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15.05.2017, 18:53 | |
1961.06.02
«Tu es l’ami sûr qui ne faillit point, C’était une série d’expériences motivées par des circonstances extérieures. Et alors je parle des pleurs que l’on verse, pas pour soi mais pour les autres (Mère lit plus loin, à la date du 12 juillet 1918:) «Peu de jours auparavant, j’avais su, j’avais entendu: Si tu pleures sans contrainte et sans fard devant Moi, bien des choses changeront, une grande victoire sera gagnée. Et c’est pourquoi, lorsque les larmes sont montées de mon cœur vers mes yeux, je suis venue m’asseoir devant Toi pour les laisser couler en offrande, pieusement. Et que l’offrande fut douce et réconfortante! «Et maintenant encore que je ne pleure plus, je Te sens si proche, si proche que tout mon être en frémit de joie. «Laisse-moi balbutier mon offrande’: «Dans une joie d’enfant j’ai crié vers Toi: «O Toi, le Suprême, l’Unique Confident qui sais d’avance tout ce que l’on Te dira, puisque Tu en es l’auteur. «O Toi, le Suprême, l’Unique Ami qui nous acceptes et nous aimes et nous comprends tels que nous sommes, puisque c’est Toi-même qui nous fis ainsi. «O Toi, le Suprême, l’Unique Guide qui ne contredis jamais notre volonté supérieure, puisque c’est Toi-même qui veux en elle; ce serait folie de chercher ailleurs qu’en Toi à être écouté, compris, aimé, guidé, puisque Tu es toujours là pour le faire et que Tu ne nous failliras jamais. «Tu m’as fait connaître les joies suprêmes, les joies sublimes, de la parfaite confiance, de la pleine sécurité, du total abandon sans réserve ni fard, sans effort ni contrainte. «Et joyeuse comme une enfant, j’ai souri et pleuré à la fois devant Toi, ô mon Bien-Aimé...» C’était dans des circonstances très tragiques.
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D m’a demandé si cela avait beaucoup d’importance de changer l’heure de son japa. Je lui ai dit qu’on peut être obligé de changer d’heure pourvu qu’on garde sa sincérité, c’est ce qu’il y a de plus important. Ce sont des petits détails. Moi-même, n’est-ce pas, je ne peux pas le faire à des heures fixes; j’avais toujours pensé le faire entre cinq et six heures de l’après-midi, mais on me fait monter à six heures moins dix! alors... Alors je le fais de six à sept. Et au fond, j’ai remarqué une chose, c’est que si vous êtes, vous-même, dans l’état qui convient, imédiatement l’atmosphère est créée. Et en plus, je suis tout le temps dans une sorte de... même pas une conviction: une perception ABSOLUE que tout ce qui se passe, c’est l’œuvre du Seigneur. Et alors quand Il me fait monter tard, c’est qu’il veut que ce soit tard, et par conséquent si je le prends bien, si au lieu de me fermer et d’être ennuyée, je dis: «Bon, ça va bien», imédiatement cela crée une atmosphère qui est très intéressante, parce que du même coup je vois tous les avantages de ce changement. Mais cela, il ne faut pas que ce soit mental: il faut que ce soit spontané. Par conséquent je lui ai dit (pour simplifier): pourvu que tu sois sincère dans ton attitude, tout va bien. * Plus tard Oh! tu sais, c’est intéressant. Je suis en train de traduire le Yoga de la Perfection de Soi; la première fois que je l’ai vu, j’étais raidie; maintenant c’est un délice! Et je n’ai rien fait entre les deux: simplement j’ai laissé travailler dedans – c’est si commode! Je traduis, c’est mal écrit, c’est du français très peu français, mais pour moi c’est limpide. Et je vois, on pourrait très bien traduire vite, mais il faut se déplacer de domaine. Il y a un domaine où c’est laborieux, terrible, difficile, et le résultat n’est jamais très satisfaisant. Mais ce n’est pas ce que je pensais: le domaine de la compréhension ne suffit pas, même le domaine de l’expérience ne suffit pas: c’est quelque chose d’autre (ah! comment expliquer cela?) où on sort totalement de l’effort. Il y a un état (qui ne doit plus être mental probablement parce qu’on ne pense plus; on ne pense plus du tout, du tout, du tout) où tout est souriant et facile, et la phrase vous vient toute seule. Non, c’est particulier, parce que je lis, et même avant d’avoir fini de lire ma phrase, je sais ce qui est là, et alors sans attendre – presque sans attendre de savoir ce qui est là –, je sais ce qu’il faut mettre. Quand c’est comme cela, je peux traduire une page en une demi-heure! Mais ça ne reste pas – ça devrait rester. Généralement ça se termine par une transe: je m’en vais dans l’expérience et je suis dans un état béatifique... et je m’aperçois dix minutes après que j’étais dans cet état-là avec le porte-plume à la main. Ce n’est pas favorable au travail! Mais autrement c’est – je ne peux même pas dire que c’est comme si quelqu’un dictait (il n’est pas question de cela, on n’«entend» pas): ça vient, comme ça. Oh! il y avait une ou deux phrases l’autre jour (c’est justement cela qui m’a tirée de l’état), j’ai écrit quelque chose, et tout d’un coup j’ai vu ce que j’écrivais; je me suis dit: «Tiens! comme c’est joliment dit!» (Mère rit) Ploc! tout est parti. Voilà le domaine où il faudrait être, et on ne serait jamais fatigué. Mais figure-toi, pour en arriver là, il faut accepter d’être tout à fait imbécile pendant pas mal de temps! Je n’exagère pas, je me suis trouvée dans des états comme cela où on ne comprend plus rien, on ne sait plus rien, on ne pense plus rien, on ne veut plus rien, on ne peut plus rien – plus de pouvoir, plus de volonté, plus de pensée, plus rien –, on est... comme ça. Et alors je vois, quand je suis comme ça (J’ÉTAIS, parce que cela commence à s’en aller), je vois le monde extérieur, les gens comme ceux qui m’entourent, qui sont en train de me regarder et de se dire: «Ah! Mère retombe en enfance»!... Leurs vibrations me viennent, et ça a quelquefois le pouvoir de me secouer malheureusement – il a fallu que je fasse un mouvement de libération de la pensée des autres. (silence) C’était une drôle de chose, ça me prenait tout d’un coup: je ne pouvais plus monter les escaliers! je ne savais pas comment on faisait pour monter! Ça m’a pris aussi une fois au milieu du déjeuner: je ne savais plus comment il fallait manger! Naturellement, pour le monde extérieur, c’est ce qui s’appelle «retomber en enfance.» Alors je me suis posé le problème: est-ce que, par hasard, ces pauvres vieux dont on dit qu’ils retombent en enfance, est-ce qu’ils ne seraient pas à la frontière... de la libération! – Peut-être. Mon cerveau est bon!! (Mère rit) Il est bon, mais mon crâne... Tu sais, il y a des gens qui vous disent votre caractère d’après la forme du crâne – ce serait intéressant de faire toucher ça à l’un de ces gens. Mon petit, c’est une chaîne de montagnes! avec des sommets et des vallées! Il y a des creux profonds, il y a des précipices, et il y a des sommets hima-layens! Et ça augmente! Ça augmente! Ah! ça augmente d’années en années! Les creux deviennent plus creux, les bosses deviennent plus bosses! et puis il y en a partout! – c’est tout à fait intéressant! Pendant des années et des années, jusqu’à plus de quarante ans, mon cerveau était mou ici (Mère touche la partie antérieure du crâne), chose qui, paraît-il, était absolument inconnue. C’était mou et ça augmentait (geste, comme si le crâne s’ouvrait) et alors, quand on pressait là... Je ne m’en suis pas occupée, et puis tout d’un coup je me suis aperçue que c’est vraiment comme une scène de montagnes, là (Mère touche la partie postérieure de son crâne): il y a des bosses partout, et des creux, des vallons – très intéressant! Ça augmente. Cela veut dire que, là-dedans, ça doit être en train de se compliquer de plus en plus! Une fois, je suis tombée sur la tête et il y a eu un renfoncement (c’était même douloureux pendant longtemps), mais depuis ce moment-là, le renfoncement est devenu de plus en plus profond et la bosse est devenue de plus en plus grosse. Je l’ai dit au docteur (parce qu’il avait été appelé: ça saignait à profusion, on s’est inquiété – ça s’est guéri dans la journée), et il m’a dit que c’était parce qu’il y avait eu une accumulation de sang qui faisait croître l’os. Mais c’est une raison de docteur. C’est tout à fait intéressant. (silence) Mais ce qui est nécessaire, c’est de TOUT abandonner: tout, tout pouvoir, toute compréhension, toute intelligence, toute connaissance, tout-tout-tout, devenir par-fai-te-ment non existant – ça, c’est important. Mais ce qui rend les choses difficiles, c’est justement l’atmosphère: ce que les gens attendent de vous, ce qu’ils veulent de vous, ce qu’ils pensent de vous – c’est très ennuyeux. Il faudrait tout le temps faire comme cela, l’éventer pour que ça s’en aille.
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