эволюционная трансформация человека

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Том 2. 17 марта 1961
02.03.2017, 15:44
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1961.03.17

 

Ce matin entre deux et trois heures, j’ai eu une expérience... quelque chose qui remontait du subconscient: c’était effroyable, mon petit! C’était le déploiement (disclosure est le vrai mot) d’une inefficacité effroyable! honteuse.

L’expérience se passait dans un endroit qui était l’équivalent de notre endroit [le bâtiment principal de l’Ashram], mais immense; les chambres étaient dix fois plus grandes qu’elles ne sont, mais absolument... on ne peut pas dire vides: elles étaient nues. Et ce n’était pas qu’il n’y avait rien dedans, mais rien n’était arrangé; c’est-à-dire que toutes les choses se trouvaient là où elles ne devaient pas être: il n’y avait pas de meubles, alors on voyait une chose traîner ici, une autre traîner là – un désordre! effrayant. Les choses étaient employées à un usage pour lequel elles n’étaient pas faites et rien de ce qu’il faut pour un usage particulier n’était là. Toute la partie concernant l’Éducation [l’École de l’Ashram] était dans une obscurité presque totale: il n’y avait pas de lumière et on n’arrivait pas à les allumer, et les gens se déplaçaient et venaient me faire des propositions incohérentes et stupides. J’essayais de trouver un coin pour me reposer (pas «reposer» parce que j’étais fatiguée, mais pour pouvoir me concentrer un peu et arriver à voir clair dans tout cela), et c’était impossible – personne ne me laissait tranquille. Finalement, j’ai mis bout à bout un fauteuil qui était branlant et un tabouret pour mes pieds, et j’ai essayé de me «reposer» comme cela; mais imédiatement quelqu’un est venu (je sais qui; je ne dis pas les noms exprès), quelqu’un est venu et m’a dit: «Oh! mais ça ne va pas du tout! ça ne PEUT PAS s’arranger comme cela», et puis il a commencé à faire du bruit, des mouvements, du désordre – enfin c’était affreux.

Et pour finir, je suis entrée dans la chambre de Sri Aurobindo – une chambre énorme, énorme! – mais dans le même état. Et lui, avait l’air d’être dans une conscience éternelle, tout à fait détaché de tout, mais avec une impression très claire de notre incapacité totale.

Et alors il n’avait pas mangé (probablement parce qu’on ne lui avait rien donné à manger) et quand je suis entrée, il m’a demandé s’il était possible d’avoir quelque chose, un petit déjeuner; j’ai dit: «Oui-oui! je vais aller le chercher» – je m’attendais à le trouver prêt. Alors j’ai dû faire une sorte de chasse pour arriver à trouver quelque chose: c’était fourré dans des armoires (et mal mis encore), tout en désordre – dégoûtant, tout à fait dégoûtant. J’ai fait appel à quelqu’un (qui était endormi et qui est arrivé avec des yeux gros de sommeil) et je lui ai dit de m’arranger le déjeuner pour Sri Aurobindo; mais alors il avait ses idées fixes et ses principes (exactement tel qu’il est dans la vie). Je lui ai dit: «Dépêchez-vous, Sri Aurobindo attend.» Mais se dépêcher? C’était impossible! il fallait faire les choses suivant sa conception des choses. Et une maladresse, une incapacité effroyables. Bref, ça a pris des temps infinis pour arriver à chauffer un petit déjeuner assez maladroit.

Je suis arrivée avec mes plats chez Sri Aurobindo. Sri Aurobindo m’a dit: «Oh! ça a pris si longtemps que maintenant je vais d’abord me baigner.» Alors j’ai regardé mon pauvre déjeuner en me disant: «Voilà, j’ai eu tant de mal à l’avoir chaud et il va devenir froid.» Et tout cela était si sordide et si TRISTE.

Et tu sais, lui, il était comme ça, comme s’il vivait dans une éternité. Mais tout à fait, tout à fait conscient de... de notre incapacité totale.

Alors c’était tellement triste, n’est-ce pas, de voir que nous n’étions bons à rien que cela m’a réveillée, ou plutôt j’ai entendu sonner l’heure (c’était comme l’autre jour: je n’ai pas compté, j’ai sauté de mon lit pour m’apercevoir à temps qu’il n’était que trois heures, et je me suis recouchée). Alors j’ai commencé à «regarder» et je me suis dit: «Eh bien, vraiment, s’il faut que nous sortions de toute cette... infirmité avant que quoi que ce soit de vraiment bien puisse être fait, nous avons du chemin à faire!» C’était lamentable, lamentable (d’abord sur le plan mental, puis sur le plan matériel), absolument lamentable. Et moi, je dépendais de ces gens! (Sri Aurobindo dépendait de moi, et d’eux par conséquent), et moi je dépendais de ces gens et je me disais: «Bon dieu! si seulement je savais où étaient les choses! si on m’avait laissé, n’est-ce pas, vraiment TRITURER la chose, ça aurait pu être fait vite.» – Mais non-non! il fallait passer par tous ces gens! (comme c’est d’ailleurs dans la vie: on dépend toujours d’intermédiares). Voilà.

Cela m’a fait penser.

(silence)

La dernière fois quand je t’ai raconté cette expérience [du 11 mars avec Pavitra], la nuit où je t’avais rencontré et où je te disais «au revoir», je ne t’ai pas dit un point qui était très-très important, qui était le plus important en fait: je quittais définitivement – définitivement – l’assujettissement au fonctionnement mental. C’était cela, mon «départ».

Depuis très longtemps, je vois toutes les phases d’assujettissement au fonctionnement mental (depuis très longtemps), l’une après l’autre qui se défont comme ça. Et cette nuit-là, c’était la fin, c’était la dernière phase: je quittais l’assujettissement au fonctionnement mental pour m’élever à une région de liberté. Et alors tu avais aidé beaucoup, tu étais très-très gentil, je te l’ai dit. Eh bien, cette fois-ci, ce n’était pas cela! c’était pour me mettre le nez dans notre incapacité.

Tu vois ça!

Et une chose après l’autre, et une chose après l’autre! Ce subconscient est... interminable, interminable, si tu savais... Et alors, je te passe des détails, oh! d’une imbécillité! Celui que je ne nomme pas et qui avait si maladroitement préparé ce déjeuner, il m’a dit: «Oh! oui (tout cela en anglais, je traduis) oh! oui, aujourd’hui Sri Aurobindo est un peu... morose, he is depressed»! Je te l’aurais giflé: «Espèce d’imbécile! tu ne comprends donc rien!» Et Sri Aurobindo avait l’air de ne pas vouloir manifester mais d’être absolument conscient de notre incapacité.

Voilà.

(silence)

Maintenant je dois dire (si c’est une consolation) que chaque fois qu’une chose comme cela émerge dans la conscience la nuit, après ça va mieux. Ce n’est pas inutile, c’est du travail qui est fait – déblayer, déblayer, déblayer. Mais il y en a!

Est-ce que ça agit sur la conscience des gens tout de même – je veux dire sur leur conscience extérieure?

Ah!... pas beaucoup!

Oui et non, en ce sens que j’arrive à faire un progrès général. Individuellement, certains sont réceptifs (il y en a même parfois qui sont étonnamment réceptifs: ils reçoivent la suggestion exacte, juste sur le point exact), mais c’est un sur cent – même j’exagère.

Seulement, d’abord j’ai une sorte de pouvoir sur les circonstances, qui me vient: comme si je m’élevais au-dessus et que j’aie le pouvoir de triturer ça, ce subconscient, un peu. Alors naturellement cela réagit: ça fait des zones entières qui entrent sous le contrôle. C’est cela qui est le plus important. Les individus reçoivent le contre-coup après, parce qu’ils sont très... tu sais, c’est très coagulé, un peu dur! Un manque de plasticité.

Par exemple, ce garçon dont je parle et que je ne nomme pas, je travaille avec lui depuis... il y a certainement plus de trente ans, je l’ai dressé au travail – et je ne suis pas arrivée à lui faire faire les choses spontanément suivant la nécessité du moment et sans ses idées préconçues (ça, c’est le point sur lequel il résiste); alors quand, à un moment donné, il faut faire les choses vite, lui, il suit sa règle habituelle et ça prend... ça n’en finit plus! Et c’était illustré cette nuit d’une façon tellement frappante! Je lui disais: «Mais voyez: ça, c’est là – c’est LÀ –, faites vite, chauffez un peu et je vais y aller.» Ah! (il ne protestait pas, il ne disait rien)... mais il faisait ex-ac-te-ment comme il concevait que cela devait être fait. C’est cette espèce d’esclavage terrible de ce mental inférieur. Et c’est si général! Oh! toutes-toutes ces histoires d’École, mon petit, et d’enseignement, et tous ces professeurs..., terrible, terrible, terrible! Et moi, j’essayais de tourner les commutateurs, je voulais donner de la lumière – il n’y en avait pas un qui marchait!

Naturellement, ce sont des tableaux un peu exagérés parce qu’ils se présentent isolément du reste: dans l’ensemble il y a beaucoup de choses qui s’entrecroisent et se complètent, et les unes diminuent l’importance des autres. Mais là, dans une expérience comme cette nuit, c’est pris tout seul, isolément, montré comme ça, comme avec des verres grossissants. Mais enfin c’est... c’est une bonne leçon.

Inefficacité...

Bien.

Et tout cela SURTOUT parce que chacun est enfermé dans sa petite formation personnelle (Mère dessine une coque), formation du mental le plus ordinaire, le mental qui construit la vie de chaque jour, comme dans une prison étroite.

 

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Категория: Том 2 аудио | Добавил: Irik
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