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08.10.2017, 22:07 | |
1961.12.16
Voilà mon machin «originel» – pas original. C’est pour le premier janvier. Un jour... (je suis en train de traduire le dernier livre de La Synthèse des Yoga, «la perfection de soi» – ça vous plonge dans des abîmes...) et un jour (je crois que je te l’ai dit), j’ai eu la vision de l’écart entre, même pas ce qui doit être parce que ça, probablement, nous n’en avons pas la moindre idée, mais ce que l’on voudrait être, ce que l’on conçoit, et puis ce qui EST – c’était si affreux! que le corps s’est mis, oh! dans une... à la fois une angoisse, une horreur, et puis une intensité d’aspiration, et une prière. N’est-ce pas, l’impression que c’était tellement formidable: «Est-ce que c’est possible?» C’était comme cela. Alors j’ai pris un crayon pour calmer ce corps, et j’ai écrit. J’ai écrit: «Mon être a soif (à dire vrai, je voulais écrire «ce corps a soif») de perfection, non pas cette perfection humaine (il faut te dire que toutes les choses que je traduis s’accompagnent au fur et à mesure d’un ensemble de circonstances extérieures qui sont ÉVIDEMMENT arrangées en détail pour illustrer cette traduction: tout un ensemble de circonstances, assez déplaisantes d’ailleurs, mais qui servent d’arrière-fond et d’illustration en même temps. C’est cela qui avait amené cette angoisse)... «Ce corps a soif de perfection, non pas cette perfection humaine qui est une perfection de l’ego (j’avais le sentiment que tout ce que les êtres humains conçoivent comme perfection, c’est tellement clairement l’ego qui veut se magnifier pour sa plus grande gloire)... Non pas cette perfection humaine qui est une perfection de l’ego et barre le chemin à la perfection divine, mais une perfection (ces «perfections» répétées, c’est exprès: c’est comme une litanie)... mais une Perfection qui PUISSE manifester sur terre la Vérité éternelle.» C’était ce besoin-besoin... Toutes les cellules du corps commençaient à vibrer comme ça, à s’intensifier dans une vibration – c’était une nécessité, n’est-ce pas, c’était beaucoup plus qu’un besoin: une nécessité de vibrer à l’unisson de la Vérité. C’était comme si la vibration de la Vérité était perçue par les cellules, et alors tout le corps était dans un état de tension complète – ce n’était pas «tension» au sens ordinaire, c’était comme quand on... on essaie d’accorder une note pour qu’elle soit juste. C’était ça. C’était trouver l’accord juste de vibration avec la Vibration de la Vérité. Mais ça, on ne peut pas le mettre sur le papier! J’ai laissé cette note, je n’en ai rien fait (parce que c’était extrêmement intense), et je l’ai mise là, de côté. Et puis, tout dernièrement, on a parlé du premier janvier. Je me suis dit: «Diable! mais qu’est-ce que je vais leur dire?» (j’ai l’habitude de leur lire quelque chose). Qu’est-ce que je vais leur lire?... J’ai pensé à ce texte: je vais changer un peu ce griffonnage, je vais «l’humaniser» (!) le faire descendre de quelques échelons (souriant), et puis ça ira. Alors j’ai écrit: NOTRE ÊTRE a soif de perfection..., etc.» Dans l’expérience, c’était seulement LE CORPS, tu comprends (l’autre était déjà très bien), c’est ce corps qui est dans cet état. Tout le reste est très content – très content, dans une joie et une eurythmie perpétuelles, comme ça (geste comme de grandes ondes), avec le sentiment de l’Amour divin (pas en tant qu’Amour... je ne sais pas comment dire). Cet Amour qui n’a pas d’objet et qui n’est ni «origine», pour ainsi dire, ni «reçu» – qui n’a pas d’objet, pas de cause et pas d’origine. C’est ce sentiment qu’on flotte dans quelque chose. Tout ça, ça va. Mais le corps est misérable. Seulement, pour les gens, si je leur dis ça, ils ouvrent des yeux ronds! Ça n’a pas de sens pour eux – déjà, pour eux, avoir l’idée qu’il y a une perfection quelque part, qu’on peut l’attraper, c’est... c’est beaucoup! Alors j’ai mis: «Notre ÊTRE a soif de perfection.» En anglais, c’est mieux: «We thirst for perfection, not this human perfection which is the perfection of the ego and bars the way to the divine Perfection, but that one perfection which has the power to manifest upon Earth the eternal Truth.» C’est plus fort. Parce que c’est venu en anglais d’abord, puis j’ai «rabiboché» mon français! (silence) L’état de flemme aiguë continue! Enfin, voilà mon petit... nous n’avons rien fait. Il y a ce Bulletin. Tu as apporté quelque chose? Le Bulletin, si ça t’amuse? Tu veux un peu de musique, non? (A mi-voix:) Oui. Ah! voyons, nous allons jouer aux préférences! Qu’est-ce que tu préfères? Franchement, tout à fait franchement? A quel point de vue? Bulletin ou musique. Ah! ce que je préfère? Ou-ui! Eh bien évidemment... Sérieusement, c’est le Bulletin, et «comme ça» c’est la musique. Ah! c’est ça! Mais «sérieusement», ça fait rien! Ça, c’est le sens du devoir (rires). Je n’appelle pas ça préférer! (Mère se lève pour aller à l’harmonium) Entre nous, ce que j’appelle préférer, c’est... c’est cette espèce d’inclination de l’âme, comme ça, qui est très... très tranquille – qui a l’impression que ce serait mieux. Mais moi, je crois – je te le demande mais je sens que c’est la musique! (rires) Ça [le Bulletin], c’est un peu barbant, non? Non, ce n’est pas barbant! C’est autre chose. (Riant) Le sens du devoir, il n’y a rien de plus embêtant que le sens du devoir! (Mère se met à l’harmonium, joue, puis se retourne à demi sur son tabouret pour raconter:) Je ferme les yeux (c’est comme ça que j’entends le mieux) mais alors, quelquefois, mes doigts se trompent: ils glissent. Parce que je vois... avec d’autres yeux, et alors quand ça marche comme cela et que je vois, la musique vient beaucoup mieux. Quand j’ouvre les yeux, ça ne vient pas. Quand j’entends clair-clair, c’est toujours avec les yeux fermés. Mais mes doigts, ici, glissent. Ça vient tout le temps, tout le temps (Mère dessine de grandes ondes). Il y a quelqu’un qui me joue. Et alors si les mains sont TOUT À FAIT dociles, ça va bien. Mais il suffit d’une toute petite, toute petite hésitation, là, alors les doigts glissent et ça fait une fausse note. Et maintenant c’est tout déclenché et ça vient comme ça (geste, comme un ruissellement d’ondes). Et ça dit tout le temps quelque chose. Je ne sais pas OUI vient. L’année dernière, il y avait un conflit entre Krishna d’un côté, qui voulait (il venait, je le voyais), qui jouait, et puis quelqu’un qui était comme un esprit venant de Shiva, et ils se disputaient tous les deux tout le temps! L’un voulait que ce soit comme ça, et ça avait des colorations roses, et l’autre voulait que ce soit comme cela, et ça avait toutes les colorations bleues et argentées. Et puis tout d’un coup, quand je jouais (en fait quand j’ai joué la dernière fois, ça partait tout avec Krishna, ça marchait très bien), lorsque tout d’un coup est venu comme un coup de poing, tu sais, comme ça (geste qui frappe le bras), vrram! et puis j’ai perdu complètement l’équilibre – vraiment j’ai failli... Moi, je suis là à regarder, je m’amuse beaucoup! C’est très intéressant. (A Sujata) Tu vois, j’ai presque une marque au bras! Mais elles sont un peu trop conscientes, mes mains: de temps en temps leur propre conscience s’infiltre et ça fait du grabuge! Je ne suis pas assez médium (!) Si j’étais médium, ce serait beaucoup mieux. (Mère laisse courir ses mains sur le clavier) Il y avait là une main... et deux sortes de trompettes, qui faisaient 0-0h! (Mère joue) C’est très intéressant. (Mère fait mine de se lever) Voilà. Maintenant on n’a rien fait – il n’y a rien de plus agréable que de ne rien faire! (Puis Elle se remet à jouer longtemps et se ressaisit) Voilà. Bon. Notre prochain moment de paresse, quand est-ce? (rires) Oh! on peut s’amuser, non? C’est monotone là (geste derrière la porte, les gens qui attendent). Il faut s’amuser un peu. Je ne sais pas si ça vous amuse, mais en tout cas, moi, ça m’amuse!
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