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07.12.2016, 11:50 | |
1961.01.24
Maintenant, j’ai quelque chose à te dire... On travaillera après. Depuis la nuit d’avant-hier, dans la nuit, au milieu de la nuit, je me suis réveillée (éveillée plutôt) avec l’impression d’avoir, dans mon corps, un être beaucoup plus grand (grand, je veux dire gros, volumineux) et beaucoup plus puissant que je n’en avais l’habitude. C’était comme s’il pouvait à peine tenir dedans: il débordait. Et c’était si COMPACTEMENT PUISSANT que c’était presque gênant. N’est-ce pas, l’impression: quoi faire de tout ça? C’était au milieu de la nuit, ça a duré toute la nuit; et toute la journée j’ai eu l’impression d’avoir beaucoup de peine à contenir une puissance débordante qui spontanément créait des réactions absolument disproportionnées avec un corps humain et qui me faisait parler... quand quelque chose n’allait pas: pan! la réponse était imédiate et tellement forte – j’avais l’air de me mettre en colère! Et j’avais de la peine à contrôler le mouvement: le matin c’était déjà arrivé et dans l’après-midi ça a failli arriver aussi. Je me suis dit: «Cette dernière attaque m’a terriblement affaiblie! Je n’ai pas la force de tenir le Pouvoir; c’est difficile d’être calme et de contrôler.» C’était ma première pensée. Alors j’insistais sur le calme. Hier après-midi, quand je suis montée pour marcher, il s’est produit une ou deux choses – pas personnelles mais d’ordre général –, par exemple, à propos de certaines vieilles traditions vis-à-vis des femmes et de la nature particulière des femmes (pas psychologique: matérielle), comme cela, des vieilles idées qui m’avaient toujours paru absolument imbéciles mais qui, tout d’un coup, ont provoqué une sorte de réprobation tout à fait disproportionnée avec le fait lui-même. Et puis une ou deux autres choses sont arrivées à propos de certaines gens, certaines circonstances (tout cela, sans relation personnelle avec moi: ça venait comme ça, d’ici et de là). Et alors, tout d’un coup, j’ai vu venir une Force («venir», enfin se manifester) qui était la même que cette «chose» que j’avais sentie au-dedans de moi, mais alors encore plus grande, qui s’est mise à tourner comme cela sur la terre et dans les circonstances... oh! avec une... comme un ouragan de pouvoir compact. Et qui allait, et qui avait des intentions – que tout cela, ça change! Il fallait que ça change. A tout prix il faut que ça change! J’étais là-haut comme d’habitude (Mère fait un geste au-dessus de sa tête, pour désigner la conscience d’en-haut), je regardais ça (Mère se penche comme pour regarder la terre en dessous), et je me disais: «Tiens, ça commence à être dangereux. Si ça continue comme cela, ça finira par... par une guerre ou une révolution ou une catastrophe, un raz de marée ou un tremblement de terre.» Alors j’ai essayé de ramener la conscience la plus haute, celle de la sérénité parfaite, et surtout je voyais: c’était celle qui a reçu pour mission de transformer la terre au moyen du Supramental, de la Force supramentale, en évitant autant que possible toutes les catastrophes; faire l’Œuvre d’une façon lumineuse et harmonieuse, autant que la terre peut le permettre – même au besoin en allant moins vite. C’était cela, l’idée. Et j’ai essayé de contrebalancer cette espèce de tourbillon-là avec ça. (long silence) Je dois dire que, après cela, quand j’ai lu Le Secret du Véda comme je le fais tous les soirs... Je suis très en contact avec tout ce monde védique depuis que je lis ce livre: je vois des êtres, j’entends des phrases... Ça se meut dans une sorte de conscience subliminale, beaucoup dans la vieille tradition védique. (Et même, je me suis aperçue – c’est une parenthèse – que cette espèce de bain de marbre rose dont je t’ai parlé la dernière fois, que la Nature m’avait offert, cela appartenait au monde védique, à une civilisation de cette époque.) Et il y avait – il y a tout le temps – des mots sanscrits qui viennent, des phrases, des choses qui se répondent... Ça a son intérêt parce que, ce que j’avais vu l’autre jour et que je t’ai raconté, et puis ce que je voyais hier – tout ce domaine, tout cela –, j’ai vu que c’était en rapport avec ce que, dans le Véda, on appelle les dásyous (les panis et lesdasyus), les ennemis de la Lumière. Et cette Force qui venait, c’était très clairement une puissance comme celle (mais plus grande, plus formidable) comme celle d’Indra, mais quelque chose de plus-plus formidable que cela, et qui était en lutte contre tout ce qui était obscur partout, comme cela (Mère dessine en l’air un tourbillon de force qui va toucher des points ici et là à travers le monde), tout ce qui était obscur; chaque chose, les idées, les gens, les mouvements, les événements qui faisaient des taches – des taches d’ombre – étaient attaqués par cette Force. Et ça allait: une puissance formidable qui était tellement grande que mes mains en étaient comme ça(Mère tient ses deux poings serrés). Alors quand j’ai lu après (il se trouve que j’ai justement lu le chapitre qui concernait la lutte contre les dasyus), ce rapprochement m’a intéressée parce que l’expérience n’était pas du tout intellectuelle ni mentale – il n’y avait pas d’idée, il n’y avait pas de pensée. Le reste de la soirée s’est passé comme d’habitude. Je me suis couchée et, exactement à minuit moins le quart, je me suis levée avec l’impression que cette «présence» en moi s’était encore accrue et que c’était vraiment un peu formidable... J’ai dû mettre beaucoup de paix et de confiance dans mon corps qui avait l’impression que... ce n’était pas très commode à supporter. Alors je me suis concentrée, je lui ai dit d’être tranquille et de se laisser aller complètement. A minuit, j’étais dans mon lit. Et alors, de minuit à une heure... (je suis restée dans mon lit absolument éveillée; je ne sais pas si mes yeux étaient ouverts ou clos mais j’étais tout à fait éveillée, PAS EN TRANSE: j’entendais tous les bruits, les pendules, etc.), et alors (j’étais couchée à plat) tout le corps – mais un corps qui était un peu agrandi, c’est-à-dire que ça dépassait la forme purement physique – est devenu UNE vibration extrêmement rapide et intense, mais immobile. Je ne sais pas comment tu peux expliquer cela parce que ça ne bougeait pas dans l’espace, et pourtant c’était une vibration (c’est-à-dire que ce n’était pas immobile), mais c’était immobile dans l’espace. Et la forme exacte du corps: absolument la Lumière blanche la plus éclatante de la Conscience suprême – la conscience DU Suprême. C’était DANS le corps et c’était comme si dans CHAQUEcellule il y avait une vibration et que c’était tout d’un seul BLOC de vibration. Et ça dépassait à peu près comme ça: (geste débordant partout le corps de dix centimètres environ). J’étais absolument immobile dans mon lit. Et alors, ça, SANS BOUGER, sans se déplacer, a commencé à s’élever consciemment – sans bouger, n’est-ce pas: je restais comme cela (Mère tient ses deux mains jointes, immobiles, à hauteur du front, comme si tout son corps montait en prière) – consciemment, comme une ascension de cette conscience vers la Conscience suprême. Le corps était à plat, comme ça. Et pendant un quart d’heure, ça a monté, monté, sans bouger. La conscience a monté comme ça, monté, monté, monté – monté jusqu’à ce que... la jonction s’est faite. Une jonction absolument éveillée, consciente: PAS DE TRANSE. Et alors la conscience est devenue la Conscience UNE, parfaite, éternelle, hors du temps, hors de l’espace, hors du mouvement, hors de... hors de tout, dans une... je ne sais pas, une extase, une béatitude, quelque chose d’innommable. (silence) C’était la conscience DU CORPS. Cette expérience-là, je l’ai eue en extériorisation et en transe; mais cette fois-ci c’était LE CORPS, la conscience du corps. C’est resté comme cela pendant un certain temps (j’ai su que c’était un quart d’heure à cause de la pendule qui a sonné), mais, n’est-ce pas, c’était tout à fait hors du temps. C’était une éternité. Et alors, avec la même précision, le même calme, la même conscience voulue, claire et concentrée (absolument RIEN DE MENTAL), j’ai commencé à redescendre. Et à mesure que je redescendais, je me suis aperçue que toute cette difficulté avec laquelle je me battais l’autre jour et qui a créé cette maladie: ab-so-lu-ment terminée, ANNULÉE – la maîtrise. Pas même maîtrise, n’est-ce pas, l’inexistence de quoi que ce soit qu’il y ait à maîtriser: simplement, LA vibration, du haut en bas. Et il n’y avait plus ni haut ni bas ni tout ça. Ça a duré comme cela. Et alors, après cela, lentement, toujours SANS BOUGER, tout est rentré dans chacun des différents centres de l’être. (Ah! j’ouvre une parenthèse pour dire que ce n’était pas DU TOUT la montée d’une force comme la montée de la Koundalini, ça n’avait rien à voir avec cela, absolument rien à voir avec la Koundalini et les centres, ce n’était pas du tout cela.) Mais en redescendant, c’est comme si, SANS QUITTER CET ÉTAT-LÀ, sans quitter cet état qui est resté CONSCIENT TOUT LE TEMPS, cette suprême Conscience a commencé à remettre en mouvement ou en activité les différents centres: ici d’abord (Mère touche le centre au-dessus de la tête), puis là, là, là (Mère touche le sommet de la tête, le front, la gorge, la poitrine, etc.). A chacun, il y avait une pause, en ce sens que cette nouvelle réalisation organisait tout ce qui était là. Elle organisait et prenait les décisions nécessaires (même en détail: quelquefois de tout petits détails, comme ce qu’il faut faire dans ce cas-ci, ce qu’il faut dire dans ce cas-là), tout ça ENSEMBLE – d’un seul coup, pas l’un après l’autre –, entièrement vu ensemble, d’un seul coup. C’est descendu (il y a des choses que j’ai notées, c’était très intéressant), c’est descendu comme cela de plus en plus, de plus en plus, de plus en plus – jusqu’en bas. Et tout est resté en même temps, simultané; et en même temps cette Conscience suprême organisait séparément. Cette réorganisation descendante s’est terminée exactement à une heure, quand la pendule a sonné 1 heure. Et alors, à ce moment-là, j’ai su qu’il fallait entrer en transe pour que le travail soit parfait (mais jusque là j’étais absolument éveillée). Alors j’ai coulé dans la transe. Et de cette transe, je suis sortie à 3h du matin, deux heures après. Et pendant ces deux heures, j’ai vu, ALORS avec une nouvelle conscience, une nouvelle vision, ET SURTOUT UN NOUVEAU POUVOIR, j’ai eu la vision de tout le Travail: tous les gens, toutes les choses, toutes les organisations, tout. Et c’était... c’était différent en apparence (mais ça, c’est seulement parce que les apparences dépendent des nécessités du moment), mais c’était surtout différent EN POUVOIR – ça, considérable. Considérable. C’était le pouvoir qui n’était plus le même. Et vraiment, un changement ESSENTIEL dans le corps. Je vois qu’il faudra qu’il... (comment dire?) qu’il s’habitue, qu’il s’accoutume à ce nouveau Pouvoir. Mais enfin, essentiellement, le changement est accompli. Ce n’est pas – c’est loin, très loin d’être le changement final, il s’en faut de beaucoup. Mais on peut dire: c’est la présence consciente et totale de la Force supramentale dans le corps. (silence) Tout cela, je me le suis dit, ou plutôt je me le suis redit quand je me suis levée ce matin et ma première impression était de ne pas en parler, de regarder et de voir ce qui allait arriver, lorsque j’ai reçu un Ordre tout à fait précis de te le dire à toi, ce matin. Il fallait que ce soit noté tel que ça s’était passé, pour que ce soit gardé exactement comme ça. Voilà. Alors maintenant, dans ce corps, il y a très clairement la... pas seulement une certitude, une espèce de sensation (c’est feeling) qu’une certaine toute-puissance n’est pas loin: que bientôt, quand il verra («il» verra... n’est-ce pas, «il»! il n’y a plus qu’un «Il» dans toute cette affaire – qui n’est ni «il» ni «elle» ni...) verra que telle chose doit être, automatiquement ce sera. C’est encore un long-long chemin. Mais le premier pas est sur la route. Voilà.
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