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15.07.2018, 12:07 | |
1962.07.11
(Il est à nouveau question de la conversation du 4 juillet: «Il faut mourir à la mort pour naître à l’Immortalité.») Tu ne peux pas t'imaginer, quand j'ai dit ça, je venais de voir ça quelque part – quelque part dans une lumière éblouissante –, ça avait un sens merveilleux. Et naturellement, quand je l’ai prononcé, je me suis demandé pourquoi c'était... Ce n'était plus ça. C'était absolument merveilleux, ça expliquait... Ce n'est pas que ça expliquait tout mais c'était une révélation. Il a dû y avoir un défaut de transcription. Après, quand tu es parti, c'est revenu. J'ai regardé et je me suis dit: «Pourquoi ai-je dit que c'était si merveilleux!» Et j'ai compris, c'était quand je l’ai vu: c'était vu. J'ai vu ces mots, c'était plus éblouissant que les plus éblouissants diamants, et c'était plein d'un pouvoir de connaissance merveilleux, comme si ça contenait la clef des choses – quand je l’ai dit, c'est devenu presque plat. En tout cas, en comparaison, c'est tout à fait plat. Ça t'a fait quelque chose quand j'ai dit cela? J'ai senti qu'il y avait quelque chose là... C'était une merveille! C'était un éblouissement! Et quand je n'ai plus eu que le souvenir de l’éblouissement (je l’ai encore), que je n'ai plus eu cette révélation, je me suis dit: «Qu'est-ce qu'il y avait dans ces mots? Qu'est-ce qu'il y avait donc dans ces mots: mourir à la mort?»... Ce mourir à la mort, c'était admirable, mon petit! Mais ce que j'ai dit n'est rien. Quand tu l’as dit, j'ai eu l’impression qu'il y avait un secret là-dedans. Oui-oui! C'était le POUVOIR de la chose. Et c'étaient les mots – exacts mots –, mais ces mots... il y avait autre chose là-dedans. C'est peut-être la transcription?... Mais c'étaient ces mots-là pourtant. C'est très intéressant. Et maintenant, quand on essaye de comprendre, on trouve bien quelque chose, mais ce n'est rien. Dès qu'on traduit, dès qu'on dit les choses avec le mental, c'est drôle, ça s'aplatit. On a l’impression que tout s'aplatit. Oui, c'est fini, aplati-aplati – vidé. Oui, il y a quelque chose qui est perdu, qui n'est absolument plus là... Il faudrait avoir un autre moyen d'expression. Le silence, peut-être. Mais non... je ne sais pas, j'imagine des ondes colorées? Peut-être. Ah! ça, ce jour-là [13 avril], toute la création était des ondes colorées, mais pas des couleurs comme nous en avons ici, c'était... Ah! ce jour-là... Pendant certainement plus de deux heures, c'était absolument... le monde, toute la création me donnait la même impression qu'un enfant qui joue, la relation était comme cela. Et alors quel jeu! Mais c'était ça: c'était souriant, c'était facile. Mais c'était TRÈSjoli. C'était très facile. Ça ne s'est jamais effacé, c'est resté toujours là (geste derrière la tête). À n'importe quel moment, je peux de nouveau être plongée là-dedans. Mais ça alors, oui, c'est une différence au moins aussi grande que le «mourir à la mort»; c'est le même genre de différence qu'entre reprendre conscience de ce qui parle, et puis ÇA. Et c'est la même chose, ce «mourir à la mort» contenait tout le POUVOIR de ça. Et c'était clair et c'était – c'était foudroyant de puissance. Et aussi cette impression: facile-facile. Il n'est pas question de difficile ni de facile: c'est spontané, c'est NATUREL, et c'est si souriant! Et ce «mourir à la mort» était si plein d'une JOIE! d'une joie!... N'est-ce pas, j'aurais dit: «Mais c'est évident! mais vous ne voyez donc pas que c'est évident! que c'est ça: il n'y a qu'à mourir à la mort et puis ça y est!» (silence) En ce moment, la nuit, tout d'un coup je suis mise (pendant une courte partie de la nuit) comme à un travail qui est à faire avec les constructions mentales de l’un, de l’autre. Et alors j'ai l’impression d'être en présence d'un Mensonge formidable! destructeur – et d'une contradiction TOTALE avec, justement, cette Vibration créatrice qui se déroule indéfiniment. Il y a des gens qui sont ici, des gens qui sont ailleurs (ça vient avec le nom), c'est-à-dire que c'est l’état mental (même le mental supérieur, pas quelque chose de très terre-à-terre), l’état mental de celui-ci ou de celle-là ou de... Ça vient individuellement. Et il y a une sorte de malaise qui prend mon corps, comme si j'étais en présence de... je ne sais pas, dans la vie ordinaire je dirais: «Va-t-en!» (Mère chasse vivement quelque chose). Mais là, ça m'est présenté pour que je fasse un certain travail (je connais la personne: il y en a qui sont ici, il y en a qui sont ailleurs – ce sont des gens avec qui je suis en rapport au point de vue du yoga). Alors je suis mise en présence de ces formations mentales et c'est TENU comme ça (Mère empoigne la chose à deux mains) pour que je ne m'en débarrasse pas. Puis, lentement (c'est certainement une très bonne occasion de devenir tout à fait fou!), j'amène la Vibration divine et je la tiens comme ça, sans bouger (Mère tient cette vibration à la poigne et l’enfonce comme une êpée de lumière), sans bouger... jusqu'à ce que tout s'évanouisse dans le silence. Je n'ai pas eu l’occasion (riant) de leur demander ce qui leur était arrivé! Peut-être qu'ils n'ont pas été conscients imédiatement, mais très certainement, ça aura un effet. Ça ne se passait jamais avant, c'est tout à fait nouveau. Avant, il y avait cette Puissance qui se traduisait à travers le mental supérieur, là-haut (ce que Sri Aurobindo appelle le Surmental); c'était là-haut, comme cela, et alors ça dissolvait, ça dispersait, ça changeait, ça faisait tout un travail, et sans difficultés, sans effort (geste au-dessus de la tête comme pour montrer un flot qui coule tranquillement et irrésistiblement), ce n'était rien. Ça, c'était mon action de chaque seconde, constante, partout, tout le temps, avec toutes les choses qui viennent. Tandis que ÇA, c'est tout à fait nouveau – c'est tout à fait nouveau. C'est une sorte d'«imposition», presque comme une imposition sur le cerveau PHYSIQUE (je crois que ça doit servir à changer les cellules cérébrales), et alors il ne m'est permis qu'une seule chose: ça (Mère empoigne la construction mentale qui s'est présentée à elle), c'est comme cela en face de moi et ça ne me quitte pas, ça colle comme une sangsue, bouge pas. Et alors il faut amener la Vibration divine, suprême, cette Vibration que j'ai connue l’autre jour [13 avril], et puis tenir ça, comme cela, sans bouger (quelquefois ça prend longtemps)... jusqu'à ce que tout soit mis dans un silence divin. (silence) Je ne sais pas si c'est ce matin ou hier matin, quand je me suis levée le matin vers 4 h et demie, 5 h moins le quart... Tout de suite (comment dire?) volontairement et comme une habitude, je pense à toi. Et alors j'ai demandé: «Est-ce qu'il faut faire ça avec Satprem aussi?» [cette opération avec l’épée de lumière]. Je n'ai pas eu de réponse. Pour le moment, rien n'est venu encore. Quand je pense à toi, ça va toujours dans une région très cristalline et très lumineuse – très cristalline, quelquefois avec des... un état où je peux communiquer sans heurts. J'ai pourtant l’impression que c'est fermé. Ce n'est pas fermé. J'ai l’impression que je ne suis pas répandu comme cela (geste horizontal dans l’immensité). Non, ce n'est pas comme cela (horizontal): c'est comme cela (vertical). Non, ce n'est pas universel. Et plus ça descend, plus... Mais moi, je suis toujours en contact avec toi au-dessus de ta tête. Ce n'est pas avec des cloisons – non, il n'y a pas de murs, ce n'est pas comme cela. C'est plutôt une concentration avec (comment dire?) des irrégularités, en ce sens qu'il y a tout d'un coup une lumière très intense, des éclairs, et puis... ça s'atténue. Il y a des endroits qui sont très brillants et très réceptifs – qui reçoivent-reçoivent-recoivent; il y a d'autres choses qui sont... pas endormies mais plus passives. Et ce n'est pas comme cela (horizontal): c'est comme cela (vertical). Et puis toute l’activité est au-dessus de la tête – c'est très actif, très actif. Mais ce n'est pas enfermé dans des murs – très actif. De temps en temps, il y a un petit éclatement de lumière. Je te vois toujours comme cela. Tu vis là, (geste au-dessus de la tête). Tu as peu de contacts avec les réalités extérieures. Ta vraie vie est là. Ça descend un peu ici (Mère montre le haut du front) et c'est comme cela (geste au-dessus et autour de la tête). C'est plus grand que ton corps. Et ça, c'est très actif et très constant. Et puis de temps en temps, il y a comme une cascade – une cascade qui tombe (geste en perles), c'est brillant, c'est joli! C'est comme des fontaines lumineuses. C'est TRÈS joli! Ça tombe en pluie. Et puis alors, ici (haut du front), ça commence à bouger. Ah! c'est bien, c'est intéressant. Je n'ai pourtant pas l’impression que c'est la vraie vie. Ah! non. La vraie vie... ça viendra. La vraie vie, c'est autre chose qui doit venir. C'est autre chose. La vraie vie, c'est Sat-prem. Ce sera pour plus tard. Il faut que ça, ça sorte, alors tu auras l’impression de la vraie vie. Ça viendra. Et il ne faut pas être impatient, parce que quand on est impatient, on imite les choses. On imite les choses en soi, dans son expérience; on imite la réalisation (on n'en sait rien, on le fait très sincèrement) mais c'est l’impatience qui fait cela. Ça ne peut venir dans sa pureté SIMPLE que quand... c'est le Seigneur qui fait tout, décide tout, agit, réalise, vit, a l’expérience. Quand c'est tout Son affaire, qu'on n'a absolument rien à faire et qu'on ne sait MÊME PAS OÙ ON EST – alors... alors ça vient dans sa pureté, mais pas avant. Ça, c'est la différence, la différence radicale depuis la dernière expérience [du 13 avril]: il n'y a plus rien que le Seigneur; le reste... qu'est-ce que c'est? C'est seulement une habitude de parler (même pas une habitude de penser, c'est tout parti), une habitude de parler; alors moins on parle, plus on est content. Autrement... plus rien. Et qu'est-ce qu'il peut y avoir d'autre?? – C'est Lui qui voit, c'est Lui qui veut, c'est Lui qui fait. Alors tout vient, spontanément, simplement, avec une si grande simplicité. Ça viendra, mon petit, pas d'impatience. Pour le moment, c'est en bonne voie. C'est très bien. Au fond, c'est toujours une espèce de désir plus ou moins déguisé d'avoir la satisfaction de sa réalisation (Mère fait le geste de s'asseoir). Je le sais, n'est-ce pas: on veut se voir être, se voir progresser, se voir agir, se voir... (Mère rit) Voilà, mon petit.
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