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12.09.2017, 11:02 | |
1961.10.15 (1) 1961.10.15 (2)
Tu m’as fait faire une expérience très curieuse. La première fois que tu as lu ton manuscrit, j’ai appelé Sri Aurobindo pour qu’il écoute, et il était dans le physique subtil et il écoutait. Hier, quand je me suis assise pour t’écouter, j’ai pensé: «Ce serait beaucoup mieux s’il entrait dans mon cerveau (!) parce que comme cela...» Et en effet, je l’ai appelé: il est entré dans mon cerveau. Ça a pris un certain temps; pendant tout le commencement, il y avait encore les deux, puis il est venu de plus en plus, de plus en plus, de plus en plus... c’était comme si ma tête – ma tête physique – gonflait! Il n’y avait plus de place que pour lui. C’était la lumière... cette lumière bleu foncé qui est le pouvoir mental (mais du vrai mental) dans le physique, celui dont se servent les tantriques et qu’on voit toujours avec l’action de X, mais alors comme je ne l’ai jamais vue! Tu sais, ma tête était pleine! pleine-pleine. Il n’y avait pas un atome de place – j’avais même l’impression que ça gonflait! Et cette lumière était ab-so-lu-ment immobile, sans vibration, absolument compacte, et... cohérente; c’est-à-dire que toujours quand, par exemple, je vois la lumière de X, il y a des vibrations dedans: ça vibre, ça vibre, il y a des choses qui se déplacent; là, pas une vibration, pas un déplacement: une MASSE, qui semblait éternellement immobile, mais qui était (comment dire?) attentive: elle écoutait. C’était comme cela, c’était un volume. Et cela avait une forme de tête, comme si «ça» avait pris toute la tête. Et ma tête était tellement pleine, tellement pleine! Mais il n’y avait pas d’impression de tension ou de quelque chose qui résistait, rien: c’était seulement comme un sorte d’éternité immobile – et COMPACTE, compacte, et absolument cohérente, et pas de vibrations. Et ça augmentait – ça augmentait, ça augmentait de plus en plus; ça en devenait lourd, mais d’une lourdeur tout à fait particulière: pas un poids, c’était le sentiment d’une masse. Et là-dedans, moi je n’existais plus. C’était comme si j’avais disparu dans une sorte de transe – mais j’étais consciente (mais ce n’était pas moi), n’est-ce pas, la conscience était consciente de ce dont il était conscient. Et il suivait. Seulement je n’ai pas pu me souvenir; je ne pouvais pas observer, il était impossible d’observer sur le moment. Tout ce que je te décris maintenant, c’est parce que l’expérience est restée pendant au moins une heure et demie après. Alors, quand je suis sortie d’ici, j’ai commencé à objectiver, à voir ce que c’était, autrement c’était un ÉTAT dans lequel je me trouvais. Mais dans cet état, il y avait la conscience de ce qu’il écoutait et, à deux ou trois endroits de ta lecture, il y a eu une impression, comme s’il disait (je ne peux pas dire exactement mais l’impression): Not necessary [pas nécessaire]. C’est cela d’ailleurs qui m’a fait dire (quand tu m’as demandé mon avis, j’étais dans un état bizarre: il n’y avait rien d’actif en moi, c’était tout comme ça), après j’ai dit que ce passage était «trop philosophique». Avec lui, c’était très clair, c’était presque comme s’il y avait un certain nombre de mots [dans le texte du disciple] dont il disait: That, not necessary. That, not necessary. Pas beaucoup, pas souvent, mais de temps en temps. Et surtout à la fin (c’était encore lui qui était là quand tu parlais), quand tu as dit qu’il faut «expliquer» aux gens; alors là, très clairement, il a dit: No, not necessary. Mais j’étais dans l’incapacité de me souvenir, d’enregistrer. Il n’y avait plus que sa tête, là. C’est la première fois que cela m’arrive. Recevoir sa pensée (par exemple, penser sa pensée), cela m’arrive tout le temps, tout le temps, mais ce n’était pas cela: c’était une PRÉSENCE – une présence dans le crâne. Et mon crâne me paraissait peu à peu plus grand, mais alors lourd! lourd-lourd, d’une puissance inaccoutumée. Et ça m’est resté, oh! c’est resté longtemps-longtemps. Je n’ai jamais eu physiquement cela, jamais cette espèce de puissance, de puissance de force de pensée, n’est-ce pas, matérielle – la force de pensée matérielle dans le cerveau. On en voit des bouts. Je t’ai dit que je l’ai vu avec X souvent; je l’ai vu aussi avec un autre tantrique qui est venu ici (qui, paraît-il, est une grande réputation du Nord), j’ai vu cette espèce d’organisation très-très bien faite, du pouvoir mental – du pouvoir mental physique. Mais c’était toujours vibrant ou intermittent, ou partiel, ou des éclairs qui passent, ou des formations qui vont. Là, ce n’était pas cela: c’était un sentiment d’éternité. Et alors... Normalement, on aurait pu dire que j’étais en transe, mon corps; mais il pouvait bouger, il pouvait parler puisque je t’ai parlé – mais c’était tout de même une impression bizarre (que j’ai encore un peu): comme une tête trop grosse pour mon corps. Ce n’est pas pénible ou désagréable, mais c’est inaccoutumé. Après l’entrevue hier, je t’ai «envoyé» tout cela tout de suite dès que j’ai vu clair, que j’ai été capable d’objectiver (je ne t’ai pas écrit parce que je n’ai pas eu le temps, mais je t’ai «dit» tout cela), parce que j’avais l’impression que, naturellement, tu ne savais pas ce qui était arrivé et tu as peut-être pensé que je n’écoutais pas, ou je ne sais quoi! Non-non! J’ai senti que ce que j’avais écrit n’était pas ça. Mais c’était une expérience formidable, formidable! Et ça, vraiment, une preuve que ce livre l’intéresse. Mais tout le travail de ces huit derniers jours, il faut que je le refasse. Pourquoi? Ça ne te plaît pas? Ce n’est pas «ça». Il n’y a pas le fil. Tu sais, le premier jour, quand tu m’as lu, il était si content! Ce que je voyais, c’était sa force, sa force dedans, son pouvoir, et c’était doré aussi: il y avait une espèce de puissance de propulsion. Mais naturellement, pour ce que tu m’as lu hier, je ne peux pas savoir du tout parce que j’étais un peu dominée par cette expérience! – c’est la première fois que j’ai eu cela. Il y a longtemps, longtemps que je demande... Quand je dis: «Seigneur, prends possession de ce cerveau», j’attendais quelque chose comme cela, mais alors je l’attendais avec la lumière supramentale (je l’ai eu partiellement et momentanément). Mais ça, c’était vraiment – je ne sais pas ce qu’il a fait de mon cerveau! (pas mon cerveau, mais ce qu’il a fait de ma puissance mentale). À ce moment-là, probablement il l’a absorbée (je suppose, parce qu’il n’y avait pas le sentiment d’une différence). J’avais l’impression que... (je pense que ça va arriver d’ailleurs, j’ai eu une sorte d’assurance que cela arrivera) que les cellules physiques, matérielles, vont se développer et se transformer à cause de cela. Parce que maintenant que je t’en parle, je regarde et je vois (ça n’a plus cette puissance dominante, mais c’est là, et l’effet est là), et ça donne une sorte de... (ce n’est pas comparable à nos choses physiques)... c’est une sorte de chaleur. Mais ce n’est pas ça. Tiens, c’est la différence entre les deux mots anglais warmth et heat: c’est warmth, ce n’est pas heat. Et toutes les oreilles sont prises (Mère touche sa tête), tout est pris, ici, là, là – considérable! Et cette immobilité! Alors dès qu’on s’arrête, c’est l’immor... (Mère se reprend), c’est l’éternité. Ça, c’est vraiment amener ÇA ici.1 Mais alors, tu me lis la suite ou pas? Non, douce Mère, j’ai l’impression qu’il faut que je refasse tout cela. Je n’ai pas le fil. J’ai des bouts ici et là, des petits morceaux – je n’ai pas le fil. Est-ce que c’est très nécessaire, le fil? Parce que la dernière fois (je ne peux pas dire exactement puisque je ne peux pas me souvenir), mais j’avais l’impression que Sri Aurobindo intervenait chaque fois qu’il y avait toutes les cohérences de l’intelligence habituelle, tout ce que, justement, probablement, tu as mis comme ça pour joindre les choses et les rendre compréhensibles. C’était là que... (je ne peux pas me souvenir des mots), mais de temps en temps il disait: Not necessary, not necessary. That can go, that can go. [Pas nécessaire, cela peut s’en aller] Après cela, j’ai essayé de comprendre (j’ai essayé de m’identifier suffisamment pour comprendre) et j’ai eu l’impression qu’il trouve que si tu ne suis pas la logique habituelle, ce sera beaucoup plus puissant (je brode parce que ce n’était pas comme cela), mais si tu veux, il vaut mieux être prophétique que didactique – lancer les idées comme ça, ploff! et puis, que les gens en fassent ce qu’ils peuvent. Et alors, mon impression, c’était qu’il regardait cela non seulement du point de vue essentiel mais du point de vue du public, et il voulait que ce ne soit pas fatigant – à aucun prix que ce soit fatigant. Ça peut être ahurissant, mais il ne faut pas que ce soit fatigant. Il faut qu’on soit comme jeté dans des choses... étranges et inconnues, mais... Par exemple (tout ça, c’est mon style à moi, tu le prends pour ce que ça vaut), qu’il vaudrait mieux que les gens disent: «C’est un fou», que de dire: «C’est un sermonneur embêtant.» Toujours avec son esprit d’humour comme quand il dit que la folie est beaucoup plus proche du Divin que la raison! Je ne sais pas, je n’ai pas entendu le commencement, mais certainement tout ce qui a trait aux événements physiques [de la vie de Sri Aurobindo] va être très raisonnable et très normal (le style et l’expression et tout cela), alors il n’y a pas tout à fait de danger que les gens disent: «C’est un illuminé un peu détraqué»!... Je ne sais pas, la première partie que tu m’as lue était si bien! Il y avait comme des bouffées de lumière dorée qui venaient tout le temps comme ça. Peut-être que tu as voulu trop expliquer? Tu ne sais pas ce qui s’est passé? Si, justement, le besoin d’expliquer. Il a l’air de trouver que ce n’est pas nécessaire! Et surtout, il voudrait que cette fin soit courte. Ça, je l’ai senti dès le premier jour: que la fin soit comme un jaillissement qui vous laisse en suspens – surtout ne pas essayer d’être raisonnable. Un jaillissement qui est comme une porte ouverte sur un avenir très lumineux, et très inconnu, mais qui n’essaye pas de le rendre tangible et approchable. Ça, je suis sûre de cette impression-là. Tu sais, tout à fait l’impression: une porte fermée (les gens vivent derrière des portes, n’est-ce pas), alors on ouvre la porte comme ça, brusquement, sur un éclatement de lumière, et puis... on vous laisse là: asseyez-vous, regardez, contemplez – et attendez que le moment soit venu pour marcher. Surtout, ne pas avoir l’ambition de leur faire savoir quoi que ce soit! Mais le travail de Sri Aurobindo, ce qu’il est venu faire: son travail, il faut bien leur faire comprendre ça! Mais c’est vraiment ça qu’il est venu faire – c’est comme... c’est comme un volcan la tête en bas. Une éruption, un éclatement. Alors il jette la semence, et ceux qui peuvent la ramasser, ils ont le lent et long labeur. (silence) Quand on suit la courbe de ce qu’il a écrit à la fin, on voit très clairement qu’après avoir jeté (oui, c’est comme une grande semence de lumière) et même après avoir dit: «C’est maintenant que ça se réalisera», à mesure qu’il continuait son travail, justement qu’il travaillait à la réalisation, il a vu de plus en plus toutes les étapes par lesquelles il fallait passer, et à mesure qu’il voyait cela, ce qu’il exprimait, c’était: «Ne croyez pas que ça va vous arriver tout d’un coup. Ne pensez pas que ce chemin est un miracle imédiat.» Et après avoir parlé de la descente du Supramental, il a dit qu’il fallait préparer un INTERMÉDIAIRE entre notre condition actuelle mentale (même le mental supérieur le plus élevé) et la région supramentale, parce qu’il disait que si on entre directement dans la Gnose, eh bien, cela fera une sorte de changement si abrupt que la constitution de notre être physique ne pourrait pas le supporter – il faut un intermédiaire. Ça, j’en suis absolument convaincue par les expériences que j’ai eues: deux fois, cela a été une véritable prise de possession du monde supramental, et les deux fois c’était comme si le corps – vraiment le corps physique – allait être complètement désagrégé par... ce qu’on pourrait presque appeler l’opposition de condition. Et hier encore j’ai bien vu... (Mère touche cette masse dans sa tête) N’est-ce pas, j’en ai les yeux... les yeux sont pleins, tu sais, comme ça. Et je vois qu’à mesure que ça travaille ici pour s’installer, ça produit cette petite vibration – ce pointillement de vibrations – qui semble être indispensable pour pouvoir entrer dans cette Matière. Mais ce qui est intéressant, c’est que ça n’a produit ni mal de tête, ni malaise, ni rien de ce genre; mais pas non plus une grande joie ou une grande satisfaction. C’est... (les mots que l’on emploie ont toujours l’air péjoratif, alors ça ne va pas), mais c’est quelque chose de si formidablement écrasant, n’est-ce pas, la différence entre notre fonctionnement habituel et ce fonctionnement-là, que, évidemment, il faut une adaptation. Et il disait toujours que, d’abord, l’adaptation sera une diminution, et ce n’est que petit à petit qu’on pourrait retrouver la pureté originelle. C’est ça. Mais tout cela, mon petit, ce n’est pas temps de le dire! Par exemple, je n’ai rien pour le prochain Bulletin; j’aurais pu donner de ces choses que tu as écrites [pour l’Agenda] – ce n’est pas possible, cela NE PEUT PAS! Ça ne peut pas être rendu public, ce n’est pas possible, ce n’est pas le moment, ce n’est pas le moment. Même les choses les plus simples que je dis, les gens ne les comprennent pas! J’ai vu, même Nolini, quelquefois il reste hésitant, il ne saisit pas. Alors tu comprends, le public! (silence) Au fond, c’est cela. Ce qu’il a fait c’est ça: c’est comme s’il avait déversé sur le monde, avec la puissance de l’Origine, la nouvelle Possibilité: «Le temps est venu pour ÇA», ploff!... Maintenant, restons tranquilles et voyons comment ça se comporte. (silence) N’est-ce pas, il est tellement LÀ. Il y a un ou deux jours, ou trois jours, dans l’un de ces moments où on est un peu idiot («un peu» est un diminutif!) je me disais: «Oui, comme c’était bon le temps où je le sentais avec moi tout le temps comme ça. Maintenant que je suis dans cette période, je ne le sens plus.» Et alors, si clairement, d’une façon si positive, il m’a dit: You don’t feel me, because I am you.2 Et j’ai vu que c’était vrai. Que l’identification se fait d’une façon si... détaillée, pourrait-on dire, qu’on n’a plus cette joie – une joie de se sentir comme ça. (geste d’embrassement) (silence) Mais je comprends maintenant! Quand il me disait: You alone have the endurance,3 ah! mon petit, cette endurance qu’il faut! Alors comment parler de tout ça aux gens! Comment parler?... Ils sont à des millions de lieues. Simplement éveiller en eux l’espoir – l’Espoir. Un espoir basé sur une certitude – la certitude d’une expérience. N’est-ce pas, si on pouvait s’imaginer ça: le Suprême Lui-même qui vient et il dit: «Eh bien, voilà, maintenant je viens vous dire: c’est comme cela, préparez-vous.» Et toujours – toujours –, la première réaction des gens sur la terre a été de dire: «C’est un fou.» Mais qu’est-ce que ça peut faire! Et justement, le livre a toute une partie qui est suffisamment raisonnable, artistique, bien exprimée, bien présentée et tout cela, pour qu’il y ait quelques pages (il ne faut pas qu’il y en ait beaucoup), quelques pages qui soient comme cela: nous sautons en pleine folie! Et JE VOIS, n’est-ce pas, je suis en train de voir tout ça qui scintille... Alors si tu veux me lire quelque chose, j’écoute – je suis venue pour écouter. Non, douce Mère, il faut que j’attrape le fil. Il faut que tu attrapes... oui. Mais concentre-toi, appelle-le! Appelle-le. Fais une invocation, appelle-le – il est LÀ. C’est une question de contact. C’est ce fil-là qu’il faudrait attraper – pas dans la tête. Mais tu vois, justement, toujours avant de travailler je suis tout à fait silencieux, et dans le silence comme cela, il n’y a RIEN. Mais je peux rester des heures comme cela! Mais oui, mon petit! Mais il n’y a rien qui vient! Alors? Alors au bout d’un certain temps, parce que tout de même le temps passe, il faut que je travaille... Ah! mais peut-être que ce n’est pas le moyen! Alors évidemment j’attrape une idée – quelquefois c’est la bonne, quelquefois ce n’est pas la bonne! Ce n’est pas tant une question de bonne ou de pas bonne idée: c’est la vibration de la Force. Ce que j’en dis, c’est parce que je vois à quel point Sri Aurobindo a l’impression que ce livre est un outil important pour le travail mondial – il a pris cela, si tu veux, au sérieux, dès le commencement. Et il est LÀ au point qu’il me semble... il me semble que ce n’est pas du tout impossible que ce soit LUI qui POUSSE l’expression. Ce n’est pas tant une question d’idées, parce que tout ça c’est très bien. Lis-moi ta dernière page. Je ne tiens pas à la cohérence des idées, lis la dernière page pour que je voie si je sens cette même Force en elle. Oui, mais il faudra que je refasse tout ce qui précède. Tu vas tout refaire? Mais ça ne fait rien. Moi, tu sais, la logique d’un livre!... Tu sais, quand je veux avoir une VRAIE impression d’un livre, j’ouvre n’importe où, et puis je regarde la première page, la dernière page – quelquefois je lis la fin, puis je reviens au commencement –, n’importe quoi. C’est-à-dire que je veux savoir si la Force est dedans. La logique ordinaire... Lis! n’importe où, au milieu d’une phrase, ça ne fait rien!
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Il faut que tu sentes concrètement que tout le Pouvoir d’expression de Sri Aurobindo (je ne veux pas dire les mots, ce n’est pas une question de mots), le pouvoir de transmettre la Connaissance (pas la connaissance mentale: l’expérience), c’est là. C’est là constamment. Alors... un silence attentif. Mais très patient parce que dès que la Force vient, il y a quelque chose qui se met à bouger dans les régions mentales. Et puis il y a aussi une sorte de eagerness [anxiété, empressement] qui veut attraper – et qui démolit la chose. J’ai remarqué, la vraie inspiration vient, non pas quand on est très-très anxieux, ni quand on a une aspiration très intense, mais quand... (comment dire?) quand on succombe dans un sourire. Alors c’est le blanc, il ne vient rien. Et si on sait ne pas s’impatienter (simplement jouir de Sa béatitude, comme ça: même si les âges passent, on jouit de Sa béatitude), et puis tout d’un coup, au moment où on s’y attend le moins, c’est l’éclair: c’est ÇA! Ça m’est arrivé très-très souvent: tout d’un coup, poff! et avec, alors, une certitude! Bon.
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Nous sommes trop l’esclave du temps. Et ce n’est pas toujours quand on pense perdre son temps que vraiment ça va le plus lentement. Je me suis aperçue qu’il y a une certaine attitude – justement une attitude ouverte vers l’éternité – qui fait que les choses arrivent beaucoup plus vite. Beaucoup plus vite.
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