tête). Être tout à fait immobile. Et rester comme ça, suspendu, entre le sommeil et l’éveil, et avec une très TRANQUILLE volonté de se souvenir. Ça peut réussir imédiatement. Mais ça peut prendre du temps. Mais au point de vue purement matériel, c'est élémentaire: si tu bouges seulement ta tête en te réveillant, tout s'en va. Il faut rester comme ça, pas bouger. Et puis une sorte de concentration paisible. Et puis attendre. Quelquefois même, quand on se souvient d'un mot ou d'un geste, ou d'une couleur, d'une image, s'accrocher à ça et ne pas bouger. Il y a des gens qui réussissent tout de suite; pour d'autres, ça prend plus longtemps. Mais ça finit par réussir. Il faut construire un pont. Voilà'.
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