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26.11.2018, 12:08 | |
1962.10.06
78 – Quand la connaissance est fraîche en nous, elle est invincible; vieille, elle perd sa vertu. Parce que Dieu va toujours de l’avant. Alors, ta question? Ici, la connaissance dont il s'agit, c'est une connaissance intellectuelle ou spirituelle, mais quand il s'agit de la connaissance pour le yoga supramental, c'est une connaissance... quel genre de connaissance? Est-ce une connaissance dans le corps, une connaissance physique? Sri Aurobindo parle ici d'une connaissance par inspiration ou révélation. C'est quand quelque chose descend subitement et illumine la compréhension: tout d'un coup, on a l’impression de savoir une certaine chose pour la première fois, parce que ça vient directement du domaine de la Lumière, de la Connaissance vraie, et ça arrive avec toute sa puissance innée de vérité – ça vous illumine. Et quand on vient de la recevoir, en effet, il semble que rien ne puisse résister à cette Lumière-là. Et si on prend soin de la laisser agir en soi, elle fait autant de transformation qu'elle est capable d'en faire dans son propre domaine. C'est une expérience que l’on a souvent. Quand ça arrive et pour un certain temps (pas très longtemps), tout semble s'arranger tout naturellement autour de cette Lumière. Et puis, petit à petit, ça se mélange avec le reste: la connaissance intellectuelle demeure (elle s'est formulée d'une façon ou d'une autre), ça, ça reste – mais c'est comme si c'était vide. Ça n'a plus cette puissance de propulsion qui transforme tous les mouvements de l’être à cette image. Et c'est cela que Sri Aurobindo veut dire: le monde va vite, le Seigneur avance toujours, et tout ça, c'est une queue qu'il laisse derrière Lui, mais qui n'a plus la même puissance imédiate et toute-puissante du MOMENToù Il l’a projetée dans le monde. On a l’impression que c'est comme une pluie de vérité qui tombe; tous ceux qui sont capables d'en attraper, ne serait-ce qu'une goutte, reçoivent une révélation, mais à moins qu'eux-mêmes n'avancent avec une rapidité fantastique, le Seigneur avec Sa pluie de vérité commence à être très loin, et il faut courir beaucoup pour la rattraper! C'est une image que j'ai toujours vue. C'est cela qu'il veut dire. Oui, mais pour que cette connaissance ait vraiment un pouvoir de transformation...? Oui, c'est la Connaissance supérieure, la Vérité qui s'exprime, ce qu'il appelle «la Connaissance vraie», et c'est cette Connaissance qui transforme toute la création. Mais c'est comme s'il laissait tomber ça tout le temps, n'est-ce pas, et il faut (riant) se dépêcher beaucoup pour ne pas être en retard! Mais tu n'as jamais eu cette sensation d'un éblouissement dans la tête? Et puis ça se traduit par: «Ah! mais oui!» Quelque chose que l’on savait intellectuellement quelquefois, mais c'était terne, c'était sans vie, et tout d'un coup, ça vient comme une puissance formidable qui arrange tout au-dedans de la conscience autour de cette Lumière-là – ça ne dure pas très longtemps. Quelquefois, ça ne dure que quelques heures, quelquefois ça dure quelques jours, mais jamais plus longtemps que cela, à moins qu'on ne soit très lent dans son mouvement. Et pendant ce temps-là, n'est-ce pas (riant), la Source de la Vérité va-va-va... Mais tout cela, ce sont des transformations psychologiques. Mais quelle connaissance faut-il pour transformer la Matière, le corps? Ça, mon petit, je ne peux rien dire pour le moment parce que je ne le sais pas. C'est un autre genre de connaissance? Non, je ne pense pas. (silence) C'est peut-être un autre genre d'action, mais ce n'est pas un autre genre de connaissance. (silence) Au fond, on ne pourra parler de ce qui transforme la Matière que quand la Matière sera... au moins un peu transformée, qu'il y aura un commencement de transformation. Alors on pourra parler du processus. Mais pour le moment... (silence) Mais n'importe quelle transformation dans l’être, sur n'importe quel plan, a toujours une répercussion sur les plans inférieurs. Il y a toujours une action; même pour ces choses qui semblent être purement intellectuelles, elles ont une répercussion sur la construction du cerveau, sûrement. Et ces sortes de révélations ne se produisent que dans un mental silencieux – en tout cas, au repos. Un mental tout à fait tranquille et immobile, autrement ça ne vient pas. Ou si ça vient, on ne s'en aperçoit même pas avec tout le bruit qu'on fait! Et naturellement, ça aide à établir de mieux en mieux cette tranquillité, ce silence, cette réceptivité... Cette impression de quelque chose de si immobile, mais pas fermé – immobile mais ouvert, immobile mais réceptif –, c'est une chose qui s'établit justement par le nombre de ces expériences. Il y a une grande différence entre un silence mort, terne, irresponsif, et le silence réceptif d'un mental apaisé. Cela fait une grande différence. Mais ça, c'est le résultat de ces expériences-là. Tous les progrès que nous faisons sont toujours, tout naturellement, le résultat de vérités qui viennent d'en haut. Ça a un effet: toutes ces choses ont un effet sur le fonctionnement du corps – fonctionnement des organes, fonctionnement cérébral, fonctionnement des nerfs, etc. Et cela, sûrement, ça se produira avant – longtemps avant – qu'il y ait un effet sur la forme extérieure. Et au fond, quand les gens parlent de transformation, ils pensent surtout à une transformation imagée, hein? une belle apparence! lumineuse, souple, plastique, changeant à volonté. Mais cette chose très... très peu esthétique de la transformation des organes, on n'y pense pas beaucoup! Et pourtant, c'est certainement ce qui se produira en premier, longtemps avant la transformation de l’apparence. Sri Aurobindo avait parlé du remplacement des organes par le fonctionnement des «chakras.» Oui-oui. Il a dit trois cents ans! (Mère rit) (silence) Parce que, il suffit de réfléchir, on comprend facilement: s'il s'agissait d'arrêter quelque chose et de commencer quelque chose D'AUTRE, ça peut se faire assez rapidement. Mais tenir un corps vivant (n'est-ce pas, qu'il continue à fonctionner) et puis qu 'EN MÊME TEMPS, il y ait un fonctionnement nouveau suffisant pour qu'il puisse rester vivant, et une transformation – ça fait une sorte de combinaison très difficile à réaliser. Je me rends compte de cela très bien, très bien... du temps immense qu'il faut pour que ça puisse se faire sans une catastrophe. Surtout, n'est-ce pas, si nous en venons au cœur. Le cœur remplacé par le centre de la Puissance, une puissance dynamique formidable! (Mère rit) À quel MOMENT on va supprimer la circulation et jeter la Force?? C'est... c'est difficile. (silence) Non, je n'ai pas grand-chose à dire. Tout ce que je viens de te dire, ça ne peut pas être publié; ça peut aller à l’Agenda mais ça ne peut pas être publié. Ce n'est pas mauvais que les gens se rendent compte du travail. Non... Enfin tu peux l’écrire, je verrai. Mais je n'ai pas grand-chose à dire. (silence) Dans la vie ordinaire, on pense les choses, puis on les fait – c'est juste l’opposé! Dans cette vie, il faut d'abord le faire, et puis après on comprend – mais longtemps après. Il faut d'abord faire, sans penser. Si on pense, on ne fait rien de bon. C'est-à-dire qu'on retourne à la vieille manière. * Peu après, le disciple revient à la conversation précédente sur les dieux:
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Justement, tu ne m'as pas bien dit la différence qu'il y avait entre «la chose» et puis le surmental? C'est l’expérience de l’Unité. Non, mais la différence de vision – je parle de vision. Tu m'as dit, par exemple, que dans le surmental les objets étaient lumineux en soi. Oui, à partir du surmental. Tu as voulu dire que les objets terrestres que l’on voit deviennent lumineux? Non-non! Je parle de toutes les choses, toutes les formes dans le surmental (les costumes des dieux, par exemple, les bijoux des dieux, les couronnes des dieux – il y a toutes sortes de choses dans le surmental), dans tous ces mondes il y a toutes sortes de formes, que nous traduisons par des images analogues à celles de la vie terrestre, mais c'est seulement une traduction. Prends, par exemple, les costumes des dieux. Ces costumes qu'ils prennent, qu'ils changent comme leur forme, à volonté, c'est une substance surmentale, ce n'est pas une substance physique, et c'est une substance qui porte sa lumière en soi. En toutes choses, c'est comme cela, tout est... Il n'y a pas un soleil qui éclaire et qui vous fait des ombres: c'est une substance qui est lumineuse en elle-même. Et alors, au-dessus, dans le Supramental? Supramental... (très long silence) Difficile à expliquer. (silence) Quand je dis «le monde de l’unité», je ne veux pas dire seulement qu'on a le «sens» que tout est un et que c'est quelque chose qui se passe au-dedans de cet Un. Mais c'est l’Unité en ce sens qu'on ne peut pas distinguer la conception, de la volonté et de l’action et du résultat. C'est... Tout est un, simultané. Mais comment?! On ne peut pas expliquer ça! On ne peut pas! On peut avoir un aperçu de l’expérience, mais... au fond, c'est intraduisible, nous n'avons pas de moyens pour le traduire. Si nous disons «tout est simultané», c'est une platitude. Toujours, notre expression est de bas en haut. J'ai dit ça souvent: il faudrait d'autres mots et une autre façon de formuler. Tu dis que je n'avais pas compris ta question, j'avais parfaitement compris ta question, je savais parfaitement ce que tu voulais, mais qu'est-ce qu'on peut dire de Ça!? On ne peut pas en parler. La preuve, c'est que si l’on pouvait en parler, ce serait ici. Et encore, probablement on n'en parlerait pas. On ne peut pas en parler, on ne peut rien en dire, tout ce que l’on en dit sont des âneries! – Naturellement, ça ne peut pas être autre chose que des âneries. (silence) Les conceptions humaines, à leur degré maximum et au sommet de leurs possibilités, peuvent TOUT AU PLUS exprimer tant bien que mal ce surmental. Pour moi, c'est très vivant parce que j'y ai beaucoup vécu, ça m'est très familier; mais je considère que les mots sont maladroits pour en parler. Mais enfin, avec des analogies «poétiques», on peut à la rigueur donner une impression. Mais pour parler de l’Autre Chose, je suis tout à fait consciente... N'est-ce pas, même au moment où l’Expérience est là, on n'a plus envie que d'une chose – rien dire. On ne peut pas parler. Dès qu'on prononce un mot, ploc! tout s'obscurcit. C'est inutile. Mais physiquement, par exemple, tu vois cet objet [le disciple attrape un presse-papier]. Moi, je le vois d'une certaine façon, mais toi qui as une conscience supramentale? Mais je vois au travers, c'est tout. Mais ce n'est rien, ça! Tu vois au travers comment? Oui, c'est-à-dire qu'il y a derrière ça une vibration lumineuse que je peux voir. Mais je me rends très bien compte que l’un n'empêche pas l’autre. C'est comme quand je regarde les gens, je ne les vois pas comme ils se voient, je les vois avec la vibration de toutes les forces qui sont en eux et qui passent à travers eux, et très souvent avec la Vibration suprême de la Présence. Et c'est cela qui fait que ma vue physique est en train, pas de disparaître mais de changer de caractère, parce que les précisions physiques de la vue physique normale sont... sont mensongères pour moi. Instinctivement (pas parce que je les pense comme cela), elles SONT comme ça. Alors je n'ai plus cette précision d'un regard qui est fait pour voir juste la croûte superficielle des choses. Mais ça ne m'empêche pas de voir physiquement – si: ça me conduit parfois à ne pas être sûre: qui est-ce? (parce que je vois une vibration qui est quelquefois très similaire, presque identique, dans trois ou quatre personnes – qui ne sont pas nécessairement toutes là, mais enfin)... Alors il y a une petite différence extérieure – il y a une très grande différence extérieure pour la vision de la forme, n'est-ce pas, et il y a seulement une petite différence extérieure pour la combinaison des vibrations. Et alors quelquefois, c'est incertain, je ne sais pas si c'est celui-ci ou celui-là; c'est pour cela que souvent je demande: «Qui est là?» – Ce n'est pas que je ne voie rien, mais je ne vois pas de la même manière. Je crois que je vois mieux d'une certaine façon. Mais c'est d'une certaine façon. Si je suis obligée, par exemple, d'enfiler une aiguille, eh bien (j'ai essayé des choses comme cela), si j'essaye d'enfiler une aiguille en regardant, c'est littéralement impossible, mais si, quelquefois (quand je suis dans une certaine disposition), s'il est nécessaire que j'enfile une aiguille, elle s'enfile d'elle-même, je n'y suis pour rien – je tiens l’aiguille, je tiens le fil, c'est tout. Je pense (c'est tout simplement une question d'expérience, n'est-ce pas), je pense que si cet état se perfectionne, on doit pouvoir tout faire par L’AUTRE moyen, le moyen qui ne dépend pas des sens extérieurs; et alors là, évidemment, ce sera le commencement d'une expression supramentale. Parce que c'est une sorte de Connaissance innée qui FAIT les choses. Quand Ça, ça vient, on sait, on peut. Mais il ne faut pas penser – de la minute où on pense, où on veut se servir de ses organes, ça s'en va tout à fait. Et dans ce domaine de l’expression, la première chose qui vient sur vous, c'est... ce n'est pas une impossibilité: on ne VEUT PAS dire. Il faudrait autre chose, tout autre chose. Il faut attendre. Attends que ça vienne. (silence) Mais ce que tu dis là [le disciple montre le presse-papier], ce n'est pas une vision de «voyante» comme on dit? Non-non! C'est une vision supramentale? Oui. Une voyante ne verrait pas comme cela. Non. C'est l’infiltration de la conscience supramentale. Qui fait qu'à travers les objets ou à travers les êtres, tu vois autre chose. Non-non ce n'est pas toutes les visions que j'ai eues. Mais cette Vision-là, je la connais, ce n'est pas une «vision» – ce n'est pas une vision! Je ne peux pas dire que c'est une image: c'est une Connaissance. Je ne peux même pas dire que c'est une Connaissance, c'est... c'est quelque chose qui est TOUT à la fois, qui contient sa vérité. Laisse-le s'installer! Quand ce sera installé, nous en reparlerons! (Mère rit) Je te pose des questions parce que, moi, j'écris un livre! Oh! mais n'en parle pas dans ton livre! On dirait que tu es tout à fait toqué (Mère rit).
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