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24.11.2019, 18:00 | |
1963.08.24 (1) 1963.08.24 (2)
(Mère prépare un Aphorisme pour le prochain «Bulletin») Qu'est-ce qu'il y aurait comme Aphorisme? Il s'agit du «renoncement». Il y a cette chose que j'avais dite: l’acceptation et la lutte – les deux. Qu'est-ce qu'il dit sur le renoncement? 94 – Tout renoncement a pour but une joie plus grande pas encore conquise. Certains renoncent pour la joie du devoir accompli, d'autres pour la joie de la paix, d'autres encore pour la joie de Dieu, et certains pour la joie de se torturer eux-mêmes – renonce plutôt pour passer au-delà, dans la liberté et le ravissement immuable. Je n'ai jamais eu beaucoup cette expérience du renoncement... pour qu'il y ait renoncement, il faut tenir aux choses, et toujours il y avait cette soif, ce besoin d'aller plus loin, d'aller plus haut, d'aller mieux, de faire mieux, de savoir mieux et... au lieu d'avoir une impression de renoncement, on a plutôt l’impression d'un bon débarras! quelque chose dont on se débarrasse, qui vous encombre et qui vous alourdit, qui empêche la marche. Sur cette ligne-là, c'est intéressant. C'est ce que je t'écrivais l’autre jour [nous sommes encore tout ce que nous ne voulons plus être, et Lui, Il est tout ce que nous voulons devenir]. Ce que nous appelons «nous», dans notre stupidité égoïste, de l’ego, c'est justement tout ce que nous ne voulons plus être; et on serait si content de jeter tout ça, de se débarrasser de tout ça pour pouvoir être à même d'être ce que l’on veut être. C'est une expérience très vivante. (Mère demande au disciple s'il a préparé une question sur cet Aphorisme 94 – le «renoncement» – qui doit paraître dans le prochain Bulletin. Puis elle ajoute:) Je t'ai fait de grands discours là-dessus, mais je ne me souviens pas! (Riant) C'était la nuit, je t'ai fait tout un discours, et même, au milieu de la nuit, j'ai dit: «Tiens, c'est ce qu'il faut que je dise à Satprem demain»! Je te disais que le seul processus que j'ai connu, et qui s'est répété plusieurs fois dans ma vie, c'est de renoncer à une erreur. Quelque chose que l’on croit vrai – qui probablement a été vrai pendant un certain temps –, sur quoi l’on fonde en partie son action, et qui, en fait, n'était qu'une opinion. On pensait que c'était une constatation véridique avec toutes ses conséquences logiques, et l’action (une partie de l’action) était fondée là-dessus, et tout le déroulement était automatique; et soudain, une expérience, une circonstance, ou une intuition, vous met en garde que votre constation n'est pas aussi vraie qu'elle en avait l’air (!) Alors il y a toute une période d'observation, d'étude (ou quelquefois ça vient comme une révélation, une preuve massive), et alors ce n'est pas seulement l’idée ni la fausse connaissance mais toutes les conséquences qui doivent être changées, peut-être toute une manière d'agir sur un point quelconque. Et à ce moment-là, il y a une sorte de sensation, quelque chose qui ressemble à une sensation de renoncement; c'est-à-dire qu'il faut défaire tout un ensemble de choses qui avaient été bâties – quelquefois ce peut être assez considérable, quelquefois c'est une toute petite chose –, mais l’expérience est la même: c'est le mouvement d'une force, d'un pouvoir qui dissout, et il y a la résistance de tout ce qui est à dissoudre, de toute l’habitude passée. Et c'est le contact de ce mouvement de dissolution avec la résistance correspondante, qui doit se traduire dans la conscience ordinaire humaine par le sentiment de renoncement. J'ai vu cela tout dernièrement; c'est insignifiant, ce sont des circonstances qui n'ont aucune importance en elles-mêmes (c'est seulement dans l’ensemble de l’étude que c'est intéressant). C'est le seul phénomène qui s'est répété plusieurs fois dans ma vie et que je connais bien à cause de cela. Et à mesure que l’être progresse, la puissance de dissolution augmente, devient de plus en plus imédiate, et la résistance diminue. Mais j'ai le souvenir de l’époque où il a eu le maximum de résistances (c'était il y a plus d'un demi-siècle) et ce n'était jamais que cela: c'était toujours quelque chose en dehors de moi – pas en dehors de ma conscience mais en dehors de ma volonté –, quelque chose qui résiste à la volonté. Je n'ai jamais eu l’impression d'avoir à renoncer mais j'ai eu l’impression d'avoir à presser sur les choses pour les dissoudre. Tandis que maintenant, de plus en plus la pression est imperceptible, c'est imédiat: dès que la Force qui dissout tout un ensemble se manifeste, il n'y a pas de résistance, tout se dissout; et au contraire, il y a à peine un sentiment de libération – il y a quelque chose qui est encore amusé et qui dit: «Ah! encore! que de fois on se limite...» Que de fois on croit que l’on avance constamment, sans heurts, sans arrêt, et que de fois on se met une petite limite devant son action (ce n'est pas une grosse limite parce que c'est une toute petite chose dans un immense tout, mais c'est une limite). Et alors, quand la Force agit pour dissoudre la limite, au début on se sent libéré, on a une joie; mais maintenant ce n'est même plus cela: c'est un sourire. Parce que ce n'est pas le sentiment d'une libération, c'est tout simplement comme on enlève une pierre sur le chemin pour pouvoir passer. C'est à peu près ce que je t'ai dit la nuit dernière, mais alors avec toutes les illustrations! Il faudrait des pages, tu comprends! (Riant) C'est pour cela que les illustrations sont parties, autrement ça ferait un volume. Il y avait toutes les explications, tous les détails. Cette idée de renoncement ne peut venir que dans une conscience égocentrique. Naturellement, les gens (que j'appelle tout à fait primaires) tiennent aux choses – quand ils ont quelque chose, ils ne veulent pas le lâcher! Ça me paraît tellement enfantin!... Ceux-là, s'ils doivent le donner, ça fait mal! Parce qu'ils s'identifient aux choses qu'ils tiennent. Mais c'est un enfantillage. Le vrai processus derrière, c'est... the amount, la quantité de résistance dans les choses formées sur une certaine base de connaissance – qui était une connaissance à un moment donné, qui ne l’est plus à un autre –, une connaissance partielle, pas fugitive mais impermanente; il y a tout un ensemble de choses construites sur cette connaissance et ça résiste à la Force qui dit: «Non! ce n'est pas vrai, (riant) votre base n'est plus vraie, on l’enlève», et alors, ah! ça fait mal – c'est cela que les gens sentent comme un renoncement. Ce qui est difficile, ce n'est pas vraiment de renoncer, c'est d'accepter... [Mère sourit] quand on voit la vie telle qu'elle est maintenant. Mais alors, comment, si on accepte, comment vivre au milieu de tout ça et avoir ce «ravissement immuable» – le ravissement immuable, pas là-bas, mais ici? C'est mon problème depuis des semaines. J'en suis venue à cette conclusion: en principe, c'est la conscience et l’union avec le Divin qui donnent le ravissement (c'est le principe), par conséquent la conscience et l’union avec le Divin, que ce soit dans le monde tel qu'il est ou dans la construction d'un monde futur, doivent être les mêmes – en principe. C'est ce que je me dis tout le temps: «Comment se fait-il que tu n'aies pas ce ravissement?» Je l’ai: au moment où toute la conscience est centralisée dans l’union, à n'importe quel moment, au milieu de n'importe quoi, avec ce mouvement de concentration de la conscience sur l’union, le ravissement vient. Mais je dois dire qu'il disparaît quand je suis dans ce... c'est un monde, mais un monde très chaotique, de travail, où j'agis sur tout ce qui m'entoure, et nécessairement je suis obligée de recevoir ce qui m'entoure de façon à pouvoir agir dessus. Je suis arrivée à l’état où toutes les réceptions, même celles que l’on considère comme les plus douloureuses, me laissent absolument tranquille et indifférente – «indifférente», pas une indifférence inactive: sans réaction pénible d'aucun genre, absolument neutre (geste tourné vers l’Éternel), d'une égalité parfaite. Mais dans cette égalité, il y a la connaissance précise de ce qui est à faire, ce qui est à dire, ce qui est à écrire, ce qui est à décider, enfin tout ce que comporte l’action. Tout cela se passe dans un état de neutralité parfaite, avec le sens du Pouvoir en même temps: le Pouvoir passe, le Pouvoir agit, et la neutralité reste – mais il n'y a pas le ravissement. Je n'ai pas l’enthousiasme, la joie, la plénitude de l’action, pas du tout. Et je dois dire que l’état de conscience de ce ravissement serait dangereux dans l’état du monde tel qu'il est... Parce que ça a des réactions presque absolues – je vois que cet état de ravissement a un pouvoir FOR-MI-DA-BLE. Mais j'insiste sur le mot «formidable» dans le sens que c'est intolérant, ou intolérable (plutôt intolérable) pour tout ce qui n'est pas semblable! C'est la même chose, ou presque (pas la même tout à fait mais presque), la même chose que l’Amour divin suprême: la vibration de cette extase, ou de ce ravissement, est un petit début de la vibration de l’Amour divin, et ça, c'est absolument... oui, il n'y a pas d'autre mot, c'est intolérant dans le sens que ça n'admet pas la présence de quelque chose qui est contraire. Alors, ça aurait des résultats effroyables pour la conscience ordinaire. Je le vois bien parce que, quelquefois, cette Puissance vient – cette Puissance vient... on a l’impression que tout va éclater. Parce que ça ne peut tolérer qu'une union, ça ne peut tolérer que la réponse qui accepte – qui reçoit et qui accepte. Et ce n'est pas une volonté arbitraire: c'est DU FAIT MÊME de son existence qui est toute-puissante – «toute-puissante», pas de la façon dont l’homme comprend la toute-puissance: une toute-puissance réellement. C'est-à-dire qu'elle existe entièrement, totalement, exclusivement. Elle contient tout, mais ce qui est contraire à sa vibration est obligé de se changer, n'est-ce pas, puisque rien ne peut disparaître; et alors ce changement imédiat, brutal pour ainsi dire, absolu, dans le monde tel qu'il est, c'est une catastrophe. Voilà la réponse que j'ai reçue à mon problème. Parce que c'était ça, je me disais: «Pourquoi, moi qui suis...?» À n'importe quelle seconde je n'ai qu'à faire comme cela (geste vers le haut) et c'est... il n'y a plus que le Seigneur, tout est ÇA – mais d'une façon si absolue que tout ce qui n'est pas Ça disparaît! Alors la proportion maintenant... (riant) c'est qu'il y aurait trop de choses qui devraient disparaître! J'ai compris cela. (silence) Quelquefois... Pour le corps, c'est un travail – un labeur – constant, tout petit, de chaque minute, un effort qui ne cesse pas, avec un résultat pour ainsi dire inappréciable (extérieurement en tout cas, tout à fait inexistant), c'est-à-dire que pour quelqu'un qui n'a pas ma conscience, il est de toute évidence que le corps a l’air de s'user, de vieillir, de s'acheminer lentement vers la décomposition: c'est dans l’atmosphère, c'est dans la conscience de tout le monde (Mère rit), c'est ce genre d'appréciation et de vibration qu'on jette tout le temps sur ce pauvre corps, qui est d'ailleurs très conscient de son infirmité, il ne se fait pas d'illusions! Mais cette tranquille, paisible, mais INCESSANTEendurance dans l’effort de transformation fait que, quelquefois, il soupire après un peu d'extase – non pas une abolition ou une annihilation, du tout, mais c'est comme s'il disait: «Oh, Seigneur! je t'en prie, laisse-moi être Toi tranquillement.» Au fond, c'est sa prière de tous les soirs quand les gens sont censés le laisser tranquille (malheureusement, physiquement ils le laissent tranquille, mais mentalement ils ne le font pas!) Mais ça... Je pourrais couper, il y a longtemps-longtemps que j'avais appris à couper, je pourrais couper mais... quelque chose, c'est-à-dire quelque part, «on» n'approuve pas! (Mère rit) Il est évident que ce que le On – le grand On – veut voir réalisé, c'est la paix parfaite, le repos parfait, et une joie, une joie passive (pas très active, une joie passive est suffisante), une joie passive, constante, SANS l’abandon du travail. C'est-à-dire que ce n'est pas l’expérience individuelle que l’on considère comme la chose exclusivement importante – très loin de là: l’aide apportée au tout, le ferment qui soulève le tout, est AU MOINS aussi important. Au fond, c'est probablement cela la raison majeure de la persistance dans ce corps. Tout le dedans ne questionne pas, il n'y a pas de problème; tous ces problèmes dont je parle, ce sont des problèmes posés par le corps, pour le corps; autrement dedans, tout est parfait, tout est exactement comme ce doit être. Et ça, n'est-ce pas, c'est total: ce qu'on appelle «bon», ce qu'on appelle «mauvais», ce qui est «beau», ce qui est «laid», ce qui... tout ça, c'est une petite immensité (pas une grande immensité) mais une petite immensité qui se dirige de plus en plus vers une réalisation progressive – voilà – dans une Conscience intégrale qui, intégralement (comment dire?) enjoys (ce n'est pas «jouir»), on pourrait dire qui a la plénitude de ce qu'il fait – fait, est, etc. (tout cela, c'est la même chose). Mais c'est ce pauvre corps... Et probablement... Il est certain aussi qu'on ne peut pas aller trop vite: si cette Joie était en lui, cette extase, ce ravissement était en lui d'une façon constante, ça ferait une transformation trop rapide, sûrement – il y a encore beaucoup de choses à changer, beaucoup-beaucoup-beaucoup... Ce que l’on voit (quand on regarde le corps de Mère) c'est seulement l’apparence, mais cette apparence est l’expression de quelque chose d'autre... (silence) C'est une sorte de connaissance (est-ce une connaissance?) ou de prescience qui lui est donnée, de comment cette apparence sera changée. Et ça paraît être très simple et très facile, et ce peut être très imédiat parce que ce n'est PAS DU TOUT – ce ne sera pas DU TOUT fait de la manière dont les gens le croient ou l’attendent... Ce serait plutôt comme la vision du mouvement interne VRAI qui S'IMPOSERAIT de telle sorte qu'elle voilerait la fausse vision qui voit les choses comme ça (en surface). C'est très difficile à expliquer, mais c'est... Je l’ai senti plusieurs fois pendant quelques secondes (il y a une sorte de sensation de cela): il y a quelque chose qui est vrai, qui est le vrai Physique, mais qui n'est pas perceptible pour nos yeux tels qu'ils voient, mais qui pourrait se rendre perceptible par une INTENSIFICATION. Et ce serait cette intensification qui réaliserait extérieurement la transformation: qui remplacerait l’apparence fausse par la forme réelle. Mais je ne sais pas du tout si l’apparence fausse n'existerait pas encore pour ceux qui ne seraient pas prêts à voir la chose vraie?... En tout cas, ce serait une période intermédiaire: ceux qui ont les yeux ouverts pourraient voir (ce qu'on appelle «les yeux ouverts» dans les Écritures), ceux-là pourraient voir; et ils pourraient voir non par un effort ou en cherchant, mais ça s'imposerait à eux; tandis que ceux qui n'auraient pas les yeux ouverts... en tout cas, pour un temps, ce serait comme cela, ils ne verraient pas – ils verraient encore la vieille apparence. Les deux peuvent être simultanés. Je me suis VUE telle que je suis, et il est tout à fait évident... (Mère rit) il semble qu'on ait racorni mon corps de façon à pouvoir le dominer et le dépasser de tous les côtés sans difficulté! C'est ça, l’impression, quelque chose qui est shrunk! [rétréci] l’anglais est très expressif (Mère rit). Mais maintenant, quand on dit cela, les gens imaginent que c'est une vision psychique ou une vision mentale – ce n'est pas ça, je ne parle pas de cela! Je parle d'une vision PHYSIQUE, avec ces yeux-là (Mère touche ses yeux). Mais une vision physique VRAIE, au lieu de la vision déformée telle qu'elle est maintenant. C'est-à-dire, au fond, que la réalité vraie est beaucoup plus merveilleuse que nous ne pouvons l’imaginer, parce que ce que nous imaginons est toujours une transformation ou une glorification de ce que nous voyons – mais ce n'est pas ça. Ce n'est pas ça! Je ne suis pas très sûre que je n'existe pas déjà, physiquement, avec un corps vrai – je dis «je ne suis pas très sûre» parce que les sens extérieurs n'en ont aucune preuve! mais... Je n'essaye pas, je n'ai jamais cherché à voir ou à savoir; je n'essaye pas, mais de temps en temps, c'est comme une chose qui s'impose: pendant une minute, je me vois, me sens, m'objective telle que je suis. Mais ça dure quelques secondes, et puis pfft! c'est parti – c'est remplacé par la vieille habitude. N'est-ce pas, nous ne pouvons penser qu'à des choses qui changent de l’une à l’autre: on redevient jeune, tous les signes de vieillesse disparaissent, etc. – ce sont de vieilles histoires, ce n'est pas ça. Ce n'est pas ça! Une fois, je me souviens, il y avait comme un gros chagrin d'enfant dans mon corps, et il se lamentait un peu de ce qu'il était, et il a entendu une voix – une voix formidable – qui lui a dit: «Pourquoi ne te sens-tu pas COMME TU ES?» Et l’expérience a suivi – mais ça a duré une seconde. Une seconde, un éclair. Et alors vient cette admirable raison, dont nous sommes pourris (je ne dis pas «pétris», je dis «pourris») qui commence à se demander: comment c'est possible, et comment est-ce qu'on peut être efficace, et comment est-ce qu'on peut avoir un contact avec le reste du monde, et comment... et comment et comment? Alors j'ai arrêté, tout arrêté. Et qu'est-ce qui va arriver à ce corps-ci, et quel sera son mode d'existence?... Nous concevons très bien (c'est une chose que l’on conçoit très bien) que des êtres naissent d'une autre manière, par une puissance de concentration, et que ces êtres se matérialisent sans aucune des misères que nous avons – c'est très bien, mais c'est pour plus tard.
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