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27.11.2019, 11:18 | |
1963.08.28
J'ai reçu une lettre d'un de mes amis éditeur. Il me dit les vraies raisons pour lesquelles on a refusé mon manuscrit sur «Sri Aurobindo ou l’Aventure de la Conscience». Tiens-tiens! C'est intéressant. Tu veux que je te lise ça... (le disciple lit)... «Je vous avais déjà confié mes prévisions pessimistes. Quant aux motifs de la décision, nous en revenons toujours au même point: une volonté sincère (mais ambiguë) d'oecuménisme, une curiosité intellectuelle plus large que profonde, permettent à des mentalités comme celles qui donnent à notre maison sa direction et son visage d'accorder quelque attention à des exposés académiques sur des questions considérées (à tort en l’occurence) comme relevant de la fameuse «spiritualité orientale». Mais, dès qu'il s'agit d'exposés vécus de l’intérieur, les bonnes volontés rentrent dans leur coquille. La réaction s'aggrave encore si l’auteur est un «renégat», un Occidental passé à l’ennemi. (Croyez bien que j'en sais quelque chose!) J'insiste sur le fait que tout ce processus est non seulement involontaire, mais plus encore: inconscient (ce qui n'est pas une excuse, mais une circonstance aggravante). Le barrage qui se dressait devant votre premier manuscrit, s'est plutôt durci devant le second, nettement plus personnel, je veux dire moins «détaché», moins «objectif» encore que le premier – et plus ample. Par le biais de la littérature, vous pouviez faire passer ce que vous vouliez» Par le moyen de l’exposé direct, vous n'atteindrez – mais tant pis, ou tant mieux – que ceux qui cherchent. Notre maison et son public n'appartiennent pas, en ces matières, à la catégorie de ceux qui cherchent.» Il est conscient! C'est évident, je te l’ai dit tout le temps: ce n'est pas fait pour eux. Ceux qui cherchent, il n'y en a pas beaucoup. Ceux qui cherchent... vraiment, il n'y en a pas beaucoup. Je vois les lettres qu'on reçoit de ceux qui sont convaincus, non seulement qu'ils cherchent mais qu'ils ont trouvé... les lettres de prétendus disciples de Sri Aurobindo, qui viennent de là-bas, de France, d'Allemagne, d'Angleterre – comprennent pas, ils ne comprennent pas! Enfin ça ne fait rien, ce sera pour plus tard. Surtout, ils croient avoir tout compris. Ah! moins on sait, plus on croit que l’on sait. Oui, ils savent tout, on ne peut rien leur apprendre. Il faut qu'ils te renvoient tes manuscrits, les deux. Ce n'est pas la peine qu'ils moisissent là-bas. Mais on ne voit pas ce qui peut toucher ça? Non-non! ce n'est pas la peine d'essayer. Mais c'est quand même la peine au point de vue du Travail – comment est-ce qu'un jour ça entrera? Oh!... Tu te souviens de cet Aphorisme de Sri Aurobindo?... Moi, je comprends TRÈS BIEN ce qu'il veut dire. Ce sera le jour de la culbute. Un petit enfant... [76 – l’Europe se vante de son organisation et de son efficacité pratiques et scientifiques. J'attends que son organisation soit parfaite, alors un enfant la détruira.] Je n'ai pas voulu le commenter... Mais c'est vrai. Parce qu'ils sont imprenables. Ils sont imprenables, ces gens-là. Mentalement. Ce n'est pas mentalement qu'on peut les prendre. Mais comment?... C'est ou par la force – la force violente – ou alors un miracle (ce qu'ils appellent un «miracle»)... qui les laissera sidérés. Ce sont des gens tout à fait vulnérables (vulnérables, c'est-à-dire sans défense), à la force spirituelle. Le jour où elle se manifestera physiquement, ce sera la débâcle. Déjà ici, ces gens qui sont tellement habitués par leur tradition au Pouvoir, au vrai Pouvoir spirituel, déjà quand ça se manifeste un petit peu, ils... ils tremblent. Mais là-bas où ils le nient... c'est-à-dire qu'ils sont complètement sans défense. Je ne sais pas quand ça viendra – je ne sais pas, peut-être que ce ne sera pas bientôt –, mais je sais une chose, quand ça viendra, ce sera la panique – n'est-ce pas, LA Panique. Et alors, dans une panique, on peut faire quelque chose. (silence) En tout cas, ton livre va être publié ici, c'est-à-dire qu'il touchera les quelques-uns qui sont prêts – pas là-bas. Les Américains sont plus ouverts, parce qu'ils sont restés plus enfants – ils croient tout savoir au point de vue matériel, mais ils savent qu'il y a des choses qu'ils ne savent pas. Tandis que les autres... ils ont «dépassé les croyances religieuses enfantines», n'est-ce pas! Et ce n'est même pas vrai parce que dès qu'il y a un petit quelque chose qui bouge dedans (geste au centre du cœur), ils se replongent dans leur catholicisme. Enfin...
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