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07.08.2024, 12:15 | |
1967.04.05
(Puis Mère donne des roses au disciple et une guirlande de fleurs appelées «adoration») Tu veux ça? (Le disciple acquiesce sans enthousiasme) Mon petit! quand les cellules se mettent dans cet état-là, c'est admirable, tu ne peux pas t'imaginer! Ça change com-plè-te-ment la vie. Elles sont comme cela: l’émerveillement du premier Contact. «C'est possible? C'est possible que ce soit si beau que cela! C'est possible?», comme ça. Et tout le temps, tout le temps, à chaque moment, à propos de n'importe quoi: «C'est possible que ce soit comme ça?» Un tel émerveillement! Alors on voit la différence entre les vieilles habitudes de tout ce qu'on a fourré dans la tête des gens [renoncement, au-delà] – c'est merveilleux! c'est incroyable. Et encore toute la matinée, c'était comme cela... On sent un malaise (ça vient toujours du dehors, de ceci, de cela, à propos de ceci, à propos de cela; ça vient comme cela), alors imédiatement, imédiatement elles se souviennent. Elles se souviennent, elles disent: «Non! ce que Tu voudras Seigneur.» C'est ça, leur attitude, une attitude de don de soi si total! beaucoup-beaucoup plus total, beaucoup plus simple, beaucoup plus charmant que dans n'importe quelle partie de l’être. C'est: «Ce que Tu veux... Toi-Toi-Toi, ce que Tu voudras. Être... (pas être Toi avec l’idée d'agrandissement, mais) se fondre, se couler, disparaître en Toi comme ça.» Et alors: «Mais c'est Toi la réalité!» Et tous ces mots, ce sont des diminutions. Diminution, non pas de sensation: de conscience – c'est une merveille de conscience comme ça: «Toi-Toi... Mais Toi seul existes, Toi seul Tu es.» Et alors tous les malaises, toutes les douleurs, tout cela disparaît sans laisser de traces. C'est une merveille! on ne peut pas s'imaginer. Une fois, Sri Aurobindo a écrit quelque part, après une expérience comme celle-là de la Présence Divine dans l’être, il a écrit: If men knew how marvellous is the way... [si les hommes savaient comme le chemin est merveilleux] But they don't know [mais ils ne savent pas]. Il l’a écrit, je ne peux pas citer parce que je cite de travers, mais il a eu cette expérience: «Si les hommes savaient à quel point c'est merveilleux, ils n'hésiteraient pas une minute.» Maintenant, ils font encore des différences: la «vie spirituelle», la «vie ordinaire». Seulement, il faut avoir ce que j'ai eu quand j'étais toute jeune: le sens de la réalisation matérielle dans sa perfection la plus extrême, la volonté de perfection LÀ. Il faut avoir ça pour ne pas tout jeter en l’air et puis rester comme ça (geste béat), comme un idiot à ne rien faire. C'est cette vieille discipline qui fait que tout ce que je fais est fait automatiquement avec la volonté d'une perfection. C'est une vieille discipline. Autrement on serait là à rire à tout le monde et à toute chose: «Ayez mon expérience, vous verrez ce que ça vaut!» C'est vraiment intéressant. Puis Mère revient à sa note du début: Tu as lu sa question? Répète-moi la question. «...Nous avons discuté de l’avenir. Il m'a semblé que presque tous les professeurs étaient inquiets de faire quelque chose pour que les enfants deviennent plus conscients du pourquoi ils sont ici. À ce moment, j'ai dit qu'à mon avis, parler de choses spirituelles aux enfants, avait souvent un résultat contraire et ces mots perdaient toute leur valeur... Des «choses spirituelles», qu'est-ce qu'il entend par choses spirituelles? Si les professeurs débitent cela comme une histoire, évidemment... C'est ce qu'ils font d'ailleurs, souvent. Les «choses spirituelles»!... On leur apprend l’Histoire OU les choses spirituelles, on leur apprend la Science OU les choses spirituelles. C'est cela, l’idiotie! Dans l’Histoire, il y a l’Esprit; dans la Science, il y a l’Esprit – la Vérité est partout. Et ce qu'il faut, c'est ne pas l’enseigner d'une façon mensongère: l’enseigner d'une façon véritable. Ils ne peuvent pas faire entrer ça dans leur tête. «J'ai proposé, ajoute-t-il, qu'il serait peut-être mieux de se réunir pour entendre la voix de la Mère (les enregistrements des classes du mercredi et du vendredi), car même si l’on ne comprenait pas du tout, ta voix ferait son travail intérieur, que nous ne sommes pas à même d'apprécier. Je voudrais savoir à ce sujet quelle est la meilleure façon de mettre l’enfant en rapport avec toi? Car toutes les suggestions, y inclus la mienne, me semblent arbitraires et sans valeur réelle... Mère, ne vaudrait-il pas mieux que les professeurs se concentrent uniquement sur les sujets qu'ils enseignent, car la vie spirituelle, c'est toi qui s'en occupes?» Car? «Car la vie spirituelle, c'est toi qui s'en occupes.» Je vais lui répondre ça: il n'y a pas de «vie spirituelle»! C'est encore la vieille idée. Encore la vieille idée du sage, du yogi, du sannyasin, du... qui représente la vie spirituelle, et puis tous les autres représentent la vie ordinaire – et ce n'est pas vrai! ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai du tout. S'ils ont encore besoin d'une opposition entre deux choses (parce que le malheureux mental ne fonctionne pas quand on ne lui donne pas une opposition), s'ils ont besoin d'une opposition, qu'ils prennent l’opposition entre la Vérité et le Mensonge, c'est un peu mieux (je ne dis pas que ce soit parfait, mais c'est un peu mieux). Et alors, dans toute chose, il y a le Mensonge et la Vérité mélangés, partout; dans la soi-disant «vie spirituelle», chez les sannyasins, chez les swamis, chez ceux qui croient représenter la vie divine sur terre, tout cela, il y a aussi le mélange du Mensonge et de la Vérité. Il vaudrait mieux ne pas couper.. (silence) Pour les enfants, à cause même du fait qu'ils sont enfants, le mieux serait de leur inculquer la volonté de conquérir l’avenir; la volonté de regarder toujours en avant et de vouloir avancer aussi rapidement qu'ils peuvent vers... ce qui sera. Mais pas traîner avec eux le fardeau – les boulets – de tout un passé qui alourdit. C'est seulement quand on est déjà très haut dans la conscience et la connaissance qu'il est bon de regarder en arrière pour trouver les points où cet avenir a commencé à s'indiquer. Quand on peut regarder tout l’ensemble, quand on a une vision très générale, il y a intérêt à savoir que ce qui se réalisera en avant a été déjà annoncé en arrière; de la même façon que Sri Aurobindo a dit que «La vie divine se manifestera sur la terre parce qu'elle est déjà enfouie dans les profondeurs de la Matière». C'est à ce point de vue-là qu'il est intéressant de regarder en arrière ou de regarder tout en bas (pas pour savoir ce qui s'est passé ni pour savoir ce que les hommes ont su – c'est tout à fait inutile). Pour l’enfant, il faudrait lui dire: «Il y a des merveilles qui doivent être manifestées, prépare-toi à les recevoir.» Alors, s'ils veulent quelque chose d'un peu plus concret et d'un peu plus facile à comprendre, on peut leur dire: «Sri Aurobindo est venu annoncer ces choses; quand tu pourras le lire, tu comprendras.» Alors cela éveille l’intérêt et le désir d'apprendre. Je vois bien la difficulté à laquelle il fait allusion: la plupart des gens (et dans ce que l’on trouve écrit, ou dans les conférences que l’on fait ici), ils emploient des mots boursouflés... Oui. ... sans aucune vérité d'expérience propre, qui n'ont aucun effet. Qui ont plutôt un effet négatif. C'est à cela qu'il fait allusion. Oui. Mais c'est pour cela qu'il faudrait agir comme je l’ai dit. Ah! mais il n'y a pas encore si longtemps, la majorité des professeurs disait; «Oh! il faut que nous fassions ça parce qu'on fait ça partout.» Ils ont (souriant) déjà fait un peu de chemin. Mais il en reste beaucoup à faire encore. Mais surtout, ce qui est tout à fait important, c'est de supprimer cette division. Et tous-tous-tous, ils l’ont tous dans l’esprit! La division entre vivre d'une vie spirituelle ou vivre de la vie ordinaire, avoir une conscience spirituelle ou avoir une conscience ordinaire – il n'y a qu'une conscience! Dans la majorité des gens, elle est aux trois quarts endormie et déformée; dans beaucoup, elle est encore tout à fait déformée. Mais ce qu'il faut, tout simplement, ce n'est pas sauter d'une conscience dans l’autre: c'est ouvrir sa conscience (geste vers le haut) et la remplir des vibrations de Vérité, la mettre en harmonie avec ce qui doit être ici (là, c'est de toute éternité), mais ICI, ce qui doit être ICI: le demain de la terre. Et si vous vous alourdissez de tout un fardeau que vous devez traîner derrière... Tout ce qu'il faut que vous quittiez, si vous le traînez après vous, vous ne pourrez pas avancer très vite. Note que de savoir les choses du passé de la terre peut être très intéressant et très utile, mais ce ne doit pas être quelque chose qui vous lie ou vous attache en arrière. Si l’on s'en sert comme d'un tremplin, ça va bien. Mais au fond, c'est assez secondaire. Au point de vue individuel, il y avait un temps (c'était d'ailleurs assez général chez la plupart des gens qui s'occupaient des choses soi-disant occultes), où il paraissait d'un intérêt palpitant de savoir ses vies antérieures, de connaître ses expériences passées; mais dès que je suis venue ici et que j'ai compris ce que Sri Aurobindo a apporté, tout cela m'a paru absolument indifférent. Ce sont des curiosités enfantines. Ça ne vous aide d'aucune manière, et c'est seulement ou pour se glorifier ou pour s'amuser, mais c'est sans importance. Il y a encore des gens qui m'écrivent: «Voulez-vous me dire quelles ont été mes vies antérieures?» Je leur dis: «Ce n'est pas intéressant. C'est la vie que vous voulez réaliser qui est intéressante, pas les erreurs que vous avez commises dans le passé!» (silence) Ce serait intéressant de formuler ou d'élaborer une nouvelle méthode d'enseignement pour les enfants: les prendre tout petits. Tout petit, c'est facile. Il faut des gens (oh! il faudrait des professeurs remarquables), d'abord qui aient une documentation suffisante de ce que l’on sait pour pouvoir répondre à toutes les questions; et en même temps, au moins la connaissance sinon l’expérience (l’expérience serait mieux) de la vraie attitude intellectuelle intuitive et... (naturellement la capacité serait encore préférable), mais en tout cas la connaissance que la vraie manière de savoir, c'est le silence mental: un silence attentif tourné vers la Conscience plus vraie, et la capacité de recevoir ce qui vient de là. Le mieux serait d'avoir cette capacité; en tout cas, il faudrait expliquer que c'est la vraie chose, une sorte de démonstration, et que ça travaille non seulement au point de vue de ce qui doit être appris, de tout le domaine de la connaissance, mais aussi de tout le domaine de tout ce qui doit être fait: la capacité de recevoir l’indication exacte de COMMENT le faire, et à mesure que l’on avance, ça se change en une perception très claire de ce qui doit être fait, et l’indication précise de QUAND ça doit être fait. Il faudrait tout au moins que les enfants, dès qu'ils ont la capacité de réfléchir (ça commence à sept ans, mais vers quatorze-quinze ans, c'est très clair), il faudrait leur donner des petites indications à sept ans, une complète explication à quatorze ans, de comment faire, et que c'est l’unique moyen de pouvoir être en rapport avec la vérité profonde des choses; que tout le reste est une approximation mentale plus ou moins maladroite de quelque chose que l’on peut savoir directement. La conclusion, c'est que les professeurs devraient eux-mêmes avoir au moins un début sincère de discipline et d'expérience: qu'il ne s'agit pas d'accumuler les livres et puis de les redire comme ça. On ne peut pas être professeur comme cela – la terre tout entière est comme cela, il n'y a qu'à la laisser dehors être comme cela, si ça lui fait plaisir! Nous, nous ne sommes pas des propagandistes, nous voulons simplement montrer ce qui peut être fait, et essayer de prouver que ça DOIT être fait. Quand on a les enfants tout petits, c'est merveilleux! Là, il y a si peu de chose à faire: il suffit D'ÊTRE. Ne jamais se tromper. Ne jamais se fâcher. Toujours comprendre. Et comprendre et voir clairement pourquoi il y a eu ce mouvement, pourquoi il y a eu cette impulsion, quelle est la constitution intérieure de l’enfant, quelle est la chose qu'il faut fortifier et mettre en avant. Il n'y a que cela à faire, et puis les laisser; les laisser libres de s'épanouir, leur donner seulement l’occasion de voir beaucoup de choses, de toucher beaucoup de choses, de faire autant de choses que possible. C'est très amusant. Et surtout ne pas essayer de leur imposer ce que l’on croit savoir. Ne jamais gronder, toujours comprendre, et, si l’enfant est capable: expliquer. S'il n'est pas capable d'une explication (si l’on en est soi-même capable), remplacer la vibration fausse par une vibration vraie. Mais ça... ça, c'est demander aux professeurs une perfection qu'ils ont rarement. Mais ce serait très intéressant de faire un programme pour les professeurs et le vrai programme des études depuis tout en bas – qui est si plastique et qui reçoit les impressions si profondément! Si on leur mettait quelques gouttes de vérité quand ils sont tout petits, ça s'épanouirait tout naturellement à mesure que l’être croît. Ce serait du joli travail.
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