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05.08.2017, 22:26 | |
1961.08.25
(Mère donne des fleurs) Tiens, ça c’est l’«alchimie». Et voilà! (Mère donne du fromage) J’en ai encore plein, tu sais! Ça ne fait rien, mon petit, c’est la fin. J’en ai peut-être encore une ou deux boîtes et c’est tout. Alors comment ça va, le travail? Je ne sais pas. Ça ne fait rien. Tu dois savoir! Hein? Tu dois savoir comment ça va! (Mère rit) Oui! Je dis: «Ça ne fait rien... si tu ne dis rien» – je pensais que tu ne dirais rien! Mais ça va. Ça va. Mais alors, il y a X qui m’a écrit (il a écrit aussi à M), et à moi, il a écrit qu’il sera ici le 29 et il sera obligé de s’en aller le 10, donc ça ne durera pas trop longtemps – tout cela, parce qu’il y a des cérémonies, des ceci, des cela... Et alors, à moi, il écrit qu’il va préparer quelqu’un qui puisse le remplacer pour toutes ces cérémonies de façon à être plus libre pour pouvoir venir [ici] plus longtemps. Mais à M (je ne sais diable pas ce qu’il lui a écrit), il dit: Oui... (quelque chose comme cela) la situation dans l’Ashram est très pénible et la jalousie, l’envie des gens augmentent de plus en plus, mais qu’il se sent tellement attiré par la présence de «la Mère» qu’il viendra tout de même. J’avoue que je n’ai pas aimé cette lettre. Mais je ne le rends pas responsable parce que... Quand les gens lui disent des choses, il les croit. Alors dieu sait ce que l’autre lui a raconté! (silence) Dans le temps, il y a longtemps, trois ou quatre ans, quand je méditais ou que je donnais une méditation à quelqu’un qui était en très mauvaise disposition, j’avais un petit effort à faire. Mais maintenant... plus rien du tout. Plus rien du tout. Et je ne m’aperçois pas du tout quand X est en difficulté, pas du tout, du tout. Tout ce que je fais pour ma méditation avec lui (je me prépare avant qu’il vienne par mon état habituel) et dès qu’il arrive, je fais un appel (que généralement je ne fais pas parce que ce n’est pas nécessaire), un appel, et puis alors je deviens béatifique. Et je n’ai pas trouvé qu’il y avait plus de difficultés dans certains cas que dans d’autres – je ne SENS PAS LA RÉSISTANCE, ni dans l’atmosphère, ni dans les gens: c’est impératif [la Force]. C’est pour cela que j’étais si ahurie les autres fois quand il a commencé à dire qu’il lui fallait au moins dix minutes pour pouvoir se mettre en méditation – cela me paraît fantastique! C’est lui qui l’a dit, autrement je ne l’aurais jamais cru. Enfin, nous verrons. Voilà, mon petit. Ça n’avance pas très vite, tu sais. Ça n’avance pas bien vite... Tu as commencé par le commencement? Oui. Ah!... Ça a marché? – Oui-oui, je ne te demande pas des déclarations (!) Je ne peux pas dire que je sois satisfait. Hmm!... * Peu après Oh! encore cette nuit... il y a des choses charmantes. Toujours, maintenant, je passe une partie de la nuit dans le domaine de l’expression, dans un domaine où généralement je n’allais pas du tout. C’est un très joli endroit. C’est très humain en ce sens que ce n’est pas une scène de la Nature: ce sont comme de grandes salles et de grandes organisations très intellectuelles, mais c’est très joli! avec une atmosphère si claire, si limpide – c’est tout dans les tons clairs, entre des... (Mère renonce à dépeindre) oh! c’est très lumineux et c’est joli. C’est très bien organisé, c’est à perte de vue: ça a l’air aussi grand que la terre. Mais ce sont des salles qui n’ont pas de toit, figure-toi! de grandes salles pleines de lumière mais il n’y a pas de toit, et les cloisons sont transparentes. Et là-dedans, il y a des gens qui ont l’air très-très éveillés – pas beaucoup de gens mais très studieux, très attentifs. Et ils arrangeaient – ils arrangent. Ce doit être des gens qui sont en train d’écrire des livres. Ils font des arrangements, si tu savais comme c’est joli! C’est comme s’ils mettaient des couleurs et des formes plus ou moins géométriques à leur place les unes par rapport aux autres. Il y a de grands-grands casiers, mais des casiers où tout est en ordre, et en même temps il n’y a pas de portes (!) ce n’est pas fermé. C’est tout ouvert et c’est tout protégé. C’est un endroit intéressant, je n’y allais pas d’habitude (j’y suis allée peut-être deux ou trois fois dans ma vie, sans y prêter grande attention), mais en ce moment, à cause de ce livre que tu écris, Sri Aurobindo m’emène là tout le temps. Il y a des gens qui n’ont pas de pays. Il me conduit à l’endroit où les gens n’ont pas de pays. Ils n’ont pas de race ni de costume particulier; ils ont l’air très universels. Et ils bougent là-dedans avec une harmonie, un silence: c’est comme s’ils glissaient – et avec une précision! tout est tellement précis. Il y en a même qui m’ont montré des choses: il y avait des papiers d’une couleur! c’était joli. Mais ce ne sont pas des couleurs terrestres, c’est comme transparent. Et ils arrangeaient tout cela; ils me montraient, ils expliquaient comment il fallait que ce soit arrangé pour que ça donne son maximum d’effet. Je t’ai vu plusieurs fois. Tu avais le costume que tu portes [dhoti], pas exactement ça mais quelque chose comme cela: pas un costume européen – ils n’ont pas le costume d’un pays particulier. Généralement, c’est blanc. C’est blanc mais ce n’est pas de l’étoffe. C’est dans un mental TRÈS lumineux, très classifié, très clair: il n’y a pas d’objets, pour ainsi dire; il n’y a que ces choses qui ressemblent à des papiers et qui semblent être des idées, ou des arrangements d’idées – mais ça ne fait pas d’encombrement. Et c’est vaste! vaste-vaste, on ne voit pas de fin. Et puis, en haut, c’est tout ouvert. Et tout le temps c’est comme une lumière qui descend. On marche sur quelque chose qui est un peu plus solide, mais pas trop. C’est un endroit intéressant. Et presque toutes les nuits, pendant une demi-heure, trois quarts d’heure, je vais dans cet endroit, et Sri Aurobindo est là et il me montre tout cela. Alors il y a des gens qui l’attendent (il y a des coins où les gens ont tout préparé et ils l’attendent), et quand il arrive, ils lui montrent ce qu’ils ont fait; alors il leur explique: un mot, un geste, pas beaucoup, et puis ah! ça prend une forme. C’est un endroit intéressant. Et je te mets en contact avec ça tout le temps, tout le temps, tous les jours – cela ne fait rien si tu ne te souviens pas! cela n’a pas d’importance... (Le disciple n’a pas l’air d’accord) Au fond, le souvenir, c’est seulement un amusement. Je suis arrivée à cette conclusion que c’est pour l’amusement et pour la satisfaction personnelle – mais ce n’est pas du tout nécessaire. Je vois que 1’immense majorité de mon travail, je le fais, et je le fais avec une grande précision, sans qu’il soit nécessaire que ce soit enregistré ici – pas du tout nécessaire. Je suis tout à fait consciente quand je le fais, mais je ne tiens pas à me souvenir. Voilà, au revoir, petit. Vraiment tu n’as besoin de rien? Non, douce Mère, j’ai tout ce qu’il faut. Tu dis si tu as besoin. Il faut te soigner pendant que tu travailles. Ça va très bien! Au revoir, mon petit.
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